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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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belle saison.
     

55
    Vers la fin de l’hiver, la nouvelle jetée fut achevée et aplanie avec
de la terre battue de façon à permettre le passage des tours d’assaut, que
Diadès avait fabriquées dans des délais exceptionnellement courts. Il avait
placé sur les plates-formes qui se trouvaient à hauteur des murs des batteries
de catapultes munies de ressorts à torsion, qui décochaient horizontalement de
gros dards d’acier, et il avait monté sur leur sommet, en position dominante,
des balistes qui tiraient des rochers et des projectiles incendiaires trempés
dans de la poix, de l’huile et du naphte.
    Deux autres plates-formes, hissées
sur des trières réunies deux par deux, et surmontées de tours garnies de
béliers, atteignirent la muraille où les soldats entreprirent d’ouvrir une
brèche. Pendant ce temps, des navires s’approchaient, déversant sur la rive des
milliers d’attaquants, chargés d’établir une tête de pont devant l’une des
portes de la ville.
    Les défenseurs réagirent
rageusement : les chemins de ronde se remplirent de combattants, prenant
l’allure d’une fourmilière dans laquelle un enfant aurait plongé un bâton. Les
Tyriens avaient également élevé des dizaines de catapultes sur leurs murs, et
ils répondirent coup pour coup. Quand ils virent que les attaquants tentaient
d’incendier leur porte, ils leur lancèrent du sable qu’ils avaient porté à
incandescence en le chauffant à grand feu dans des boucliers en bronze.
    Le sable brûlant s’insinuait sous
les cuirasses et les vêtements, plongeant dans une sorte de folie furieuse les
attaquants, qui se jetaient à la mer en se tordant de douleur pour abréger
cette insupportable torture. Ceux qui ôtaient leurs cuirasses étaient aussitôt
transpercés par les traits des archers ; d’autres encore étaient enlevés
par des crochets ou des grappins d’un nouveau genre, et pendus dans le vide, où
ils mouraient dans des hurlements atroces. Ces cris tourmentaient le roi. Ne
pouvant trouver le repos, il arpentait le campement comme un lion affamé dans
le voisinage d’une bergerie. Quant aux soldats, ils redoublaient de férocité à
la vue de cet horrible spectacle.
    Mais Alexandre répugnait à lancer un
assaut final qui risquait de se conclure par un massacre. Il cherchait des
solutions moins définitives pour sauver son honneur et laisser une issue aux
Tyriens, dont il admirait le courage et l’extraordinaire ténacité.
    Il s’entretint avec Néarque, qui, du
fait de son expérience, était le plus à même de comprendre la situation et la
mentalité de ces marins.
    « Écoute, lui dit l’amiral.
Nous avons déjà perdu sept mois, ou presque, et subi des pertes considérables.
Je pense que tu devrais partir avec ton armée et me laisser à la tête du
blocus. Je dispose à présent de cent navires de guerre, et j’en attends
d’autres en provenance de Macédoine. J’interdirai aux Tyriens d’entrer ou de sortir
tant qu’ils n’auront pas capitulé. Alors, je leur offrirai des conditions de
paix honorables.
    « Tyr est une ville
merveilleuse à tous points de vue. Ses marins ont navigué jusqu’aux Colonnes
d’Héraclès, et au-delà. On dit qu’ils ont visité des terres qu’aucun être
humain n’a jamais vues, et qu’ils connaissent à la perfection la route qui mène
aux îles des Bienheureux, au-delà de l’Océan. Réfléchis, Alexandre :
puisque cette ville fait partie de ton empire, ne vaut-il mieux pas la
conserver, plutôt que la détruire ? »
    Le roi réfléchit. Il se souvint
alors de nouvelles qui lui étaient parvenues au cours des jours précédents.
« Eumolpos de Soles m’a appris que les Carthaginois ont offert leur aide
aux Tyriens. L’arrivée de leur flotte est imminente. N’oublions pas que les
Perses croisent encore dans la mer Égée, et qu’ils pourraient fondre sur toi
d’un jour à l’autre, si je partais. Non, ils doivent se rendre. Mais je vais
leur laisser une dernière chance. »
    Il décida d’envoyer aux Tyriens une
ambassade réunissant ses conseillers les plus âgés et les plus sages. C’est
alors que Léonidas se présenta à lui.
    « Mon garçon, dit-il, donne-moi
la possibilité d’en faire partie. Peut-être ignores-tu que ton père Philippe
m’a jadis confié des missions secrètes et délicates que j’ai toujours menées si
je puis dire, avec grande habileté. »
    Alexandre secoua la tête. « Il
n’en est pas question,

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