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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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sinistre geôle et pressé de serrer dans ses bras sa chère Laura qui allait lui donner un enfant.

 
    37
     
    Shanghai, 26 août 1847
     
    Niggles, qui ne s’était pas encore levé à cause d’un fort mal de crâne, entendit le tintement de la clochette de la porte d’entrée. Quelques instants plus tard, le visage de Zhong le Discret apparut.
    —  Qui est-ce   ?
    —  Je pense que monsieur va être content. M. Antoine Vuibert souhaite voir monsieur, répondit en minaudant Zhong le Discret à son maître.
    —  Pas possible !
    —  Je l’ai installé au salon avec une tasse de thé !
    —  Dis-lui que je descends tout de suite ! s’écria le marchand d’opium en jaillissant de son lit comme un diable de sa boîte.
    Ainsi, son cher petit baby face était de retour ! À vrai dire, il n’y croyait plus, persuadé que le Français n’avait pas survécu à l’attaque du Dragon Rouge par cette bande de pirates. Comme quoi, le pire n’était jamais sûr. Requinqué et soulagé comme si son ange gardien lui avait ôté un énorme poids de la poitrine, Jack se donna à la hâte plusieurs coups de peigne, se regarda dans le miroir puis, satisfait du résultat, s’empara fébrilement de son nécessaire à barbe. Il n’était pas question de se présenter avec une barbe de trois jours devant celui qu’il ne désespérait pas de séduire…
    Lorsqu’il déboula dans le salon, après s’être superstitieusement aspergé d’eau de Cologne, il constata avec plaisir que baby face n’avait pas l’air spécialement marqué par ses mésaventures. C’est tout juste si sa peau était plus hâlée qu’auparavant, ce qui, au demeurant, le rendait encore plus beau et désirable… En l’observant de plus près, l’Anglais se sentit fondre. Il lui trouvait même un côté « sauvage et félin » qu’il ne lui avait pas remarqué les fois précédentes et qui rajoutait terriblement à son charme. Euphorique, il mit ce nouvel atout sur le compte de la récente équipée du jeune homme, comme si les épreuves qu’il avait traversées le rendaient encore plus séduisant…
    —  Si vous saviez ce que je suis heureux de vous revoir, mon cher Antoine ! fit Niggles, aux anges.
    Sentant que, sous l’effet du désir, son rythme cardiaque s’accélérait et que son sexe se gonflait, il croisa promptement les jambes.
    —  Je reviens de loin…
    —  Vraiment   ? Je veux bien le croire. Racontez-moi donc, mon cher !
    —  Avec La Pierre de Lune, nous étions tombés dans un traquenard dont je ne pensais pas me sortir…
    —  Plus de deux mois sans donner de vos nouvelles, vous m’avouerez qu’il y avait de quoi être inquiet ! lâcha Niggles qui roucoulait presque.
    Après s’être lancé, sous le regard de son hôte toujours plus sous le charme, dans un récit circonstancié de ses mésaventures, le Français, qui gigotait sur sa chaise comme s’il éprouvait une certaine gêne, acheva sa relation par ces mots :
    —  Pour finir, j’ai fait l’école buissonnière pour venir de Canton à Shanghai… Avec un détour par Changsha !
    —  En effet ! Vous en avez vu, du paysage !
    —  Chat échaudé craint l’eau froide, dit Antoine en grimaçant. J’ai préféré les petits chemins de traverse afin d’éviter les axes principaux et leurs barrages de police. Je me suis perdu, et pas qu’une fois !
    —  Vous avez l’air de souffrir, souffla Niggles auquel les rictus de baby face n’avaient pas échappé.
    —  Je suis resté assis sur une mule pendant huit jours alors que l’atmosphère était très humide. La selle m’a provoqué des clous…
    —  Comment ça, des clous   ?
    —  Oui… si vous voulez des furoncles…
    —  L’essentiel est que vous soyez là devant moi sain et sauf, mon cher Antoine ! murmura Niggles, tout près de bondir sur une proie aussi désirable, à laquelle il eût volontiers passé une pommade cicatrisante sur les fesses avant de l’embrasser goulûment sur la bouche.
    Au bout de quelques instants de silence, le Français finit par poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis qu’il était entré dans le salon du marchand d’opium.
    —  Au fait, monsieur Niggles, qu’est devenue cette jeune Anglaise… Laura Clearstone   ?
    La question fit à Jack Niggles l’effet d’un poignard enfoncé dans son cœur. Il regarda baby face d’un air désespéré et lui répondit d’un ton las :
    —  Je n’en sais fichtre rien ! Après

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