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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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dans le besoin et qu’il ne pourrait plus aider de ses deniers. Je l’ai entendu dire à son fils Louis, qui lui succéderait, de « n’employer les ressources du Trésor qu’à la défense du royaume ».
    Et, plus tard, à son petit-fils, futur Louis le Neuvième, il ajouta d’une voix ferme, malgré le souffle qui déjà lui manquait :
    « Il faut récompenser ses gens, l’un plus, l’autre moins, selon les services qu’ils rendent. Nul ne peut être gouverneur de sa terre s’il ne sait aussi hardiment et aussi durement refuser ce qu’il sait donner. »

    Sous sa dictée, poursuit Henri de Thorenc, j’ai recueilli son testament. Le parchemin, la plume et l’encre étaient toujours prêts sur un pupitre placé au pied de son lit. Mais Philippe Auguste ne dictait que quelques lignes chaque matin, comme s’il avait besoin de l’obscurité et du silence de la nuit pour les méditer.
    « Je lègue bracelets et bagues, pierreries et joyaux à l’abbaye de Saint-Denis où mon corps reposera aux côtés des rois de ma lignée capétienne.
    « Je lègue mille pièces d’or aux fidèles du Christ qui vivent en Syrie.
    « Je lègue mille pièces d’or aux pauvres, et tout autant à l’Hôtel-Dieu de Paris qui les accueille.
    « Je lègue cinq mille livres aux sujets du royaume de France que j’ai, j’en fais repentance, injustement dépouillés pour pouvoir défendre et agrandir le domaine royal.
    « Je n’oublie ni la reine Ingeburge, ni Philippe Hurepel, mon fils légitimé, issu d’Agnès de Méran. Que Dieu veille sur l’âme de celle dont j’ai partagé la couche. »

    « C’est le 10 juillet 1223 qu’au château de Pacy-sur-Eure, Philippe Auguste le Conquérant me dicta la dernière phrase de son testament.
    Le lendemain 11 juillet, on le saigna, ce qui lui donna un regain de vie.
    Il décida de se rendre à Paris où, en présence de Conrad, cardinal-légat du pape, se tenait concile afin de décider des mesures qui permettraient de terrasser l’hérésie albigeoise, ce serpent qui continuait de se repaître des âmes des habitants du Languedoc et du pays de Toulouse.
    Évêques et archevêques du royaume de France se trouvant ainsi assemblés, Philippe Auguste voulait s’adresser à eux.
    Mais, le 12 juillet à l’aube, il commença d’étouffer, battant des bras, le corps dévoré par la fièvre.
    On lui administra les derniers sacrements.
    Il somnola, demanda qu’on le conduise à Paris où il voulait mourir. Mais, je l’ai dit, la mort se saisit de lui à Mantes, ce vendredi 14 juillet 1223.

    « Je rapporte les derniers propos qu’il tint à son fils Louis le Huitième :
    « Il faut craindre Dieu et exalter son Église, faire bonne justice à son peuple et surtout protéger les pauvres et les petits contre l’insolence des orgueilleux. »

    Je me suis recueilli devant le corps du roi cependant que s’élevaient dans toute la ville les lamentations et les cris de douleur.
    Puis on oignit le corps qui fut porté sur une litière jusqu’à Paris.
    La porte de la ville franchie, les porteurs déposèrent la litière après avoir parcouru la distance de trois traits d’arbalète. Et, en ce lieu où d’autres porteurs hissèrent la litière sur leurs épaules, on élèverait une église.
    J’ai marché dans les premiers rangs de la procession jusqu’à l’abbaye de Saint-Denis où les moines l’ensevelirent à côté du roi Dagobert.
    Durant la messe de Requiem célébrée en présence du cardinal-légat Conrad, de l’archevêque de Reims et de tous les clercs réunis à Paris pour le concile, je n’ai cessé de regarder le visage du roi.
    Il n’était pas altéré après seulement un jour passé au royaume des morts.
    Son corps habillé d’une tunique et d’une dalmatique était recouvert d’un drap d’or.
    Sa tête portait couronne, et il tenait le sceptre à la main.
    Comme si la mort avait été impuissante à interrompre son règne.

sixième partie
    (1223-1226)
    « Pas un pouce de la terre que mon père m’a laissée en mourant ne sera rendu aux Anglais. »
    L ouis  VIII.
    37.
    « Le sceptre et la couronne de France, j’ai vu le prince Louis s’en saisir le 6 août 1223 dans la cathédrale de Reims.
    Il était agenouillé face à l’autel, dans la grande nef.
    Et, poursuit Henri de Thorenc, quand il s’est redressé, il était devenu le roi de France Louis VIII.
    Quand il est réapparu sur le parvis de la cathédrale, la foule

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