Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
Vom Netzwerk:
se plongea dans cette
activité fébrile ; il ne semblait pas songer outre mesure à la grossesse
d’Eurydice ni aux angoisses de sa mère, qui ne cessait de lui envoyer des
messages lorsqu’il était absent, ou le priait de lui rendre visite quand il
était au palais.
    Olympias entretenait également une
correspondance fournie avec son frère, Alexandre d’Épire, dont elle voulait
s’assurer le soutien : plus que jamais, elle se sentait seule, reléguée
dans ses appartements.
    Ses pensées et les conversations
qu’elle avait avec ceux qui lui demeuraient fidèles revenaient toujours sur sa
triste condition. Elle n’entrevoyait pour elle qu’un avenir de réclusion et
d’isolement complet. Elle savait que dès l’instant où Eurydice recevrait ses
nouvelles prérogatives de reine, les apparitions en public ne lui seraient même
plus autorisées. Elle n’aurait plus l’occasion de rencontrer les invités et les
délégations étrangères lors des cérémonies officielles, de tenir compagnie dans
ses appartements, aux femmes et amies des visiteurs.
    Elle craignait surtout de perdre ce
qui lui restait de son pouvoir personnel, en qualité de mère de l’héritier du
trône.
    Entouré par ses amis, qui lui
prouvaient chaque jour leur dévouement et leur fidélité, Alexandre était plus
serein. En outre, il avait l’estime, profonde et sincère, des généraux
Parménion et Antipatros, bras droit et bras gauche du roi, son père, lesquels
l’avaient vu à l’œuvre aussi bien dans l’administration du pouvoir que sur le
champ de bataille. Ils savaient que le royaume serait en sûreté dans les mains
du jeune homme. En réalité, la situation dynastique n’était pas des plus tranquilles :
les cousins d’Alexandre, Amyntas et son frère Archélaos, pouvaient se gagner
l’appui d’une certaine noblesse, même si son frère naturel, Arrhidée, à moitié
débile, ne semblait causer aucun problème pour le moment.
    La date du mariage de Philippe fut annoncée
officiellement au début de l’hiver. Quand bien même elle était attendue, la
nouvelle eut l’effet d’un éclair.
    Le caractère particulièrement
solennel que le roi voulait imprimer à la cérémonie, et le faste avec lequel on
la préparait, impressionnèrent tout le monde.
    Eumène, désormais responsable de
l’entière administration du secrétariat royal, informait Alexandre du moindre
détail : le rang des invités, les dépenses pour les vêtements, les
ornements, les mets, les vins, l’organisation, les bijoux destinés à la mariée
et à ses dames d’honneur.
    Alexandre tentait d’épargner à sa
mère la plupart de ses nouvelles pour éviter de la blesser, mais Olympias avait
des yeux et des oreilles partout, elle apprenait ce qui se passait avant son
propre fils.
    Quelque temps avant le grand jour,
la reine reçut l’invitation du souverain à participer à ses noces ;
Alexandre aussi. Tous deux savaient qu’une invitation de Philippe équivalait à
un ordre ; ils s’apprêtèrent donc, à contrecœur, à participer à la cérémonie
et au somptueux banquet qui lui succéderait.
    Eumène avait accompli des miracles
pour disposer les lits et les tables des invités de façon à éviter des contacts
qui entraîneraient inévitablement des affrontements ou des bagarres. Les chefs
de tribus et les princes macédoniens étaient presque tous placés d’un côté ou
de l’autre : quand le vin coulerait à flots, ils risquaient de s’échauffer
à cause d’une phrase ou d’un geste mal interprété.
    La mariée était ravissante et
revêtue de tous les attributs de la royauté, mais les signes de sa grossesse
apparaissaient clairement. Elle portait un diadème en or, ses cheveux étaient
tirés sur sa nuque en un chignon maintenu par de grosses épingles en or
terminées par une tête de corail ; elle était habillée d’un péplum tissé
d’argent dont les broderies, d’une extraordinaire beauté, imitaient le style
des peintres céramistes et reproduisaient une scène de jeunes filles dansant
devant la statue d’Aphrodite ; son voile nuptial recouvrait partiellement
son front.
    En raison de son titre d’héritier du
trône, Alexandre dut assister de près à la cérémonie et s’allongea non loin de
son père au cours du banquet qui s’ensuivit.
    En revanche, Olympias et ses dames
de compagnie avaient été placées du côté opposé, à l’autre extrémité de la salle.
La princesse Cléopâtre qui,

Weitere Kostenlose Bücher