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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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l’amicale pression de M. Rémi, qui trouvait qu’il était nécessaire de prévoir des terrains destinés à des implantations françaises, je suis allé négocier avec Gong, le haut magistrat chinois chargé du rapport avec les étrangers. Les autorités chinoises ont accepté de me concéder soixante-six hectares {66} . C’est peu par rapport aux cent soixante-six que nos amis anglais ont réussi à leur arracher, mais enfin, c’est déjà un bon début ! J’espère bien pouvoir faire construire dans quelques années un bâtiment consulaire aussi imposant que le leur !
    Il n’y avait pas une once d’humour dans les propos du consul, alors même que la concession française n’était encore qu’un vaste terrain vague où l’unique maison existante, en dehors de celle occupée par le consulat de France, avait été bâtie par l’horloger Rémi, au milieu des cimetières abandonnés aux herbes folles où des paysans chinois chassés de leurs terres continuaient à planter leurs cahutes de torchis.
    —  J’en suis fort aise ! Cette concession doit sûrement donner une fort belle image de la France… se borna à répondre Antoine, pour lequel l’heure n’était définitivement plus aux règlements de comptes.
    —  Nous sommes encore loin de l’objectif recherché… Mais enfin, je n’ai pas payé ces terrains un centime, alors que le père Freitas Branco voulait une somme faramineuse pour le sien. Il faut dire que ce jésuite était un drôle de bonhomme… paix à son âme !
    —  Il est mort   ? s’exclama Vuibert qui faillit avaler de travers.
    —  Oui… et même dans des conditions assez tragiques : criblé de balles au cours d’une attaque menée par la triade des Petits Couteaux contre l’église Saint-Ignace. On le disait terriblement affairiste. Tant qu’il était en vie, on assimilait volontiers la communauté des jésuites à un coffre-fort rempli de lingots d’or…
    —  Je connaissais un peu ce sacré lascar de Freitas Branco, ajouta Rémi.
    —  Je suis prêt à parier qu’il vous a proposé une association, souffla Antoine.
    —  Exact. Il était intéressé par le commerce des horloges.
    —  Vous ne m’étonnez pas ! Freitas était éclectique en ce qui concerne le choix de ses partenaires.
    —  Il prétendait que ses autorités lui mettaient une terrible pression sur les épaules pour qu’il leur ramène des ressources. Il m’avait proposé de me mettre en rapport avec l’un des préposés aux horloges de la Cité Interdite moyennant une commission de dix pour cent, précisa Rémi en accompagnant son propos du geste consistant à frotter le pouce contre l’index et le majeur.
    —  Ce diable d’homme avait un sens inné des affaires. Plusieurs sources m’ont assuré qu’il avait eu un enfant d’une Chinoise et que la mère et la fillette étaient mortes de la peste bubonique. Ce Freitas était un personnage digne d’un roman ! déclara à son tour le consul.
    —  Freitas savait tout avant tout le monde. Il connaissait la date de votre arrivée alors que je l’ignorais moi-même ! murmura Antoine, encore sous le choc de la nouvelle de la mort du Portugais et dont la voix, soudain plus grave, témoignait de l’onde de nostalgie qui l’avait envahi.
    Comme si c’était hier, il se souvenait de son premier contact avec Freitas et de l’accent portugais à couper au couteau avec lequel il l’avait entrepris sur le quai, à peine avait-il débarqué à Shanghai…
    —  Le pire dans tout ça, c’est que ce pauvre garçon venait d’être nommé évêque de Timor par Rome. Il m’avait confié avoir hâte de quitter Shanghai, précisa Charles de Montigny, une ombre de tristesse dans les yeux.
    La bouteille de Champagne ayant été vidée, le consul leur proposa une collation, qu’ils acceptèrent sans se faire prier étant donné que c’était l’heure de déjeuner. À peine le rôti de porc à la purée de pommes de terre avalé, Rémi offrit à Stocklett de l’emmener visiter sa maison, laissant seuls le consul et son ancien secrétaire.
    —  Aimez-vous la Chine, monsieur Vuibert   ? s’enquit le diplomate après avoir fait servir du café à l’intéressé, en prenant le ton enjoué de l’homme du monde au moment où il s’apprête à briller en public.
    —  À vrai dire, je me sens si bien en Asie que je ne me vois pas retourner en France, du moins pour l’instant. Et vous, monsieur le consul   ?
    —  L’acclimatation

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