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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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s’en prendre à ce tertre… lâcha le Chinois qui avait l’air de souffrir horriblement.
    La mort dans l’âme, Bowles, tel un chasseur obligé de rengainer son arme, s’exécuta. Ils entamèrent la descente du tertre. Le sol était si glissant que le journaliste proposa au Chinois de s’appuyer sur son épaule.
    —  Et dire que j’avais ordre de vous protéger ! soupira le blessé.
    Lorsqu’ils arrivèrent au pied de la colline, après avoir failli cent fois se rompre le cou, à force de glisser sur les rochers mouillés, Mesure de l’Incomparable désigna, à moitié cachée par des roseaux, une cabane en ruine.
    —  Vous allez me laisser là et revenir au camp de base. Le chemin est juste à quelques mètres derrière vous. Il vous suffira de courir et vous tomberez sur les nôtres ! gémit le colonel blessé.
    Le Taiping souffrait le martyre.
    —  Je ne vais tout de même pas t’abandonner ici !
    —  Je ne marche pas assez vite. Je vais vous retarder. La zone est trop dangereuse… J’ai reçu l’ordre de vous ramener sain et sauf à Nankin.
    —  Il n’est pas dans mes habitudes d’abandonner un blessé sur le champ de bataille ! protesta Bowles.
    —  Lorsque vous arriverez à Zhongyong, il vous suffira de prévenir les secours… Si je les intéresse encore, ils viendront me chercher. Sinon, je vous supplie de prévenir Jasmin Éthéré que je ne rentrerai pas à la maison, murmura le Chinois dont la blessure s’était agrandie pendant qu’il redescendait du tertre.
    Le sang qui en coulait abondamment expliquait son extrême pâleur. Il était si épuisé que Bowles, soudain inquiet, crut bon de le rassurer.
    —  Tu vas revenir chez toi… J’en suis sûr… Je vais t’aider à…
    L’Anglais n’avait pas achevé sa phrase qu’il fut interrompu par des hurlements, suivis de pas, en provenance des roseaux où un tumulte de tiges froissées, de coups de machette et de cavalcades était également perceptible.
    —  Cachez-vous dans la cabane ! Ce sont des Mandchous ! Nous sommes cernés ! lui ordonna Mesure de l’Incomparable, soudain saisi par une peur panique.
    John plongea sans réfléchir vers la hutte de roseau et y atterrit à plat ventre dans la boue. Pour la première fois depuis qu’il suivait l’offensive des Taiping, il n’en menait pas large. Quelques instants plus tard, hors d’haleine et vert de peur, collant son œil contre la mince cloison de roseau, il aperçut trois cavaliers mandchous dont les montures ruisselantes d’écume caracolaient autour de ce pauvre Mesure de l’Incomparable qui gisait à terre.
    —  On te tient, gredin ! hurla l’un des impériaux après avoir sauté de son cheval.
    —  Un colonel Taiping ! Bonne pioche ! D’habitude, ils ne nous envoient que leurs gosses !
    Pendant que l’un des Mandchous tenait les chevaux par la bride, les deux autres sortirent leurs machettes avant de se ruer vers le blessé comme des fauves sur leur proie.
    —  Il y avait un nez long sur le sommet du tertre ! Où est-il   ?
    Ils en avaient après lui !
    —  Le nez long travaille pour un journal de Shanghai… Il n’est pas soldat. Il ne combat pas ! eut la force d’expliquer le Taiping qui avait déjà perdu beaucoup de sang.
    —  Nous voulons interroger ce type !
    —  À l’heure qu’il est, il doit déjà être rentré à Zhongyong !
    Les deux soldats se regardèrent en ricanant.
    —  Tu n’es qu’un vil menteur ! hurla le premier.
    —  Je vous jure que c’est vrai… ma tête à couper ! Je suis chargé de le chaperonner. Il a juste fait quelques dessins puis il est reparti vers le camp de base.
    —  Je n’ai aucune confiance dans ce colonel ! s’écria l’autre en balançant dans le visage du blessé un violent coup de pied qui le fit vaciller.
    Puis, afin de vérifier si Mesure de l’Incomparable disait vrai, il piqua son torse avec la pointe de son épée. Le Taiping, étendu les bras en croix sur le sol boueux, se mit à hurler de douleur. Les impériaux s’acharnaient sur lui comme des chasseurs sur la bête qu’ils viennent de blesser et souhaitent achever. Bowles, qui n’était qu’à quelques mètres, retenait son souffle, pétrifié d’effroi. Mesure de l’Incomparable parlerait-il   ? À en juger par les grandes taches brunes qui s’étaient formées sur sa poitrine et sur ses cuisses, le Taiping se vidait de son sang. Au bout de quelques minutes qui parurent des siècles au

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