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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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faire la
cour. »
    Cléopâtre haussa les épaules.
    « Cela signifie-t-il que
personne ne te plaît ? »
    La jeune fille ne répondit pas.
    « Sais-tu ce qu’on
murmure ?
    — Quoi ? »,
demanda-t-elle, soudain intriguée.
    « Que tu es attirée par
Perdiccas. Ou par Eumène, selon d’autres sources. Mais peut-être te
plaisent-ils tous les deux ?
    — Je n’aime que toi. »
    Et elle se blottit de nouveau dans
les bras de son frère.
    « C’est un beau mensonge, dit
Alexandre, mais je vais l’accepter comme une vérité, car il me comble de joie.
D’ailleurs, si quelqu’un te plaisait, il n’y aurait là rien de mal, même si tu
ne dois pas te faire d’illusions : ce sera notre père qui décidera de ton
mariage et qui choisira ton époux quand le moment viendra. Tu souffrirais donc
si tu étais amoureuse.
    — Je le sais.
    — Si j’en avais le pouvoir, je
t’autoriserais à épouser l’homme de ton choix, mais tel que je connais papa, il
ne laissera pas échapper l’avantage politique qu’il pourrait tirer de ton mariage.
Et il n’y a pas un homme qui ne tenterait pas tout pour se marier avec toi. Tu
es tellement belle ! Alors, tu me promets que tu viendras me voir ?
    — Je te le promets.
    — Et que tu ne pleureras pas
quand je franchirai la porte, dans un instant ? »
    Cléopâtre acquiesça tandis que deux
grosses larmes roulaient sur ses joues. Alexandre lui donna un dernier baiser
et partit.
    Il passa le reste de la soirée avec
ses amis, qui avaient organisé pour lui un banquet d’adieu ; il se soûla
pour la première fois, et tous les autres avec lui. N’étant pas habitués à
l’alcool ils vomirent et furent malades. Pour ne pas être en reste Péritas
urina sur le sol.
    Quand il tenta de regagner sa
chambre, Alexandre se rendit compte que l’entreprise n’était pas aisée. Une
silhouette apparut alors dans l’obscurité, une lanterne à la main. Elle vint
vers lui et le soutint, l’aida à se coucher, mouilla son visage à l’aide d’un
tissu humide, lui trempa les lèvres dans du jus de grenade et sortit. Elle
revint quelques instants plus tard et lui tendit une tasse fumante – une
décoction de camomille, qu’il avala –, puis le borda dans son lit.
    Dans un éclair de conscience,
Alexandre reconnut Leptine.
    Miéza était un lieu enchanteur,
situé dans une conque très verte au pied du mont Bermion, traversé par un
ruisseau et entouré de bois de chênes. Un instant, Alexandre pensa que le
jardinier avait demandé aux Perses de lui confier quelques secrets afin de
créer en Macédoine un « paradis » semblable à ceux qu’ils possédaient
dans l’Élam ou la Susiane.
    Une vieille et belle résidence de
chasse avait été entièrement restaurée et remodelée de façon à y installer des
quartiers pour les hôtes, des salles d’étude et des bibliothèques, un odéon où
jouer de la musique et même un petit théâtre où représenter des drames. On
connaissait la très haute considération qu’Aristote nourrissait pour la
tragédie en particulier, mais aussi pour la comédie.
    On y trouvait encore un cabinet pour
le classement des plantes, un laboratoire pharmaceutique et surtout – c’est ce qui
étonna le plus Alexandre – un atelier de dessin et de peinture, ainsi qu’une
fonderie dotée des appareils les plus perfectionnés et des meilleurs matériaux,
rangés sur des étagères : pains d’argile, cire, étain, cuivre, argent,
tous marqués du sceau des Argéades, l’étoile à seize pointes, qui en
garantissait le poids et le titre.
    Se sachant assez doué pour le
dessin, Alexandre avait imaginé un petit atelier lumineux, garni de quelques
tableaux à la céruse et de quelques fusains. Cet équipement imposant lui parut
excessif.
    « Nous attendons un invité,
expliqua le surintendant, mais ton père m’a donné l’ordre formel de ne rien te
révéler. Ce doit être une surprise.
    — Et lui, où est-il ?
demanda Alexandre.
    — Viens. »
    Le surintendant le conduisit près
d’une fenêtre du rez-de-chaussée qui donnait sur la cour intérieure du
bâtiment. « Le voici », dit-il en lui montrant le plus âgé des trois
hommes qui se promenaient sous l’aile orientale du portique.
    C’était un homme sec et droit, d’une
quarantaine d’années, à l’attitude réservée, presque affectée. Ses petits yeux
mobiles suivaient les gestes de ses interlocuteurs et le mouvement de leurs
lèvres, sans rien perdre de

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