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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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d’accueillir le successeur du prêtre qui l’avait baptisé.
    Tout feu tout flammes et animé d’un terrible désir de bien faire, le père lazariste Alexandre Monceau avait débarqué à Canton un mois plus tôt à peine, frais émoulu du 95 de la rue de Sèvres à Paris où cette congrégation religieuse, fondée à l’époque de Louis XIII par saint Vincent de Paul dans le but de secourir les pauvres gens, avait établi son siège.
    La vocation de ce jeune prêtre était née à la lecture des Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie et au Thibet de son illustre aîné Évariste Huc qui avaient été publiés à Paris en 1850, à l’époque où son auteur se trouvait encore en Chine. Élevé par des parents très catholiques, c’était plein d’admiration pour l’intrépide missionnaire qui avait réussi l’exploit de traverser la Chine de bout en bout sans guide que le jeune Alexandre était allé sonner à la porte des bons pères avant d’y être reçu par leur supérieur en personne, le père Jean-Baptiste Étienne. « Monsieur Étienne », ainsi que l’appelaient les lazaristes, était un homme austère et qui tenait par-dessus tout à ce que son ordre religieux respectât les idéaux de pauvreté et d’humilité de son fondateur Vincent de Paul. La Chine étant l’une des principales terres de mission de celui-ci, son supérieur avait volontiers accueilli en son sein ce jeune Monceau encore tout feu tout flammes avant de l’envoyer s’inscrire à l’École des langues orientales afin qu’il y apprît le chinois et le japonais. Lorsqu’il s’était agi de trouver un successeur au père Lanchon, c’était tout naturellement que le choix du père Étienne s’était porté sur lui pour le remplacer.
    Ce dernier n’avait pas connu son prédécesseur, mort des fièvres à Colombo, sur le chemin du retour vers la mère patrie. En revanche, il avait eu la chance de croiser le père Huc à son retour de Chine et le contact avec celui qui se faisait appeler « Lama de Jéhovah » et dont la santé était malheureusement fort déclinante n’avait fait que renforcer sa vocation de missionnaire dans l’Empire du Milieu.
    —  Fondez-vous dans la Chine comme un morceau de sucre dans une tasse de thé ! Vous verrez, vous ne serez pas déçu et les Chinois vous le rendront au centuple ! avait conseillé le père Huc à son jeune collègue, quelques jours avant qu’il n’embarquât à bord d’un navire qui reliait Marseille à Alexandrie.
    Ce jeune prêtre encore très naïf, animé du désir de bien faire et qui, surtout, ne doutait pas qu’il ferait beaucoup mieux que son prédécesseur, avait décidé de commencer la tournée de ses ouailles par une visite à la famille Zhong que tout le monde citait, au sein de la petite communauté catholique de Shantou, comme l’exemple le plus parfait de l’efficacité du travail apostolique accompli par le père Lanchon.
    Il avait également quelque chose de très précis à demander à Joseph Zhong.
    —  Mes respects, père Monceau, fit Pivoine Maculée de Rose.
    Le jeune lazariste se tourna vers le père de la jeune fille et lui dit d’une voix flûtée :
    —  Joseph Zhong, il paraît que votre dispensaire est un modèle du genre !
    —  Vous êtes trop indulgent. Nous faisons les choses de façon bien modeste.
    —  Mais tellement efficace !
    —  Vous êtes trop indulgent !
    —  Que nenni ! Au fait, savez-vous que Zhangzhou manque cruellement d’hôpital   ?
    —  Bien sûr !
    Monceau eut une moue dégoûtée.
    —  Les gens viennent mourir dans la rue, juste devant la porte du presbytère. Il n’y a pas de jour où l’on ne soit obligé d’enjamber des cadavres pour entrer…
    Il était impossible de savoir si c’étaient les morts eux-mêmes ou le fait que, par leur présence, ils gênaient l’entrée de sa maison qui contrariaient à ce point le lazariste.
    —  Beaucoup de mendiants arrivent également chez nous à bout de forces et malheureusement lorsque l’assaut de la maladie peut leur être fatal… essaya de lui expliquer Joseph Zhong.
    Mais le prêtre, imperturbable, continuait à dérouler son raisonnement.
    —  Aussi l’idée m’est-elle venue de créer un dispensaire juste à côté du presbytère. Il y a là un vaste terrain vague qui s’y prêterait formidablement. Qu’en pensez-vous, monsieur Zhong   ?
    —  Je trouve que c’est une excellente initiative… Il faut savoir que beaucoup de

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