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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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moment, puis il n’y eut
plus rien.
    Les premiers rayons de soleil
réveillèrent Alexandre. Il se préparait à se lever et à appeler Leptine, comme
il en avait l’habitude, quand il découvrit devant lui une longue procession
d’hommes et de femmes, rangés en bon ordre, qui avaient sans doute attendu
patiemment son réveil.
    Il faillit porter la main à son
épée, mais il se retint. Il se redressa et, s’adossant au chevet de son lit,
leur demanda d’un air plus étonné qu’irrité : « Qui êtes-vous ?
    — Nous sommes tes serviteurs,
répondit un eunuque. Et je suis pour ma part le responsable du cérémonial du
matin. »
    Alexandre réveilla Stateira, qui
enfila aussitôt une tunique. « Que dois-je faire ? l’interrogea-t-il.
    — Rien, mon seigneur. Ils
s’occupent de tout. C’est la raison de leur présence. »
    En effet, l’eunuque l’invita à le
suivre dans la salle de bains où deux servantes et un jeune eunuque à demi nu
le lavèrent, le massèrent et le parfumèrent, tandis que Stateira confiait sa
personne à ses propres domestiques.
    Après le bain, le jeune et bel
eunuque essuya le corps du roi avec des mouvements délicats et savants,
s’attardant avec zèle sur les endroits les plus délicats de son anatomie. Puis
vint le moment de l’habillage : obéissant aux indications de l’eunuque en
chef, les servantes se présentèrent avec les diverses pièces de la tenue
royale, dont elles vêtirent Alexandre avec des mouvements délicats, en
commençant par les sous-vêtements, que le souverain macédonien utilisait pour
la première fois. Mais quand il vit le pantalon de soie brodée qu’elles lui
proposaient, il le refusa d’un geste.
    L’eunuque secoua la tête et échangea
un regard perplexe avec le responsable de la garde-robe.
    « Je ne porte pas de pantalon,
expliqua le roi. Donnez-moi mon chiton.
    — Mais, mon seigneur… »,
hasarda le responsable de la garde-robe, qui trouvait cette décision absurde
puis qu’Alexandre avait déjà enfilé des sous-vêtements.
    — Je ne porte pas de
pantalon », répéta le souverain sur un ton catégorique.
    L’homme ne comprenait pas le grec,
mais il saisit, à son ton et à son geste, la teneur des paroles d’Alexandre.
Les servantes retinrent à grand-peine un petit rire. L’eunuque et le
responsable de la garde-robe royale se consultèrent du regard avant d’envoyer
un domestique prendre le chiton grec, dont ils habillèrent le roi. Après quoi,
ils ne surent comment poursuivre le cérémonial. Remarquant leur embarras, le
bel eunuque ordonna à une servante de lui apporter la kandys, la tunique royale
aux larges manches plissées, et la présenta au souverain. Celui-ci l’examina et
finit par l’enfiler à contrecœur. Alors les domestiques drapèrent son front et
son cou dans un voile, dont les plis retombèrent avec élégance sur ses épaules.
D’autres serviteurs l’aspergèrent de parfum. Puis le jeune eunuque vint avec un
miroir et lui dit dans un grec parfait : « Tu es merveilleux, mon
seigneur. »
    Surpris par la façon dont il
s’exprimait, Alexandre lui demanda : « Comment t’appelles-tu ?
    — Je me nomme Bagoas. Je
servais la personne du roi Darius et j’étais son favori. Personne ne savait lui
procurer autant de plaisir que moi. Si tu le désires, je
t’appartiendrai. » Il prononça ces paroles avec une telle langueur et une
telle sensualité que le roi en fut impressionné. Il s’abstint de lui répondre
et contempla plutôt son reflet sur cette feuille d’argent polie. Ce qu’il vit
le combla. Tandis qu’il s’apprêtait à rejoindre Stateira, il entendit des pas
résonner dans le couloir et reconnut le bruit des chaussures cloutées que
portaient les Macédoniens. C’est alors que surgit le Noir, armé de pied en cap,
et visiblement alarmé. Il s’exclama, avant même d’entrer : « Sire,
des nouvelles importantes en provenance de… » Mais il s’interrompit à la
vue d’Alexandre et éclata de rire. « Par Zeus ! Mais qui sont ces
gens ? Toutes ces femmes et toutes ces couilles-sèches ! Et puis…
comment es-tu accoutré ? »
    Vexé, Alexandre lui répondit
sèchement : « Tais-toi ! Tais-toi immédiatement ! Je te
rappelle que je suis le roi.
    — Le roi ? continua le
Noir. Quel roi ? Je ne te reconnais plus, tu as l’air…
    — Un mot de plus, et je te fais
arrêter. Nous verrons alors si tu as encore envie de rire. »
    Le Noir baissa la

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