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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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Monsieur Bowles ! Vous ici   ? s’écria la jeune femme, stupéfaite.
    —  Vous… vous me reconnaissez   ? bredouilla le journaliste.
    À présent qu’il était nez à nez avec elle, il pouvait constater qu’elle exhalait toujours ce charme indéfinissable, mélange de beauté et d’intelligence pures, qui l’avait profondément troublé lorsqu’il l’avait vue pour la première fois chez Roberts.
    —  Il est des circonstances, monsieur, qui ne s’effacent jamais de la mémoire !
    —  Pour moi, c’est la même chose, mademoiselle.
    La jeune femme fit entrer les deux hommes. Jasmin Éthéré, qui avait apporté des gâteaux à Laura, salua les visiteurs de son amie qui se chargea de faire les présentations. Bowles ne put s’empêcher de détailler, évidentes sous ses vêtements de coton ultra-léger, les formes parfaites de la contorsionniste qui ne tarda pas à s’éclipser, le laissant en proie à une irrépressible pulsion de désir.
    —  C’est plutôt « madame » qu’il faudrait désormais m’appeler…
    —  Vous vous êtes mariée   ?
    —  Je n’ai pas eu le temps de convoler en justes noces ! soupira- t-elle.
    —  Vous êtes maman   ?
    —  Vous êtes quelqu’un de perspicace, monsieur Bowles ! Paul, veux-tu venir dire bonjour, mon chéri   ? s’écria Laura.
    Aussitôt déboula en riant un petit garçon qui courut se jeter dans les jupes de sa mère.
    —  C’est votre fils   ?
    —  Il s’appelle Paul.
    John, qui brûlait de savoir avec qui Laura avait bien pu se marier, crut bon de demander :
    —  Son père habite-t-il également ici, à Nankin   ?
    —  Non, monsieur Bowles. Mon mari a été fait prisonnier par des pirates sur la Rivière des Perles. C’était il y a longtemps… au mois de juin 1847. Depuis ce jour, je n’ai aucune nouvelle de lui ! lâcha Laura Clearstone en étouffant un sanglot.
    —  Comment s’appelle-t-il   ? Je le connais peut-être. Tous les Anglais se connaissent.
    Une terrible angoisse assombrit brusquement l’éclat du beau visage de Laura.
    —  Vous n’en saurez rien… Mes rapports avec mon mari ne concernent que lui et moi ! fit-elle dans un long soupir désespéré.
    En observant attentivement l’enfant, ses yeux marron en amande légèrement bridés et cernés par de longs cils, sa peau très fine et ses cheveux noirs et drus, raides comme des baguettes, John se prit à avoir des doutes. Et si le père était chinois   ? L’hypothèse lui parut hautement probable. Peut-être même s’agissait-il de Hong Xiuquan…
    —  Je pourrais vous aider à le retrouver, à condition que vous m’en disiez un minimum…
    —  Monsieur Bowles, je n’ai besoin de l’aide de personne !
    Le journaliste, conscient qu’il avançait en terrain miné, jugea qu’il valait mieux changer son fusil d’épaule.
    —  En fait, je suis venu solliciter une interview… J’ai fondé mon propre journal, le North China Weekly.
    —  Les journaux occidentaux n’arrivent pas jusqu’ici…
    —  Je m’essaie à une vaste enquête sur les Taiping. Un document que je veux strictement impartial, réalisé sans aucun a priori ni tabou. C’est la raison de ma présence ici. Je ne parlerai que de ce que j’aurai vu et entendu ! Si vous saviez le nombre de bêtises qui se racontent au sujet du Céleste Royaume et de son chef suprême…
    —  Votre démarche me paraît risquée mais, en tout état de cause, méritoire. Et qu’ai-je donc de si intéressant pour faire l’objet d’une interview dans votre journal, monsieur Bowles   ?
    —  Votre histoire. Oui   ! Votre itinéraire. Tout simplement phénoménal. Mes lecteurs seront passionnés par le récit de vos tribulations. Comment fait-on pour passer du presbytère d’un pasteur baptiste de Canton à la capitale du Céleste Royaume   ? Telle est la question à laquelle j’aimerais beaucoup que vous me répondiez.
    —  Vous savez, ce que vous appelez mon « itinéraire » n’a rien d’extraordinaire…
    —  A vos yeux, sans doute, mais pas aux miens ni à ceux de mes lecteurs… et lectrices !
    —  N’ayant rien à cacher, je n’ai aucune gêne à vous expliquer comment je me suis retrouvée ici.
    Laura, son fils Paul assis auprès d’elle, se mit à raconter d’une voix égale et douce son histoire à Bowles qui la transcrivit fidèlement sur son carnet de notes.
    —  Et vous trouvez cela banal   ? s’écria ce dernier lorsqu’elle l’eut

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