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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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s’étendait sur l’autre rive.
    Il appela alors Cratère et lui
ordonna de les convoquer devant sa tente au coucher du soleil, car il avait
décidé de les licencier. Cratère s’exécuta. Quand les vieux soldats furent
rassemblés au centre du camp, Alexandre monta sur une estrade et commença son
discours :
    « Vétérans ! Vous avez
servi votre roi et votre armée avec honneur, balayant la fatigue et les
difficultés sans jamais vous économiser. Vous avez conquis le plus grand empire
du monde qui ait jamais existé et vous avez atteint l’âge auquel il est juste
que les hommes jouissent du repos et des privilèges qu’ils se sont gagnés en
combattant honorablement. Je vous libère de votre serment et vous renvoie chez
vous. Je vous offre deux cents statères d’argent ainsi que votre salaire, que
vous toucherez jusqu’à votre arrivée en Macédoine. Saluez notre patrie pour moi
et vivez heureux les années qui vous restent à vivre. Vous l’avez
mérité. »
    Il se tut, dans l’attente d’une
ovation. Mais les rangs n’étaient parcourus que par un murmure. Enfin, un vieux
chef de compagnie s’avança et dit : « Pourquoi nous repousses-tu,
sire ?
    — Comment t’appelles-tu, chef
de compagnie ? demanda Alexandre.
    — Je me nomme Anténor.
    — Tu n’as pas envie de revoir
ta famille ?
    — Si.
    — Tu n’as pas envie de revoir
ta maison et d’y passer des jours paisibles en mangeant, en buvant et en te
faisant servir ?
    — Bien sûr que si.
    — Alors, partez heureux et
laissez les jeunes vous remplacer. Vous avez fait votre dû. »
    L’homme demeura immobile devant le
roi.
    « Qu’y a-t-il d’autre, chef de
compagnie ?
    — Je pense que le premier jour
sera fort beau : je reverrai ma femme et mes enfants, certains de mes
amis, ma maison. J’achèterai de nouveaux vêtements et de la nourriture en
abondance. Ce sont les lendemains qui m’effraient, sire. Me comprends-tu ?
    — Je te comprends, chef de
compagnie. Les lendemains sont effrayants pour tout le monde. Même pour moi.
Voilà pourquoi je ne pourrai jamais m’arrêter. Je dois courir pour les
rejoindre, et même les dépasser. »
    Le vétéran acquiesça bien qu’il
n’eût pas saisi le sens des paroles de son roi. Il dit : « Tu as
raison, sire. Tu es jeune et nous sommes vieux. Il est temps, pour nous, de
rentrer. Mais au moins…
    — Quoi ?
    — Puis-je t’embrasser au nom de
tous mes compagnons ? »
    Alexandre le serra contre sa
poitrine comme il l’eût fait avec un vieil ami. C’est alors que l’ovation
éclata, car les vétérans avaient l’impression que le roi donnait l’accolade à
chacun d’entre eux. Face à son émotion, leurs yeux se remplissaient de larmes.
    Cette nuit-là, Callisthène écrivit
une longue lettre à son oncle Aristote et la remit à un des vétérans qui
habitait non loin de Stagire. Il le récompensa par un statère d’or, la première
pièce de monnaie que Philippe avait frappée à l’effigie d’Alexandre – un
Alexandre qui, à ses yeux, n’existait plus depuis longtemps. Les vétérans
partirent à l’aube, salués par l’armée et les sonneries de trompette, ils
s’éloignèrent vers l’ouest en suivant la ligne des montagnes en direction de
Zadrakarta.
    L’écho des tambours qui rythmaient
leur marche ne s’était pas encore évanoui quand Diadès procéda au montage de
son pont. Bientôt, les troupes purent entreprendre la traversée du fleuve, en
commençant par les hétairoï, qui tenaient leurs chevaux par les rênes.
L’infanterie leur emboîta le pas.
    Le contingent entier atteignit
l’autre rive en fin de matinée, et les ingénieurs s’employèrent jusqu’au cœur
de la nuit à récupérer le matériel sur la rive nord du fleuve. Tandis que les
hommes montaient les tentes, Oxathrès et ses cavaliers accomplirent une mission
de reconnaissance. À leur retour, ils rapportèrent à Alexandre qu’ils avaient
trouvé de nombreuses traces de chevaux : il devait s’agir de l’armée qui
accompagnait Bessos, l’usurpateur.
    Le roi convoqua aussitôt le conseil
de ses compagnons, Cleitos le Noir et les commandants de bataillon qui
s’étaient particulièrement distingués au cours des dernières opérations. Il y
admit aussi Oxathrès ainsi que des officiers perses de la cavalerie, ce qui
provoqua la réaction glaciale de Cleitos et de ses commandants.
    « Nos amis perses nous ont
apporté une aide précieuse dans la poursuite

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