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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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Bagoas ?
l’interrogea à nouveau Stateira non sans une pointe de malice.
    — Oui, répondit Alexandre. Il
m’amuse et parvient à me calmer quand les pensées et les soucis m’oppressent.
Il danse et chante remarquablement bien.
    — Il est également très beau,
dit Stateira. Ses hanches étroites sèmeraient la jalousie dans le cœur de la
plus jolie fille, et sa peau est aussi soyeuse qu’un pétale de rose. Au fond tu
peux le considérer comme un cadeau personnel, car c’est moi qui l’avais offert
à mon père. »
    Alexandre la serra longuement contre
sa poitrine, avant de l’aider à monter dans sa voiture. « Si tu devais
apprendre que tu es enceinte, envoie-moi le courrier le plus rapide de la ville
pour me l’annoncer, où que je sois. J’ai donné l’ordre à Harpale, mon
trésorier, de mettre à ta disposition et de te donner tout ce dont tu auras
besoin.
    — C’est toi dont j’ai besoin,
répliqua la jeune femme, mais il est impossible de tout avoir. Prends garde à
toi, ne t’expose pas en première ligne. Je ne saurais me résigner à ta
disparition. »
    Elle l’embrassa une nouvelle fois
tandis que le soleil pointait derrière les hautes cimes des monts hyrcaniens.
    C’est alors que résonna le
martèlement de milliers de sabots, des cris de muletiers et des grincements de
roues. Alexandre se retourna. Il vit un interminable cortège, fort semblable à
celui de Stateira, se placer derrière les dernières subdivisions de l’armée,
escorté par des cavaliers perses en armes.
    « Mais… de qui s’agit-il ?
demanda le roi d’un air étonné à l’officier perse qui commandait l’escorte.
    — De tes concubines, mon
adorable époux, répondit Stateira avant même que l’officier ait pu ouvrir la
bouche. Au nombre de trois cent soixante-cinq, comme les jours de l’année.
Naturellement, chacune emmène sa propre suite.
    — Mes concubines ? Mais je
vais à la guerre, et…
    — Tu ne peux pas t’en séparer.
Chacune d’elles est la fille d’un de nos alliés ou d’un chef des tribus de la
steppe. Tu ne veux tout de même pas t’en faire des ennemis et les pousser dans
le camp de Bessos.
    — Non, répondit Alexandre d’un
air consterné. Non, certainement pas. »

33
    L’armée s’ébranla un peu plus tard en direction de l’est. Elle chemina
sur le haut plateau, un terrain vallonné, couvert d’une riche végétation. Bien
vite, la nouvelle selon laquelle la cour perse au complet, à l’exception de la
princesse Stateira, suivait l’expédition se répandit parmi les divers
détachements, y semant effroi, sarcasmes ou même dérision. Héphestion dut dégainer
son épée à plusieurs reprises pour défendre l’honneur de son roi. Mais Ptolémée
et Séleucos s’étaient placés à ses côtés, ils s’employaient à désamorcer au
plus vite les disputes et les rixes, qui, autrement, auraient dégénéré en des
troubles bien plus graves.
    Au bout de vingt jours de marche,
alors que les guides s’engageaient sur la route du nord qui menait en
Bactriane, où Bessos s’était réfugié, on apprit que Satibarzanès et Barsaentès,
satrapes des provinces d’Asie et d’Arachosie, s’étaient rebellés, et qu’ils
réunissaient des soldats pour prendre l’armée d’Alexandre à revers.
    Le souverain macédonien convoqua
sans tarder le conseil de guerre, auquel il se présenta dans une armure
grecque. Mais il portait deux bagues : celle du sceau à étoile argéade et
celle du sceau perse – un détail qui n’échappa à personne dans l’assistance.
    « Mes amis, commença-t-il,
comme vous l’avez sans doute appris, la rébellion de Satibarzanès et de
Barsaentès nous oblige à changer de cap et à nous diriger vers le sud. Voilà ce
que nous allons faire : je vais partir en avant avec la cavalerie, tandis
que Cratère suivra avec le reste de l’armée. Philotas, Héphestion, Ptolémée,
Lysimaque et Léonnatos m’accompagneront. Perdiccas et Séleucos resteront avec
Cratère. Nous fondrons sur les rebelles le plus rapidement possible, avant même
qu’ils ne réalisent que nous avons changé de direction, et nous les balaierons.
S’il le faut, Cratère nous prêtera main forte à son arrivée. Si quelqu’un a une
meilleure idée, qu’il n’hésite pas à la dire. »
    Pour une fois, il n’y eut ni
commentaires, ni plaisanteries ni bravades. Le mécontentement et l’embarras
flottaient dans l’air. Tout le monde savait comment le roi

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