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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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journaliste, le dernier compagnon de Jasmin Éthéré rendit l’âme, les yeux révulsés vers le ciel en prononçant le nom de Dieu et celui du Christ.
    —  Il est mort ! marmonna l’un des impériaux en balançant un dernier coup de pied dans le cadavre.
    —  Il bouge encore… fit l’autre, soupçonneux.
    —  Je te dis que non ! Nous l’avons eu. Un de moins ! conclut le sbire après avoir enfoncé une dernière fois son épée dans le cou de sa victime.
    Bowles, qui s’attendait à une fouille de la cabane, les vit repartir avec un soulagement qui ne tarda pas à faire place à un lourd sentiment de culpabilité. Grâce à l’héroïsme de Mesure de l’Incomparable, il était sain et sauf. Mais si ce dernier était mort, c’était aussi à cause de son entêtement. En se rendant coûte que coûte sur le champ de bataille, il avait provoqué la mort d’un innocent. Épuisé, il s’allongea sur le sol et s’endormit aussitôt. Quand il se réveilla, la nuit venait de tomber et une légère brise chassait les nuages du ciel où apparaissaient des trouées de plus en plus vastes, toutes cliquetantes d’étoiles. À demi rassuré, il mit le nez dehors. Dans son halo de buée bleutée, la lune se dévoila, éclairant le corps de Mesure de l’Incomparable qui gisait, la gorge tranchée, dans une mare de sang caillé. Bowles manqua de défaillir et dut se retenir pour ne pas éclater en sanglots. Après le fracas des armes et les hurlements des blessés, une lourde chape de silence s’était abattue sur la plaine où, quelques heures plus tôt, des centaines d’enfants soldats avaient été abominablement massacrés. La brise était tombée et les roseaux dont la cime s’agitait d’ordinaire au moindre souffle d’air étaient figés. Bouleversé, John avança de quelques mètres en veillant à ne faire lui-même aucun bruit et retrouva sans peine le chemin par lequel ils étaient arrivés. Alors, sans réfléchir, il se mit à courir comme un fou en direction de Zhongyong, en écartant à s’en déchirer les mains les buissons que l’orage avait fait tomber sur la piste.
    —  Mon général, Dieu soit loué, le journaliste est vivant ! s’écria un Taiping sur lequel, tout à sa hâte de revenir au camp de base, l’Anglais avait buté.
    —  J’aime mieux ça ! S’il lui était arrivé malheur, le Tianwan ne nous l’aurait pas pardonné ! assura un autre militaire de l’armée des gueux dont les longs cheveux étaient noués en chignon à la façon des officiers de l’armée du premier empereur Qin ShiHuangdi.
    John, en s’écroulant, eut le temps de murmurer :
    —  Si je m’en suis sorti, c’est grâce au colonel Mesure de l’Incomparable !
    —  Où est-il   ? s’enquit l’officier au chignon dont la petite étoile brodée sur le col de la veste signalait qu’il avait rang de général.
    —  Mort ! Les impériaux se sont acharnés sur lui ! De vrais sauvages… souffla le journaliste au bord de la syncope.
    Il voyait encore les coups s’abattre sur le jeune colonel Taiping qui rêvait de partir en Angleterre pour échapper à un sort qui l’avait, hélas, définitivement rattrapé.
    —  Il n’a fait que son devoir et a gagné son billet pour le paradis… Permettez-moi de me présenter, monsieur Bowles. Général de brigade Sérénité Accomplie, c’est à moi qu’échoit la triste tâche de commander les opérations dans ce maudit secteur de l’Anhui où nos troupes ne sont pas suffisamment équipées ! tonna l’antiquaire de Canton, visiblement moins ému par la mort de Mesure de l’Incomparable que par la criante disparité entre les combattants en présence.
    —  Pourquoi les enfants soldats sont-ils si peu armés   ? demanda John qui ne pouvait, à cet égard, que partager le point de vue du général.
    —  Il faudrait poser la question au commandement suprême. C’est lui qui décide de l’équipement des troupes… Quant à moi, je dois faire avec ce qu’on me donne ! pesta le général.
    C’est tout naturellement que le cousin de Tang s’était retrouvé chez les Taiping peu de temps après le départ pour Kunming de ce dernier. Davantage fasciné par le nationalisme de Hong que par ses idées religieuses, il avait décidé de combattre au grand jour, après s’être juré qu’il ne prendrait plus part à ces actions secrètes où il avait déjà risqué de perdre son âme en livrant des secrets qui ne lui appartenaient pas. Ayant

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