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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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armées : à la base, il y aurait eu le lin constitué par cinq familles ; vingt-cinq lin eussent formé un li, ou village, et ainsi de suite jusqu’au chui, qui eût compté pas moins de très exactement treize mille cent cinquante-six familles…
    —  Ceci est mon premier édit. C’est celui dont je suis le plus fier, s’écria le Tianwan en montrant une affiche au mur où figuraient les Dix Commandements que chaque Taiping, quel que fût son niveau d’instruction, était tenu d’apprendre par cœur.
    —  Quels sont les châtiments encourus en cas de non-respect de ces préceptes   ? demanda l’Anglais.
    —  Pour les quatre premiers, qui ont trait au culte exclusif de Dieu, c’est à Lui et à Lui seul de décider s’il les envoie dans les dix-huit enfers. Pour ce qui concerne les six autres, leur non-respect fait encourir à son auteur la peine capitale.
    —  Sous quelle forme   ?
    —  D’une façon générale la décapitation… sauf pour le manquement au septième, adultère ne commettras pas et de toute impureté {45} te détourneras , où je fais utiliser la technique de la « lampe céleste ».
    —  Qu’est-ce à dire   ? demanda Bowles, sans lever le nez de son carnet de notes dont les pages noircissaient à vue d’œil.
    Hong Xiuquan se rengorgea.
    —  Le condamné est brûlé vif après avoir été enrobé dans du papier imbibé d’huile. Son corps s’enflamme comme une mèche, mais il se consume lentement… précisa avec détachement le Tianwan comme s’il expliquait à son visiteur une vulgaire recette de cuisine.
    —  C’est atroce ! laissa échapper John en frissonnant. Contrarié par la remarque, le Tianwan s’écria :
    —  Prenez note de ceci, monsieur Bowles, afin que tous les lecteurs de votre journal le sachent bien : il suffit à un Taiping de respecter les Dix Commandements et il ira droit au Ciel après sa mort… Celui qui ne respecte pas les lois du Céleste Royaume doit en assumer toutes les conséquences.
    Ainsi, le Tianwan, persuadé de faire le bien de ses ouailles, appliquait ses lois totalitaires de façon aveugle et implacable.
    —  Monsieur Bowles   ?
    —  Oui… fit le dessinateur.
    —  L’intérêt que vous manifestez pour le Céleste Royaume m’amène à vous faire une proposition.
    —  Plaît-il, Votre Majesté   ?
    —  Pour moi, Nankin n’est qu’une étape et il n’est jamais bon de s’endormir sur ses lauriers. Avant l’été, nos armées reprendront leur longue marche. J’ai décidé de lancer deux offensives majeures qui devraient nous rapprocher du centre du pouvoir actuellement détenu par les usurpateurs. La première visera le Henan. La seconde consistera à s’emparer de l’Anhui. Si vous le souhaitez, vous pourrez être des nôtres à ce moment-là. Ici, vous n’avez vu rien d’autre qu’un gros bivouac où se prélassent de gentils chats gorgés de lait de vache ! Il vous manque d’observer les Taiping au combat. Sur le champ de bataille, ils se comportent comme des tigres assoiffés de sang…
    Quand on s’appelait John Bowles, il était hors de question de refuser une telle opportunité.
    —  Avec joie, ô Tianwan.
    —  Je vais demander au Prince de l’Orient de prévenir le général Lin Fengxian afin qu’il s’occupe de votre venue. Lin mettra un de ses meilleurs colonels à votre disposition afin que vous ayez un accompagnateur digne de ce nom !
    —  Je suis extrêmement reconnaissant au Céleste Souverain ! Après s’être emparé d’une feuille, Hong Xiuquan y griffonna le nom de Bowles en caractères chinois avant d’y apposer son sceau et de le tendre à son visiteur.
    —  Ceci est un sauf-conduit. Grâce à ce papier, vous franchirez sans encombre tous les barrages mis en place par les militaires du Céleste Royaume.
    Bowles, qui, n’en espérant pas tant, exultait, se cassa en deux.
    —  Merci infiniment, ô Tianwan !
    —  Vous serez toujours ici chez vous ! conclut ce dernier en tendant une main ferme et brûlante à l’Anglais.
    Lorsqu’il franchit la porte du palais du chef suprême des Taiping, Bowles était sur un petit nuage : dans sa besace, il tenait le reportage du siècle !

 
    54
     
    Kunming, 70 mai 1853
     
    Les rayons du soleil ne tarderaient pas à dissiper la brume de chaleur et, autour de Kunming, bientôt recouverte par une chape d’air brûlant, surgiraient à nouveau les cimes montagneuses qui lui servaient d’écrin.
    Alors que,

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