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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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le ciel : changeant.
    La mort saisit le pape Innocent III le 16 juillet 1216. Elle emporte Jean sans Terre le 19 octobre de la même année. Son fils de neuf ans est sacré roi d’Angleterre, et les évêques et barons anglais se détournent de Louis pour cet enfant, devenu Henri III.
    Les légats décrètent que tous les chevaliers qui le soutiendront pourront porter une croix blanche sur la poitrine et seront chevaliers du Christ.
    L’Angleterre devenait par là Terre sainte qu’il fallait défendre contre Louis, l’excommunié.

    Le sort et le ciel devinrent orageux.
    Les Français du prince Louis furent battus sur terre comme sur mer.
    Il y aurait donc un royaume de France et un royaume d’Angleterre, séparés. Le roi d’Angleterre, Henri III, garderait la possession de la Saintonge et de la Gascogne.
    Le traité de paix conclu à Chinon en 1214 fut renouvelé.
    Mais qui décide du destin des hommes et des traités ?
    35.
    « L’Angleterre restait donc royaume et Philippe Auguste, s’il n’avouait pas qu’il avait soif, se passait la langue sur les lèvres comme quelqu’un qui a la bouche sèche. »
    C’est Henri de Thorenc qui ose ainsi dépeindre le roi qui vient de recevoir à la cour de France son fils vaincu par les Anglais. Il ne lui en fait point reproche, mais parle d’une voix rauque :
    « Ce qui ne se récolte pas au nord du royaume doit se cueillir au sud », dit-il.
    Louis, qui jusqu’alors a gardé la tête baissée, comme un coupable qui craint la sentence, se redresse.
    Il se souvient. En l’an 1215, avant de partir conquérir l’Angleterre, il avait chevauché à la tête d’une armée de chevaliers pour mener lui aussi croisade contre les Albigeois. Il avait aidé Simon de Montfort à conquérir Toulouse. L’abbé de Castres lui avait remis une relique : la mâchoire de saint Vincent.
    « Louis, fils du roi de France, écrivit Henri de Thorenc, fut très bien accueilli et fêté par son père et par les autres. Il est venu en France sur son cheval arabe et conte à son père comment Simon de Montfort a su se pousser et s’enrichir. Le roi ne répond mot et ne dit rien. »
    Mais, cette fois, Philippe Auguste, le Conquérant, parle et répète : « Ce qui ne se récolte pas au nord du royaume doit se cueillir au sud. »
    Les Toulousains se sont révoltés contre Simon de Montfort. Raimond VI, comte de Toulouse, a recouvré sa ville, et le nouveau pape Honorius III supplie Philippe Auguste d’entrer en croisade contre les hérétiques qui veulent faire – et c’est parole sacrilège et diabolique – de Toulouse la « Rome Cathare ».
    « Il faut attendre le moment, guetter le signe », indique Philippe Auguste. Puis, plus bas, il ajoute, la main posée sur l’épaule de son fils comme pour l’adouber à nouveau : « Louis, tu porteras la croix. »
    Oubliées l’Angleterre et l’excommunication ! Le pape Honorius III a besoin de croisés. On extirpera l’hérésie en brûlant et en crevant les corps, puisque la prédication ne permet que de la chasser des âmes !

    Le signe est venu le 25 juin 1218.
    Un messager a apporté la nouvelle : Simon de Montfort, qui avait mis le siège devant Toulouse, a été frappé par une pierre lancée par une machine de guerre, un mangonneau manoeuvré par des femmes de la ville.
    « La pierre alla tout droit où il fallait, et frappa si juste le comte de Montfort sur le heaume d’acier qu’elle lui mit en morceaux les yeux, la cervelle, les dents, le front, la mâchoire, et le comte tomba à terre, sanglant et noir. »
    Louis le Huitième du nom pouvait se mettre en chemin à la tête des chevaliers du royaume de France.

    Ils rejoignirent devant Marmande les sergents et chevaliers d’Amaury de Montfort, fils de Simon de Montfort.
    La garnison de Marmande avait fait reddition et l’on tenait conseil sous la tente de Louis. Les habitants avaient jusqu’au bout combattu aux côtés des hérétiques.
    – Ils le sont tous ! dit un évêque.
    Et l’on se souvint du siège et du massacre de Béziers. On ne répéta pas « Tuons-les tous, Dieu reconnaîtra les siens », mais on décida qu’il fallait préserver la vie du comte d’Astarac qui avait commandé la défense de la ville.
    Il ne fut rien dit des habitants, mais ce silence valait mort.
    « On tua tous les bourgeois avec les femmes et les petits enfants, tous les habitants, au nombre de cinq mille », précise le chroniqueur Guillaume le

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