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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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avoir ramé comme des fous, nous échouâmes sur la rive. À peine avait-elle mis le pied sur la berge, qu’elle voulut à tout prix repartir chez ce pasteur qui l’hébergeait et où son frère l’attendait. Depuis, je n’ai aucune nouvelle… Si vous voulez m’en croire, on ne fait pas faire ce qu’elle ne veut pas à cette Laura Clearstone.
    —  J’ai cru comprendre que son jeune frère ne pouvait compter que sur elle…
    —  À vrai dire, je ne m’inquiète pas trop pour elle. Cette jeune fille n’est pas du genre à s’en laisser conter. Elle sait ce qu’elle veut !
    —  Je partage votre opinion, lâcha Antoine qui gardait, à cet égard, un souvenir plutôt cuisant des propos par lesquels Laura l’avait éconduit.
    Niggles, bien décidé à continuer son offensive, poursuivit, comme si de rien n’était, la conversation.
    —  Mais parlez-moi un peu de votre séjour chez ces pirates… Si j’en crois votre présence devant moi, malgré toutes les horreurs que vous avez subies, il ne s’est pas si mal terminé   ?
    —  J’ai surtout eu de la chance. Normalement, je n’aurais pas dû m’en tirer à si bon compte !
    —  J’espère que vous ne m’en voulez pas trop, susurra le marchand d’opium en tendant à son interlocuteur une coupelle remplie de pastilles à la menthe.
    Antoine, qui n’aimait pas les bonbons, refusa poliment d’un geste, tandis que Niggles en fourrait deux d’un coup dans sa bouche, pour le cas où baby face finirait par succomber à ses charmes.
    —  À quel titre devrais-je vous en vouloir   ? Vous n’êtes nullement responsable de ce qui m’est arrivé ! protesta Antoine.
    —  Vous êtes trop aimable. C’est moi qui ai tenu à vous amener à Shanghai…
    —  Avec vous ou avec un autre, j’y serais allé de toute façon. Le projet consistant à m’associer avec vous dans le commerce d’antiquités m’avait séduit…
    —  Vous parlez de cela au passé. Est-ce à dire que vous n’envisagez plus de vous associer avec moi, monsieur Vuibert   ? lâcha Niggles en se raidissant.
    —  Cette envie existe toujours, cher monsieur. Ce n’est pas notre équipée ratée chez cet antiquaire obtus qui m’aura fait changer d’avis !
    Lorsque le directeur de Jardine & Matheson en Chine entendit ces mots, une bouffée d’espoir pénétra dans ses narines avant d’aller se poser sur son cœur. Tout n’était peut-être pas perdu avec baby face …
    —  Vous êtes adorable, très fair-play, un vrai gentleman, mon cher Antoine.
    —  C’est trop aimable de votre part… Jack !
    Niggles, ravi d’être enfin appelé par son prénom, buvait du petit-lait.
    —  Voulez-vous goûter à mon whisky hors d’âge   ? Il est excellent.
    —  Va pour un whisky !
    Après en avoir avalé une gorgée et s’être raclé la gorge, le Français reprit la parole :
    —  En fait, Jack, si j’ai cru bon de venir vous voir, c’est également pour vous faire part d’un point susceptible de vous intéresser.
    L’Anglais, aux anges, soupira d’aise : ce n’était donc pas uniquement pour prendre des nouvelles de Laura Clearstone que baby face était venu le voir !
    —  Je vous écoute, mon cher Antoine !
    —  La mission dont le chef des pirates m’avait chargé n’était pas sans rapport avec votre firme…
    Niggles eut une sorte de haut-le-cœur et fit un bond.
    —  Que voulez-vous dire   ?
    —  Épée Fulgurante croyait dur comme fer que j’étais d’origine anglaise et…
    Niggles, tout à son fantasme de séduction, ne le laissa pas terminer sa phrase et s’écria d’une voix forte, presque braillarde :
    —  Sans vous flatter, vous avez l’air d’un Anglais de pure souche ! C’est vrai. Vous le parlez avec un très léger accent gallois. Vous avez la peau blanche et le teint clair…
    Haussant légèrement le ton à son tour, Antoine décida d’écourter cette description qui s’annonçait par trop dithyrambique.
    —  En fait, ce pirate exigeait de moi que je dédouane des denrées stockées dans l’un de vos entrepôts de Canton, lâcha-t-il sobrement.
    Jack, pâle comme un linge, s’écria, indigné :
    —  Mais c’est rigoureusement impossible ! Toute marchandise qui entre ou qui sort de nos magasins est obligatoirement accompagnée d’un certificat indiquant sa provenance et sa destination. Tout ! Absolument tout ce qui transite par nos magasins fait l’objet de contrôles systématiques ! Le moindre

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