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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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mère.
    — Je le sais.
    — Il me semble que nous nous
sommes tout dit. N’oublie pas de faire tes adieux à ta sœur et, naturellement à
ton oncle. À Léonidas aussi. Ce n’est pas un philosophe célèbre, mais c’est un
brave homme, qui t’a appris tout ce qu’il pouvait et qui est aussi fier de toi
que si tu étais son fils. »
    On entendait Péritas qui grattait
derrière la porte. « Je n’y manquerai pas, répliqua Alexandre. Puis-je
m’en aller ? »
    Philippe acquiesça avant de gagner
les rayonnages derrière son écritoire, comme pour y chercher un document. En
réalité, il ne voulait pas montrer à son fils qu’il avait les yeux humides.
     

12
    Alexandre alla trouver sa mère le lendemain, à la tombée du jour. Elle
finissait son repas et les servantes débarrassaient la table. La reine les
arrêta d’un geste et leur ordonna d’apporter un siège.
    « As-tu dîné ?
demanda-t-elle. Puis-je te faire servir quelque chose ?
    — J’ai déjà mangé, maman. Au
banquet d’adieu donné pour ton frère.
    — Je le sais, il viendra me
dire au revoir avant de se coucher. Alors… demain est un grand jour ?
    — À ce qu’il paraît.
    — Triste ?
    — Un peu.
    — Il ne faut pas. Sais-tu ce
que dépense ton père pour transporter à Miéza la moitié de l’académie ?
    — Pourquoi la moitié de
l’académie ?
    — Parce que Aristote n’est pas
seul. Il est accompagné de son neveu et disciple Callisthène, ainsi que de
Théophraste, le grand scientifique.
    — Que dépense-t-il ?
    — Quinze talents par an pendant
trois ans. Il peut se le permettre, par Zeus, les mines du Pangée lui en
rapportent mille par an ! En or. Il a placé une telle quantité d’or sur le
marché en aidant ses amis, en corrompant ses ennemis et en finançant ses
projets, que les prix ont quintuplé dans toute la Grèce au cours de ces cinq
dernières années ! Même ceux des philosophes.
    — Je vois que tu es de mauvaise
humeur, maman.
    — Je ne devrais pas
l’être ? Tu pars, mon frère part. Je reste seule.
    — Il y a Cléopâtre. Elle
t’aime, et puis elle te ressemble beaucoup. Malgré son jeune âge, elle a un
caractère fort et décidé.
    — Oui, acquiesça Olympias.
C’est vrai. »
    Suivirent de longs instants de
silence. Dans la cour résonnaient les pas cadencés des soldats qui relevaient
la garde.
    « Tu n’es pas
d’accord ? »
    Olympias secoua la tête :
« Non, ce n’est pas ça. Ou plutôt, c’est la décision la plus sage que
Philippe ait jamais prise. Ma vie est difficile, Alexandre, et elle se dégrade
de jour en jour. J’ai toujours été considérée ici, à Pella, comme
« l’étrangère » : on ne m’a jamais acceptée. Tant que ton père
m’a aimée, j’ai tout supporté. C’était même agréable. Mais maintenant…
    — Je crois que mon père…
    — Ton père est un roi, mon
fils, et les rois ne sont pas comme les autres hommes : ils doivent se
marier quand l’intérêt du peuple le requiert, une, deux, trois fois s’il le
faut. Ou répudier leurs femmes pour la même raison. Ils doivent mener des
guerres interminables, intriguer, nouer et dénouer des alliances, trahir leurs
amis et leurs frères si cela est nécessaire. Crois-tu qu’il y ait une place
pour moi dans le cœur d’un tel homme ? Mais ne me plains pas. Je suis une
reine, et la mère d’Alexandre.
    — Je penserai à toi tous les
jours, maman. Je t’écrirai et je viendrai te voir chaque fois que cela me sera
possible. Mais rappelle-toi que mon père est meilleur que tant d’autres hommes.
Que la plupart des hommes que je connais, en vérité. »
    Olympias se leva : « Je le
sais », dit-elle. Et elle s’approcha de lui. « Puis-je
t’embrasser ? »
    Alexandre serra sa mère contre sa
poitrine et sentit sur ses joues la tiédeur de ses larmes ; puis il se retourna
et sortit. La reine reprit place sur son siège à accoudoirs et y demeura
longtemps, immobile, les yeux dans le vague.
    Dès qu’elle le vit, Cléopâtre se
jeta à son cou en pleurant. « Mais enfin ! s’exclama Alexandre, je ne
pars pas en exil, je vais seulement à Miéza, à quelques heures de marche. Tu
pourras venir me voir quand tu le voudras, papa me l’a dit. »
    Cléopâtre sécha ses larmes et se
moucha « Tu dis ça pour me donner du courage. » Elle se mit à
pleurnicher.
    « Pas du tout. Et puis, il y
aura aussi mes amis. Je sais que l’un d’eux a essayé de te

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