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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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situation empire de jour
en jour, commença-t-il.
    — Que veux-tu dire par
là ?
    — Que je ne les reconnais plus.
Ptolémée fait venir des filles de Chypre et d’Arabie, Léonnatos refuse de
s’entraîner à la lutte s’il ne dispose pas du sable libyen le plus fin, qu’on
lui apporte d’Egypte à dos de chameau. Lysimaque utilise un vase de nuit en or
massif, incrusté de pierres précieuses. Un vase de nuit, tu comprends ?
Séleucos possède je ne sais combien d’esclaves : une pour lui lacer ses
sandales, une autre pour le coiffer, une autre encore pour le parfumer, sans
compter celle qui… laissons tomber. Quant à Perdiccas…
    — Perdiccas aussi ?
demanda Alexandre d’un air incrédule.
    — Oui, Perdiccas aussi. Il dort
à présent dans des draps de pourpre et puis, il y a Philotas. Il est de plus en
plus arrogant et prétentieux. On dit qu’il… »
    Le roi l’interrompit :
« Ça suffit ! s’écria-t-il. Ça suffit ! Appelle-moi un héraut,
immédiatement !
    — Qu’as-tu l’intention de
faire ?
    — Tu m’as entendu ? Je
t’ai dit d’appeler un héraut ! »
    Eumène sortit. Il revint quelques
instants plus tard en compagnie d’une estafette.
    « Rends-toi sans tarder chez
Ptolémée, Perdiccas, Cratère, Léonnatos, Lysimaque, Héphestion, Séleucos et
Philotas, lui ordonna le roi, et dis-leur de venir ici sur-le-champ. »
    L’estafette se précipita à
l’extérieur du palais, bondit sur son cheval et communiqua son message aux
compagnons du roi. Quand ceux-ci étaient absents, elle le délivrait à leurs
serviteurs en soulignant l’état d’humeur dans lequel se trouvait le roi.
Aussitôt, les domestiques se mettaient à la recherche de leurs maîtres.
    « Il nous invite certainement à
une partie de balle, dit Léonnatos à Perdiccas en gravissant l’escalier.
    — J’en doute. L’as-tu jamais vu
utiliser une estafette de la cavalerie d’assaut pour inviter des gens à se
lancer une balle ?
    — À mon avis, on repart en
guerre, intervint Lysimaque qui survenait au même moment.
    — La guerre ? Quelle
guerre ? », demanda Séleucos en les rejoignant hors d’haleine.
    Eumène les accueillit dans
l’antichambre avec un visage de sphinx. Il se contenta de leur dire :
« Il est de ce côté.
    — Et toi, tu ne viens
pas ? l’interrogea Ptolémée.
    — Moi ? Non, je n’ai rien
à voir là-dedans. »
    Puis il ouvrit la porte et les fit
entrer. Il referma les lourds battants dans leur dos et colla l’oreille à la
serrure. Les cris d’Alexandre explosèrent. Ils étaient si forts qu’Eumène dut
reculer.
    « Des draps de pourpre !
hurlait-il. Des vases de nuit en or massif ! Du sable d’Égypte pour
s’entraîner à la lutte ! Parce qu’il n’y a pas assez de sable ici ? À
moins qu’il ne soit pas assez fin pour ton cul délicat ? ricana-t-il en
s’approchant de Léonnatos. Des chiffes molles, voilà ce que vous êtes
devenus ! Croyez-vous donc que je vous aie conduits ici pour vous voir
dans cet état de déchéance ? »
    Ptolémée tenta de le calmer :
« Alexandre, écoute…
    — Silence ! Toi qui te
fais envoyer des putains de Chypre et d’Arabie ! Je vous ai emmenés ici
pour changer le monde, non pour vous laisser ramollir dans le luxe. Avons-nous
fait la guerre pour adopter le mode de vie de ceux que nous avons battus ?
Est-ce pour cela que nous avons marché, enduré la chaleur, le froid, la faim et
les blessures ? Pour nous retrouver dans l’état de ceux que nous avons
soumis ? Ne comprenez-vous pas que c’est pour cette raison que les Perses
ont perdu la guerre ? Parce qu’ils vivaient comme vous vivez à
présent ?
    — Mais alors, pourquoi… »,
commença Perdiccas qui aurait aimé ajouter : « Pourquoi
reconfirmes-tu les gouverneurs perses dans leur charge ? »
    Mais le roi l’interrompit :
« Silence ! Dès demain, vous regagnerez le campement, et vous
coucherez sous vos tentes ; comme avant. Chacun d’entre vous étrillera son
cheval et astiquera son armure. Après-demain, vous m’accompagnerez à la chasse
au lion dans les montagnes. Et si vous vous faites déchiqueter parce que votre
cul est trop lourd, je ne bougerai pas le petit doigt pour vous sauver. Vous
avez compris ?
    — Nous avons compris,
sire ! s’écrièrent-ils tous.
    — Alors, débarrassez-moi le
plancher ! »
    Ils se ruèrent vers la sortie et
disparurent dans l’escalier. C’est alors que se

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