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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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et
semant le désordre. Leurs vêtements se confondant avec ceux de leurs
adversaires, ils purent les frapper avec une efficacité dévastatrice au cours
du premier assaut. Bientôt, la pression de l’affrontement s’atténua et la
charge se brisa en de nombreux combats isolés. Alors, les cavaliers de la
Pointe, qui étaient jusqu’alors restés à l’écart, sautèrent sur des chevaux
frais et fondirent sur le flanc ennemi, guidés par le roi. Les hommes de
Satibarzanès subirent une poussée violente et durent reculer. Ce fut le moment
que choisit Perdiccas pour lancer les Agrianes à pied, armés de leurs couteaux
et de longues serpes affilées. Protégés par le nuage de poussière, ils se
déplaçaient comme des spectres et frappaient leurs victimes avec une précision
effroyable.
    Satibarzanès fit alors sonner la
retraite et ses troupes se replièrent, regagnant la ville à grand-peine. Quand
le vent se leva un peu plus tard, balayant la poussière, le sol était jonché de
centaines de cadavres et de blessés, qui gémissaient et invoquaient de l’aide.
    Les Agrianes allaient de l’un à
l’autre en égorgeant les ennemis, en les dépouillant de leurs armes et de leurs
ornements sous les yeux des femmes, qui, du haut des murs, s’arrachaient les
cheveux et poussaient des cris stridents.
    Pendant ce temps, Eumène avait
ordonné aux hommes de monter le camp, d’aménager un terre-plein et de creuser
une tranchée le long de son périmètre. Les soldats s’exécutèrent en
maugréant : ils supportaient mal la décision du roi d’aligner des Perses
contre l’armée ennemie.
    « Quel besoin avait-il de faire
intervenir ces barbares ? disaient certains. Nous nous en serions très
bien tirés tous seuls ! L’infanterie n’est même pas descendue sur le champ
de bataille.
    — C’est vrai, répondaient
d’autres. Le roi a voulu nous humilier par cette décision, et ce n’est pas
juste, après tous les sacrifices que nous avons affrontés.
    — Il est devenu l’un des leurs.
Il s’entoure de gardes perses, prend son bain avec ce châtré, qui le masse et
lui fait qui sait quoi, il traîne derrière lui toutes ces concubines, et nous
n’avons plus qu’à monter la garde… »
    Le cœur serré, Eumène écoutait en
silence. Ces mots n’échappaient pas non plus à Eumolpos de Soles, qui n’avait
pas besoin de quitter sa tente pour les entendre : il disposait de
nombreuses oreilles dans le campement. Mais il ne pouvait imaginer que les
événements le surprendraient.
    Une fois le camp monté, les hommes
s’apprêtèrent à dormir. Tandis que le soleil se couchait derrière les murs ocre
d’Artacoana, on entendit s’élever la sonnerie plaintive d’un cor. Oxathrès, qui
avait déjà guidé Alexandre sur la route d’Ectabane à Zadrakarta, s’approcha du
roi. « C’est un héraut, dit-il dans un grec qui ne cessait de s’améliorer
au fil des jours. Un héraut de Satibarzanès.
    — Vas-y, Oxathrès, ils veulent
peut-être parlementer… se rendre. »
    Oxathrès monta sur son cheval et se
dirigea vers la muraille tandis qu’un cavalier en sortait et allait à sa
rencontre. Les deux hommes échangèrent quelques phrases, puis chacun retourna
d’où il était venu.
    Entre-temps, les compagnons du roi
s’étaient rassemblés autour d’Alexandre pour l’informer des pertes que chaque
détachement avait subies et recevoir ses ordres. C’est alors qu’Oxathrès
réapparut. « Satibarzanès défie en duel le plus fort d’entre vous. S’il
gagne, vous partez. S’il perd, vous prenez la ville. »
    À ces mots, Alexandre
s’enflamma : les scènes de duel opposant les champions homériques qui
avaient peuplé pendant tant d’années ses rêveries d’adolescent remontèrent à sa
mémoire. « J’y vais, dit-il sans hésiter.
    — Non, rétorqua Ptolémée. Un
roi de Macédoine ne peut se battre avec un satrape. Choisis un représentant.
    — Satibarzanès est grand et
fort, intervint Oxathrès en levant les bras comme pour représenter une masse
imposante.
    — J’y vais, se proposa
Léonnatos. Moi aussi, je suis grand et fort. »
    Alexandre l’examina de haut en bas
en hochant la tête comme pour se rassurer, et rassurer par là même ses
compagnons. Puis il abattit la main sur son épaule. « Je suis d’accord.
Fais-en de la bouillie, Léonnatos. »
    Les deux champions se rencontrèrent
le lendemain à l’aube sur un espace libre et relativement plat. Les deux

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