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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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par le contact de l’épée de son père, l’arme du grand Memnon
de Rhodes, par sa taille considérable, qui lui donnait l’impression d’être plus
adulte qu’il ne l’était.
    Comment aurait-il su que sa sécurité
dépendait justement des soldats que son ennemi juré, l’homme qui avait
déshonoré son père, conquis l’âme et le corps de sa mère, avait lancés à ses
trousses ? Peut-être cet homme était-il vraiment l’incarnation d’Arhiman,
le génie des ténèbres et du mal, comme l’avait dit un jour son oncle Artabaze.
    Tout se déroula sans embûches tant
qu’Étéocle traversa les régions habitées de Palestine ou de Syrie, où il était
relativement facile, pour son escorte, de se camoufler ou de se confondre avec
les caravaniers qui allaient d’un village à l’autre en proposant leurs
marchandises ; mais dès qu’il affronta l’immense étendue du désert, les
deux hétairoï qui le suivaient durent se consulter et prendre une décision. Ces
deux jeunes Macédoniens de la garde royale étaient fort courageux et fort intelligents.
Ils connaissaient aussi le caractère de leur souverain : s’ils échouaient
dans leur tâche et s’il arrivait quelque chose au garçon, le roi ne le leur
pardonnerait pas.
    « Si nous restons à portée de
son regard, dit l’un d’eux, il nous remarquera car nous ne pourrons nous cacher
nulle part. Si nous nous éloignons, nous risquons de le perdre.
    — Nous n’avons pas le choix,
répliqua son compagnon. L’un de nous va devoir l’approcher et gagner sa
confiance. C’est le seul moyen que nous ayons de le protéger. »
    Ils élaborèrent donc un plan
d’action. Le lendemain, quand le garçon se remit en route, à l’aube, épuisé par
une nuit de demi-sommeil, il aperçut au loin un cavalier qui parcourait le même
sentier que lui. Il se demanda s’il valait mieux s’arrêter et laisser le
voyageur solitaire continuer sa route, ou plutôt le rejoindre et faire un bout
de chemin avec lui.
    Il pensa qu’il n’était pas sage
d’attendre, car il serait alors obligé de se déplacer aux heures les plus
chaudes de la journée et aussi qu’un homme seul et apparemment sans armes ne
pouvait constituer un grand danger, et qu’il devrait de toute façon prendre
l’habitude d’affronter des situations bien plus complexes. Il rassembla son
courage, talonna son cheval et s’engagea sur la piste déserte. Bientôt, il atteignit
le cavalier qui le précédait. Entendant le bruit que produisaient les sabots de
son cheval, l’homme se retourna, et Etéocle sortit de sa réserve pour
s’adresser à lui en perse : « Qu’Ahura Mazda te protège, étranger. Où
te diriges-tu ? »
    Sachant que l’adolescent le
comprendrait, l’homme lui répondit en grec : « Je ne parle pas ta
langue, mon enfant. Je suis un orfèvre crétois et je me rends à Babylone pour
travailler dans le palais du Grand Roi. »
    Étéocle poussa un soupir de
soulagement et dit : « Moi aussi, je vais à Babylone. Nous pourrions
voyager ensemble. Cela te dérange-t-il ?
    — Pas du tout. Ou plutôt, ce
sera un plaisir : j’ai peur de parcourir tout seul ces terres isolées.
    — Par quel mystère voyages-tu
seul ? N’avais-tu pas intérêt à te joindre à une caravane ?
    — Tu as raison. Le fait est que
de sales histoires circulent sur le compte des caravaniers. On dit qu’ils
accroissent leurs gains en vendant comme esclaves les voyageurs qu’ils
rencontrent sur leur chemin, si l’occasion s’offre à eux. J’en ai donc
conclu : « Mieux vaut rester seul que mal accompagné. » Je peux
dominer l’horizon du regard, la piste est bien délimitée, et il n’est pas
difficile de s’orienter : en marchant vers le lever du soleil, on arrive
aisément aux rives de l’Euphrate. Après quoi, un bon bateau et le tour est
joué. On peut atteindre Babylone en parfaite forme sans le moindre effort. Mais
toi, tu sembles bien jeune pour voyager ainsi. N’as-tu donc pas de parents ou
de frères ? »
    Étéocle ne répondit pas. Pendant
quelques instants, on n’entendit que le piétinement des chevaux sur l’étendue
déserte et sous le ciel vide. L’étranger reprit : « Pardonne-moi, je
n’aurais pas dû me mêler de tes affaires privées. »
    À présent, Étéocle scrutait
l’horizon égal et plat qui ressemblait à celui d’une mer calme.
« Penses-tu que la rive de l’Euphrate est loin ?
    — Non, répondit l’étranger. Si
nous

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