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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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catholique ne tolérait pas que ses prêtres fussent mariés.
    —  Est-ce à dire que Rose Éminente ne pourra jamais sortir au grand jour avec son père   ? s’était-elle écriée, révoltée.
    —  À Shanghai, ce ne sera pas possible. Ici, je suis un prêtre. Si mes patrons apprenaient que je suis le père de cette petite fille, je perdrais mon emploi.
    La belle ouvrière, qui voyait ses illusions compromises, s’était mise à pleurer.
    —  Pourquoi ne partons-nous pas   ? Je ne voudrais pas que notre fille ne puisse jamais être vue en compagnie de son père !
    C’est ainsi que l’idée de l’envoi de sa femme et de sa fille en Europe avait germé dans l’esprit tortueux du jésuite.
    —  Je te le jure, ma mie. Tu partiras d’ici avec l’enfant. Tu iras habiter dans une ville européenne. Notre fille recevra une éducation. Elle apprendra à lire, à écrire et poursuivra des études. Peut-être même –   qui sait   ?  – réussira-t-elle à devenir médecin !
    —  Tu partiras avec moi, n’est-ce pas   ?
    —  Je viendrai te retrouver. Dès que ma mission en Chine s’achèvera !
    De la part de Freitas, c’était un pieux mensonge. Il n’avait aucune idée de ce qu’il adviendrait de lui. Partagé entre le désir d’expier son péché, ce qui impliquait de demeurer fidèle à la Compagnie de Jésus, et celui de fonder une famille, ce qui impliquait de déserter l’armée du Christ, il se refusait à choisir et avait décidé de laisser faire Dieu.
    —  Je prendrai le bateau   ? s’était écriée la jeune femme qui n’avait jamais mis les pieds en dehors de Shanghai.
    —  Bien sûr !
    —  Comment ferai-je pour payer le capitaine   ? Il paraît que la traversée de la grande mer coûte une vraie fortune !
    —  Compte tenu de ce que j’ai fait pour lui, M. Niggles ne pourra pas me refuser le service de te prendre à bord d’un de ses bateaux.
    —  J’ai peur de la mer… j’ai peur de ses vagues immenses… je ne veux pas partir sans toi ! Et une fois que je serai là-bas, comment nourrirai-je notre fille   ? Il faudra de l’argent et je ne sais rien faire d’autre que broder !
    —  Je suis sur le point de vendre à des nez longs d’un pays appelé France un beau terrain pour qu’ils y installent un palais. La Compagnie va gagner beaucoup d’argent. Il suffira que j’en garde une toute petite partie !
    —  J’ignore où est la France !
    —  C’est un pays situé de l’autre côté de la mer !
    Châtaigne d’Eau, qui ne possédait évidemment aucune espèce de notion de géographie puisqu’elle ne savait ni lire ni écrire, l’avait regardé avec des yeux étonnés et craintifs.
    —  Tu viendras m’y retrouver, de l’autre côté de la mer   ?
    En guise de réponse, comme il ne voulait pas mentir à celle à qui il avait fait un enfant, il s’était contenté de déposer un baiser sur son front.
    Diogo de Freitas Branco caressa le front de Marie Flore qui poussait à présent de petits gémissements. La chaleur de son corps brûlant irradiait la poitrine du Portugais. Après un hoquet suivi d’un long spasme, la fillette se mit à hurler, obligeant le jésuite à la rendre à sa mère.
    —  Tu es sûre que ce médecin est compétent   ? Je crains qu’elle ne soit très fiévreuse… fit-il, la moue inquiète, en s’essuyant le front.
    —  C’est un homme de l’art ! Il soigne les gens du quartier. Il lui donnera la bonne poudre et les flammes du feu interne baisseront…
    Il tâta le poignet du bébé dont les os affleuraient sous la peau tellement elle était mince, puis dégagea la manche de sa chemise.
    —  Elle en a fort besoin. Je la trouve très amaigrie. Elle est légère comme une plume…
    —  Vraiment   ? Je n’ai pas remarqué !
    Par pure protection mentale, Châtaigne d’Eau ne voyait pas son enfant péricliter.
    —  Regarde ces traces bleues sur ses bras… On annonce des épidémies de peste dans le sud du Zhejiang. C’est une maladie qui s’étend vite, comme l’eau d’un fleuve lorsqu’il déborde, souffla Freitas d’un air sombre.
    —  La peste   ?
    La jeune femme ignorait manifestement la signification de ce mot.
    —  Oui ! Ce sont les rats qui transmettent la maladie.
    —  Mais ma fille n’a jamais été mordue par les rats !
    —  Il suffit d’être mordu par une puce contaminée par un rat.
    Châtaigne d’Eau, qui ne comptait plus les fois où elle avait lavé les

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