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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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se leva, s’éloigna du
campement et marcha jusqu’à la rive du fleuve, enroulé dans son manteau. L’eau
gargouillait entre les pierres, la lune qui surplombait les crêtes du mont
Bermion jetait un voile argenté sur les flots, diffusant sur la plaine une
légère clarté opaline.
    Désormais, le vacarme et les
grognements qui s’échappaient de la tente étaient assourdis par la distance, et
la voix de la forêt pouvait s’exprimer : des bruissements d’ailes, des
murmures, et soudain un chant. Un gazouillis qui évoquait une source, un bruit
de clochettes d’abord sombre, puis de plus en plus aigu et argentin, pareil aux
arpèges d’un mystérieux poète dans l’obscurité parfumée du bois : le chant
du rossignol.
    Alexandre s’absorba dans la mélodie
du petit chanteur sans se rendre compte du temps qui passait. Mais il sentit
bientôt une présence derrière lui. Il se retourna : c’était Leptine. Les
servantes l’avaient emmenée pour qu’elle les aide à préparer les repas.
    Elle l’observait, les mains croisées
devant elle, le regard aussi limpide et serein que le ciel au-dessus de leurs
têtes. Alexandre lui effleura le visage d’une caresse, la fit asseoir près de
lui et la tint serrée dans ses bras, sans mot dire.
    Le lendemain, les Macédoniens
regagnèrent Pella avec leurs hôtes perses, qui furent invités le jour suivant à
un banquet solennel.
    La reine Olympias voulut que son
fils lui rende visite sans tarder. Quand elle vit ses bras et ses jambes
couverts de bleus et d’écorchures, elle l’embrassa, tremblante et inquiète.
Mais le jeune prince se libéra de son étreinte d’un air gêné.
    « On m’a rapporté ce que tu as
fait. Tu aurais pu perdre la vie.
    — Je ne crains pas la mort,
maman. Le pouvoir et la gloire d’un roi ne se justifient que s’il est prêt à
donner sa vie, quand vient son heure.
    — Je le sais. Mais je tremble
encore en songeant à ce qui s’est produit. Je t’en prie, mets un frein à ton
audace, ne t’expose pas inutilement. Tu es encore un adolescent, tu dois
grandir et te développer. »
    Alexandre la fixa, puis lui dit
d’une voix ferme : « Je dois aller à la rencontre de mon destin, et
ma course a déjà commencé, j’en suis certain. Ce que j’ignore, c’est où elle me
conduira et où elle se conclura.
    — Personne ne le sait, mon
fils, remarqua sa mère d’une voix tremblante. Le Destin est un dieu dont le
visage est masqué d’un drap noir. »
     

10
    Le matin qui suivit le départ des Perses, Alexandre d’Épire entra, les
bras chargés, dans la chambre de son neveu.
    « Qu’est-ce que c’est ?
demanda Alexandre.
    — Un pauvre orphelin. Sa mère a
été tuée par la lionne, l’autre jour. Tu le veux ? Il est d’une excellente
race, et si tu l’aimes, il s’attachera à toi comme un être humain. »
    Il lui montra alors un chiot au pelage
doux d’une belle couleur fauve avec, au front, une tache plus claire. « Il
s’appelle Péritas. »
    Alexandre s’en saisit, le posa sur
ses genoux et commença à le caresser. « C’est un joli nom. Et ce chiot est
une vraie merveille. Puis-je vraiment le garder ?
    — Il t’appartient, répondit son
oncle. Mais il faut que tu prennes soin de lui. Il tétait encore sa mère.
    — Leptine s’en occupera. Il
grandira rapidement et sera mon chien de chasse et de compagnie. Je t’en suis
très reconnaissant. »
    Leptine fut enthousiasmée par cette
nouvelle tâche, à laquelle elle s’appliqua avec un grand sens des
responsabilités.
    Les marques de son enfance
tourmentée disparaissaient désormais, et la jeune fille semblait refleurir jour
après jour. Sa peau devenait de plus en plus claire et de plus en plus
lumineuse, ses yeux de plus en plus limpides et de plus en plus
expressifs ; ses cheveux châtains, qui s’éclairaient de reflets cuivrés,
de plus en plus brillants.
    « Coucheras-tu avec elle quand
elle sera prête ? lui demanda Héphestion en ricanant.
    — Peut-être, répliqua
Alexandre. Mais ce n’est pas pour cette raison que je l’ai arrachée à la boue
où je l’ai trouvée.
    — Ah non ? Et pourquoi
alors ? »
    Alexandre s’abstint de répondre.
    L’hiver suivant fut particulièrement
rigoureux et le roi ressentit plusieurs fois des douleurs aiguës à la jambe
gauche, où une vieille blessure le tourmentait depuis des années.
    Philippe, le médecin, lui appliquait
des pierres chauffées sur le feu et enveloppées

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