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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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tronc d’arbre millénaire et impavide, dont le bois était si dur qu’il la mettait hors d’atteinte des événements et des soubresauts, qui, ailleurs, eussent fait sauter n’importe quel régime, allait enfin s’enflammer comme de la vulgaire étoupe !
    —  « La Grande Chine, celle du Premier empereur Qin Shihuangdi, revivra et vaincra pour redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : le Centre du Monde ! » Signé Sérénité Accomplie et Tang le prince !
    C’était donc un acte nationaliste accompli par deux patriotes qui, cherchant à frapper les esprits, n’avaient pas hésité à sacrifier leur vie à la cause qu’ils servaient.
    Mais pas plus Bowles que le fils caché de Daoguang ne sauraient jamais que Sérénité Accomplie et Tang, ayant souhaité mourir ensemble en offrant leur sang pour la cause de leur pays, avaient mûrement réfléchi à cet acte dont la préparation leur avait pris plusieurs semaines.
    Quelques mois plus tôt, ils s’étaient retrouvés, telles deux âmes esseulées et déçues, après que Tang, la haine au cœur contre les méprisables Occidentaux, eut quitté Kunming pour Nankin où Sérénité Accomplie, lui-même dégradé de toutes ses fonctions de commandement par le Prince de l’Orient, avait été muté dans un obscur bureau du ministère de l’Approvisionnement des Forces Armées. En commettant un attentat en plein Shanghai, ils avaient non seulement agi de leur plein gré mais aussi en héros, persuadés qu’avec ce geste ils porteraient un terrible coup au moral des usurpateurs. Pour Sérénité Accomplie, ce glorieux fait d’armes était également une façon de prouver au Tianwan qu’il avait en sa personne un combattant valeureux du concours duquel Yang Xiuqing avait eu grand tort de se priver. Il était donc essentiel que fussent connues à la fois leur identité et les motifs pour lesquels ils avaient décidé de passer à l’acte. C’est pourquoi, en prenant soin d’en calligraphier soigneusement les caractères, ils avaient rédigé cette lettre de revendication qu’ils avaient placée dans un étui en fer, afin qu’elle ne fut pas détruite par l’explosion, un peu comme on jette une bouteille à la mer en espérant que quelqu’un finira bien par tomber dessus.
    —  C’est tout   ?
    —  Je vous ai tout lu, monsieur Bowles.
    —  Je vous remercie du fond du cœur pour votre aide ! s’écria le journaliste, avant de filer sans plus attendre à sa table de travail, prêt à y noircir la quantité de feuilles nécessaire pour que son article soit le mieux informé et le plus croustillant possible.
    La Pierre de Lune se racla la gorge.
    —  Monsieur Bowles… si je suis venu vous trouver, c’est parce que je suis à la recherche d’une jeune dame dont le nom est Laura Clearstone.
    —  Elle était encore ici, dans ces bureaux, pas plus tard qu’hier… avec son fils ! répondit distraitement l’Anglais, sans même lever les yeux, tout à sa réflexion sur la façon d’articuler les informations de première main dont il disposait à présent sur l’attentat du commissariat de police.
    Le sang du fils caché de Daoguang ne fit qu’un tour. Fébrile, il hurla presque :
    —  Laura est à Shanghai   ?
    Soulagé d’un poids immense en même temps que fou d’espoir, il se disait qu’il avait eu mille fois raison, y compris dans les moments les plus difficiles, de ne jamais céder au désespoir et de rester fidèle à la mère de son enfant. Il se sentait si joyeux que, pour un peu, il se fût jeté au cou de celui qui lui avait appris une si bonne nouvelle.
    Devant la violence de la réaction de son visiteur, parfaitement calme et maître de lui jusque-là, le journaliste, étonné, leva à contrecœur les yeux vers lui.
    —  Elle est arrivée à Shanghai il y a plusieurs mois…
    —  Je la croyais à Nankin, chez les Taiping. J’ai lu votre enquête avec infiniment d’intérêt, monsieur Bowles.
    La Pierre de Lune serrait si fort son exemplaire du Weekly qu’il l’avait chiffonné.
    —  Vous êtes trop aimable…
    —  Que fait Laura à Shanghai   ?
    —  Au printemps dernier, après avoir été contrainte de quitter Nankin d’où le chef des Taiping a fait évacuer toutes les femmes et tous les enfants en bas âge, elle projetait de prendre un bateau pour Londres. La mort de son frère Joe l’en ayant empêchée, Laura Clearstone a prévu de quitter Shanghai ces jours-ci.
    Une ombre

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