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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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d’Orient et d’Occident.
    — Et qui est ce personnage
extraordinaire ? »
    Philippe sourit : « C’est
le fils de Nicomaque, le médecin qui t’a mis au monde. C’est l’élève le plus
célèbre et le plus brillant de Platon. Il se nomme Aristote. »
     

11
    « Pourrai-je emmener quelqu’un à Miéza ? demanda Alexandre
après avoir entendu les volontés de son père.
    — N’importe quel domestique.
    — Alors, je choisis Leptine. Et
mes amis ?
    — Héphestion, Perdiccas,
Séleucos et les autres ?
    — J’aimerais bien.
    — Ils t’accompagneront, mais
certaines leçons te seront exclusivement réservées, celles qui feront de toi un
homme différent. Ton maître décidera du déroulement de son enseignement, des
sujets d’études communs et de ceux qui ne concerneront que toi. Il fera régner
une discipline de fer : désobéissance, manque d’attention ou d’application
seront exclus. Et si tu les as mérités, tu subiras les mêmes châtiments que tes
camarades.
    — Quand dois-je partir ?
    — Bientôt.
    — Mais quand, exactement ?
    — Après-demain. Aristote se
trouve déjà à Miéza. Prépare tes bagages, choisis tes domestiques, en dehors de
la jeune fille, et passe un peu de temps auprès de ta mère. »
    Alexandre acquiesça avant d’observer
un moment de silence. Son père s’aperçut qu’il se mordait la lèvre inférieure
pour éviter de trahir son émotion.
    Il s’approcha et lui posa une main
sur l’épaule : « C’est nécessaire, mon garçon, crois-moi. Je veux que
tu deviennes grec, que tu appartiennes à la seule civilisation au monde qui
forme des hommes et non des esclaves, qui possède les connaissances les plus
avancées, qui parle la langue dans laquelle l’Iliade et l’Odyssée furent
composés, qui représente les dieux comme des hommes et les hommes comme des
dieux… Cela ne signifie pas que tu renieras tes origines, car tu resteras
macédonien au plus profond de toi : les enfants des lions sont des
lions. »
    Alexandre tournait et retournait
entre ses mains son rasoir tout neuf.
    « Nous n’avons pas passé
beaucoup de temps ensemble, mon fils », reprit Philippe. Il passait sa
main rêche dans les cheveux d’Alexandre en les ébouriffant. « Nous n’en
avons pas eu le temps. Tu vois, je suis un soldat et j’ai fait pour toi ce dont
j’ai été capable : te conquérir un empire trois fois plus grand que celui
que j’ai reçu en héritage de ton grand-père Amyntas, et faire comprendre aux
Grecs, en particulier aux Athéniens, qu’ils doivent respecter la grande
puissance que nous constituons. Mais je ne suis pas en mesure de former ton
esprit. Et les maîtres que tu as eus ici, au palais, ne le sont pas non plus.
Ils n’ont plus rien à t’apprendre.
    — Je t’obéirai, affirma
Alexandre. J’irai à Miéza.
    — Je ne t’envoie pas en exil,
mon fils, nous nous verrons, je te rendrai visite, comme ta mère et ta sœur si
elles le désirent. Tu trouveras un lieu de recueillement pour pouvoir étudier.
Naturellement, tu partiras avec ton maître d’armes, ton professeur d’équitation
et ton veneur. Je ne veux pas d’un philosophe, je veux un roi.
    — Comme tu le souhaites, papa.
    — Encore une chose. Ton oncle
Alexandre nous quitte.
    — Pourquoi ?
    — Jusqu’à présent, il a été un
souverain tel que peut l’être un acteur au théâtre. Il portait les vêtements et
le diadème d’un roi, mais il ne gouvernait pas son royaume, qui est entre les
mains d’Arybbas. Ton oncle a désormais vingt ans, il est temps qu’il se mette
au travail. Je le débarrasserai d’Arybbas et je le rétablirai sur le trône
d’Épire.
    — J’en suis content pour lui,
mais je suis désolé qu’il parte », dit Alexandre, habitué à écouter les
projets de son père comme s’ils étaient déjà réalisés.
    Arybbas, il le savait, était soutenu
par les Athéniens qui disposaient d’une flotte à Corcyre, avec un contingent
d’infanterie.
    « Est-il vrai que les Athéniens
sont à Corcyre et qu’ils préparent un débarquement ? Tu finiras par te
heurter à eux.
    — Je n’en veux pas aux
Athéniens ; à vrai dire, je les admire. Mais ils doivent comprendre qu’en
s’approchant trop de la Macédoine, ils se jettent dans la gueule du loup. Quant
à ton oncle, je suis moi aussi chagriné de me séparer de lui. C’est un gentil
garçon, un excellent soldat et… je m’entends mieux avec lui qu’avec ta

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