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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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à désarçonner son cavalier.

    « Je croîtrai ! » répète Philippe Auguste.
    Ce château de Gisors, Henri II Plantagenêt le possède à nouveau et c’est souvent dans ce haut donjon que Philippe Auguste rencontre le roi d’Angleterre.
    Henri II est aussi son vassal et possède la plus grande partie du sol de la France. Il est le maître en Espagne, en Savoie, au Portugal, dans le royaume des Deux-Siciles. Il contrôle la Ligue lombarde.
    Ses fils sont comme les chiens enragés d’une meute qui se disputent entre eux le gibier. Ces proies, ce sont des terres de France, le Limousin et le Languedoc.
    L’aîné des fils, Henri le Jeune, a guerroyé contre son frère Richard Coeur de Lion, lui disputant l’Aquitaine et le Limousin.
    Avec ses chevaliers pillards, des « routiers » qui sont comme autant de rapaces, Richard a tenté de s’emparer du Languedoc.
    Geoffroy, comte de Bretagne, et Jean sans Terre, les deux derniers frères, sont eux aussi avides et se tiennent aux aguets.
    Quand Henri le Jeune s’éteint soudainement, le ventre pris de douleurs qui font tordre son corps et l’entraînent dans la mort, les rivalités entre les trois frères restants s’exacerbent encore.

    « Je croîtrai ! » répète Philippe Auguste en s’avançant vers Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre.
    Il est comme une jeune pousse déjà vigoureuse, résolue, mais encore étouffée par la puissance de son vis-à-vis.
    Il n’est que le roi de Paris, de Bourges et d’Amiens. Il a à peine plus de vingt ans alors qu’Henri II en a cinquante-sept et a assuré son pouvoir absolu sur l’Angleterre.

    « Il décroîtra », murmure Philippe Auguste après avoir, durant plusieurs heures, livré à Henri II une bataille de mots comme un tournoi où l’on s’affronte lance et glaive en main.
    Henri II décroîtra, dit-il, parce qu’il porte son âge comme une armure trop lourde, qu’il a pleuré en apprenant la mort de son fils Henri le Jeune, qu’il craint les trahisons de deux de ses autres fils, Richard Coeur de Lion et Geoffroy, et qu’il n’a en définitive confiance qu’en Jean sans Terre, le plus jeune.
    C’est parce qu’il doute de la fidélité de ses fils qu’il ne souhaite pas engager le combat contre Philippe Auguste, ce roi si jeune, si ardent, si fier de ses victoires contre ses propres vassaux.

    Le roi Henri II a le corps « rongé », constate Philippe Auguste en quittant le château de Gisors. Son « fondement » est déchiré et saigne. Ses os sont si douloureux qu’ils semblent près de se briser et que la force de ses bras disparaît, si bien qu’il ne peut plus lever le glaive et renonce à le sortir hors du fourreau.
    Philippe Auguste s’emporte : ce vieil homme malade est un malfaisant.
    « Je ne croîtrai que s’il décroît », dit-il en piquant sa monture d’un violent coup d’éperons.
    Ce vieux monarque est retors. Les Anglais s’infiltrent en Auvergne, dans le Berry, terres capétiennes. Richard Coeur de Lion saccage le Languedoc. Et Henri II garde auprès de lui Alix de France, la soeur de Philippe Auguste, promise en mariage à Richard Coeur de Lion.
    Comment imaginer qu’Henri II ne profite pas de cette jeune fille de haute lignée capétienne qu’il garde prisonnière, qu’il n’assouvisse pas sur elle les désirs d’un vieil homme avide de se rassurer, d’affirmer sa puissance chancelante en possédant le corps de la jeune vierge destinée à son fils Richard ?
    « Je croîtrai », martèle encore Philippe Auguste.
    Il a décidé de vaincre le vieux roi en dressant Richard, Geoffroy et même Jean sans Terre contre leur père.
    Et en faisant de chacun l’ennemi de ses autres frères.
    En s’alliant aussi avec l’empereur germanique, Frédéric Barberousse.
    Ainsi les Plantagenêts, roi et fils confondus, décroîtront.
    « Moi, je croîtrai ! »

    « Comment ai-je pu douter de mon jeune roi ? » écrit Eudes de Thorenc.
    Philippe Auguste était homme de bataille, s’élançant volontiers en avant de ses chevaliers comme s’il avait eu la certitude
que Dieu le protègerait ; que sa foi, son service de l’Église, seraient son bouclier, son heaume et son armure. Mais il était aussi homme d’intrigue au regard aiguisé, devinant la jalousie qu’éprouvait Geoffroy Plantagenêt, comte de Bretagne, envers son frère Richard Coeur de Lion, comte de Poitou, devenu, depuis la mort d’Henri le Jeune, héritier du trône

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