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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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réfléchissait, un
corbeau le survola et lâcha sur sa tête une touffe d’herbe qu’il tenait entre
ses griffes avant de se poser sur les murs de la ville, où il s’empêtra dans le
bitume qui les recouvrait et qui avait fondu au soleil.
    Frappé par cette scène, le roi
demanda à Aristandre, qui le suivait désormais comme son ombre :
« Que signifie tout cela ? Quel présage m’envoient les
dieux ? »
    Le devin leva la tête vers le disque
enflammé du soleil avant d’examiner le corbeau de ses pupilles qui n’étaient à
présent pas plus grandes qu’un point. Les ailes collées au bitume, l’oiseau se
débattait désespérément, il finit par se libérer en perdant quelques plumes.
    « Tu t’empareras de Gaza, mais
si tu entreprends sa conquête aujourd’hui, tu seras blessé. »
    Alexandre décida toutefois de se
battre pour éviter que l’armée ne pense qu’il avait craint un présage de
malheur. Tandis que ses escadrons de mineurs commençaient à creuser des
galeries au pied de la muraille afin d’en provoquer l’effondrement, il attaqua
de front par la rampe qui montait vers la ville.
    Fort de sa position, Batis tenta une
sortie en déployant contre les Macédoniens ses guerriers perses, ainsi que dix
mille mercenaires arabes et éthiopiens. C’était la première fois que les
soldats d’Alexandre voyaient des hommes à la peau noire.
    Malgré les souffrances que lui
procurait encore la blessure qu’il avait reçue à Issos, le roi se plaça en
première ligne parmi ses fantassins en cherchant un affrontement direct avec
Batis, un géant noir, luisant de sueur, qui combattait avec fureur à la tête de
ses Éthiopiens.
    « Par les dieux ! s’écria
Perdiccas. Cet homme a beau être châtré, il a encore des couilles ! »
    Alexandre élimina à coups d’épée les
ennemis qui se jetaient sur lui. C’est alors qu’un armurier, perché sur une
tour, aperçut son étendard rouge, son panache et sa cuirasse resplendissante.
Il tira un projectile à l’aide de sa catapulte. Loin d’ici, au sommet d’une
autre tour, dans le palais de Pella, Olympias sentit ce péril mortel et tenta
désespérément d’appeler : Alexandre !
    Bloquée par un présage contraire, sa
voix ne parvint pas à franchir l’éther, et le dard partit. Il fendit l’air en
sifflant et frappa dans le mille : il transperça le bouclier et la
cuirasse d’Alexandre, et se ficha dans son épaule. Le roi s’écroula sur le sol.
Alors, une nuée d’adversaires se précipita sur lui afin de l’achever et de le
dépouiller de ses armes. Mais Perdiccas, Cratère et Léonnatos firent un mur de
leurs corps, les repoussant à coups de bouclier et de lance.
    Alexandre hurlait en se tordant de
douleur : « Appelez Philippe ! »
    Aussitôt le médecin accourut.
« Vite ! Quittons ces lieux ! Vite ! » Deux porteurs
étendirent le roi sur une civière et l’éloignèrent de la mêlée.
    Nombre de soldats avaient entrevu sa
pâleur mortelle ainsi que le trait qui s’était planté dans son épaule. Aussi le
bruit se répandit-il qu’il était mort et la formation commença-t-elle à
vaciller sous les coups des ennemis.
    Alexandre comprit ce qui se passait
en entendant les hurlements de la mêlée. Il attrapa la main de Philippe, qui
courait à ses côtés, et lui dit : « Il faut que je retourne
immédiatement sur la ligne de combat. Enlève-moi cette flèche et cautérise la
blessure.
    — Cela ne suffira pas !
s’exclama le médecin. Sire, si tu retournes là-bas, tu mourras.
    — Non, j’ai déjà été blessé. La
première partie du présage s’est accomplie. Reste la seconde : j’entrerai
à Gaza. »
    Tout en parlant, ils avaient atteint
le pavillon royal. Alexandre répéta : « Enlève-moi cette flèche. Je
te l’ordonne. »
    Philippe obéit. Tandis que le roi
mordait sa ceinture de cuir pour éviter de crier, le médecin incisa son épaule
à l’aide d’un instrument chirurgical et en ôta la pointe. Le sang se mit à
couler avec abondance. Philippe s’empara aussitôt d’une lame rougie sur le feu
d’un brasero, et l’enfonça dans la plaie. La tente se remplit d’une odeur
nauséabonde de chair brûlée et le souverain laissa échapper un gémissement de
douleur : « Recouds », gémit-il entre ses dents.
    Le médecin se mit à recoudre et
tamponna la blessure avant d’y appliquer un pansement serré, qu’il croisa
devant et derrière.
    « Et maintenant,

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