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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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achevée.
    —  Je pense surtout que Hong fit preuve à mon égard d’une grande générosité !
    —  Adhérez-vous à ses croyances   ?
    —  Je mentirais si je prétendais le contraire… Ma conversion s’est faite par étapes. Les préceptes de Hong sont tellement entiers et purs qu’ils se heurtent au relativisme des esprits occidentaux…
    —  Vous semblez croire à la légitimité de son combat.
    —  Plus que jamais, oui, j’y crois parce que je le trouve juste. Cela fait des années que cette malheureuse Chine souffre le martyre. Les puissances occidentales empoisonnent son peuple à grande échelle. Quant aux Mandchous, ils sont indignes d’y exercer le pouvoir. L’État et la justice, censés protéger les citoyens, sont dans l’incapacité d’exercer le moindre rôle depuis belle lurette. Le nombre des pauvres gens ne cesse de croître. Dans les campagnes sévissent des famines de plus en plus terribles. A la moindre épidémie, les gens tombent comme des mouches… Et vous voudriez, face à une telle tragédie, que les patriotes restent les bras ballants   ? déclara la jeune femme avec fougue.
    Il y avait de quoi être impressionné par l’aplomb et la force de conviction de Laura, à présent qu’elle avait décidé d’ouvrir son cœur.
    Bowles observait le fils de Laura blotti contre sa mère et qui dormait paisiblement, insensible au bruit et à la lueur des chandeliers qui éclairaient la pièce. C’était un enfant magnifique, dont les traits trahissaient à l’évidence une ascendance paternelle chinoise. En quelques coups de crayon, il fit apparaître la belle frimousse du fils de Laura sur une page de son carnet à croquis avant de la lui tendre.
    —  Si je vous disais que le père de Paul est un Han, que me répondriez-vous   ? lança-t-il, à tout hasard, à celle-ci.
    —  Inutile d’insister, monsieur Bowles. Sur ce point, je ne vous dirai rien.
    C’est alors qu’une estafette en armes s’approcha de Yang et lui glissa quelques mots dans le creux de l’oreille. Aussitôt, le Prince de l’Orient se leva et dit à Bowles :
    —  Suis-moi, le Tianwan ayant appris ta présence parmi nous souhaite te voir toutes affaires cessantes…
    John eût volontiers poursuivi sa conversation avec Laura mais l’occasion qui se présentait était unique : aucun journaliste occidental n’avait encore approché le Tianwan. Aussi, après avoir fait à la jeune femme un baise-main parfaitement protocolaire, il lui déclara :
    —  Madame Clearstone, je ne vous remercierai jamais assez de la confiance que vous m’avez témoignée en répondant avec autant de sincérité à mes questions…
    —  Monsieur Bowles, nous allons être en retard et le Céleste Souverain déteste attendre ! cria Yang, agacé par ces salutations.
    Le journaliste ne put que s’exécuter. Dehors les attendait un vieux palanquin sur le point de rendre l’âme et qui avait dû servir des générations de mandarins.
    —  Le Céleste Palais est situé de l’autre côté de la ville… Ce n’est pas tout près d’ici ! expliqua le Prince de l’Orient, légèrement mal à l’aise.
    En cette veille de sabbat où tout s’arrêtait chez les Taiping, aucun travail ni activité quelconque, agricole, industriel ou commercial n’y étant toléré, une nuit épaisse et collante comme de la poix était tombée sur la ville dont les rues dévastées et désertes n’étaient parcourues que par des chiens errants. C’était la première fois que Bowles voyait la situation totalement incongrue d’une ville chinoise sans la moindre échoppe. Entre les planches brinquebalantes de leur moyen de transport, le dessinateur de presse comprit pourquoi Yang Xiuqing faisait preuve d’une certaine nervosité.
    —  J’espère que tu ne diras pas un mot au Tianwan des confidences que je t’ai faites, lui dit, en grimaçant, le Prince de l’Orient.
    —  Tu peux avoir confiance, Yang. Je me garderai bien de faire état au Tianwan de tes propos. Un journaliste responsable préserve toujours l’anonymat de ses sources.
    —  Tu es mon ami ! Je te crois sur parole !
    —  Tu le peux ! Toi aussi, tu es mon ami, ô Yang Xiuqing !
    Ces propos soulagèrent Yang qui, au passage, décocha un clin d’œil à John Bowles, lequel, perplexe, était loin d’imaginer jusqu’où pouvait aller cette terrible rivalité qui opposait le Tianwan au Prince de l’Orient.
    Le palanquin traversa le quartier chinois aux

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