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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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il se rendit compte que tous ses
hommes le regardaient. Voyant leurs yeux rougis par le sel, leur peau sèche,
leurs lèvres gercées, il n’eut pas le courage de se désaltérer. Il versa l’eau
sur le sol en disant : « Alexandre ne boit pas quand ses soldats
meurent de soif. » Puis, remarquant que nombre d’entre eux se laissaient
aller, il s’écria : « Courage, hommes ! Croyez-vous que les
dieux nous aient permis d’accomplir de si grandes entreprises pour que nous
mourions dans ce désert ? Non, soyez confiants ! Je vous garantis
que, demain, nous aurons quitté cette fournaise, que vous aurez de la
nourriture et de l’eau en abondance ! Voulez-vous renoncer
maintenant ? Voudriez-vous vous laisser mourir si près du
but ? »
    Ces mots insufflèrent un peu de
courage dans l’esprit des soldats, qui reprirent leur marche jusqu’au soir. La
mer était loin désormais, et l’on grimpait vers une ligne de collines
pierreuses où l’on pouvait trouver un peu de fraîcheur à la tombée du soir. Le
lendemain, au coucher du soleil, ils passèrent le col et aperçurent une ville
murée à l’horizon.
    « C’est Pura, dit l’un des
officiers perses. Nous sommes sauvés. »
    Alexandre hurla :
« Avez-vous entendu, hommes ? Avez-vous entendu ? Nous sommes
sauvés ! Vous avez vu ? Votre roi tient toujours ses
promesses ! »
    Au fur et à mesure qu’ils
atteignaient le sommet et découvraient la ville, les soldats poussaient des
cris de joie et lançaient leurs armes en l’air, s’embrassant les uns les autres
et pleurant d’émotion.
    Ptolémée s’approcha d’Alexandre et
lui demanda d’un air interloqué : « Comment as-tu fait ?
    — Te souviens-tu du carrefour
que nous avons trouvé sur la piste, hier ? Un sentier longeait la mer, à
l’est, et l’autre montait vers les collines ?
    — Oui, je m’en souviens.
    — Calanos m’a dit alors :
« Choisis la route la plus difficile. »
    — C’est tout ?
    — C’est tout.
    — Tu as pris des risques.
    — Ce n’est pas la première
fois, me semble-t-il.
    — Non, en effet. »
    Ils arrivèrent à Pura au coucher du
soleil en tirant de leurs membres épuisés d’ultimes étincelles d’énergie. Le
commandant de la forteresse vint à leur rencontre d’un air soupçonneux.
    « Qui êtes-vous ? »
demanda-t-il.
    Alexandre se tourna vers
Ptolémée : « Oxathrès est-il encore en vie ?
    — Je crois que oui, lui
répondit son ami. Il me semble l’avoir vu il y a deux jours.
    — Cherche-le. »
    Ptolémée s’éloigna pour revenir un
peu plus tard en compagnie d’Oxathrès, qui expliqua au gouverneur perse ce
qu’il devait savoir sur les nouveaux venus.
    « Alexandre ?
s’exclama-t-il d’un air abasourdi. Il n’est donc pas mort ?
    — Comme tu le vois, il est
vivant et en bonne santé. Mais, je t’en prie, laisse-nous entrer. Nous sommes à
bout de forces. »
    Le gouverneur distribua aussitôt des
ordres aux membres de sa suite, et les portes de Pura s’ouvrirent devant
l’armée que tout le monde croyait perdue, et devant le roi que l’on croyait
mort.
    Les troupes d’Alexandre séjournèrent
quatre jours à Pura afin de se reposer et se nourrir après tant de privations.
Alexandre demanda au gouverneur si l’on avait des nouvelles de sa flotte à
Harmozeia. Le Perse répondit qu’il n’avait rien su, qu’il se renseignerait et
lui rapporterait le résultat de son enquête.
    « À ta place, je ne me ferais
pas trop d’illusions, dit Séleucos. J’ai appris que cette route était
dangereuse à cause de ses bas-fonds et des pirates qui attaquent les navires échoués.
S’ils étaient arrivés, nous le saurions déjà.
    — Tu as peut-être raison,
répliqua Alexandre, mais on nous croyait morts, nous aussi, et nous sommes là.
Il ne faut jamais désespérer. »
    Ils reprirent leur marche en
direction de la Perside, sur un terrain aride et dénudé, mais le commandant de
la garnison de Pura leur avait fourni de bons guides, qui les conduisirent aux
puits d’eau potable et aux villages de bergers où il était possible de trouver
du lait, de la viande, ainsi que des légumes secs conservés dans de grandes
jarres de terre cuite.
    L’hiver était bien avancé quand
l’armée atteignit les environs de Salmous, aux confins de la Perside. Alexandre
envoya un groupe d’éclaireurs vers le sud afin de s’enquérir de sa
flotte : deux officiers macédoniens et une douzaine

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