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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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Emmenez- moi donc à ce club, s’il vous plaît. Mon nom est Datchenko et mon prénom est Irina. Je suis russe, de Saint-Pétersbourg.
    Bowles, fasciné par le ton impérieux et l’autorité qui émanaient de cette femme au port sublime et au visage de madone, se permit un compliment tout en prenant le chemin du club.
    —  Vous parlez très bien anglais, madame Datchenko…
    —  Vous dites ça pour me flatter car ce n’est pas vrai… Mon anglais est très mauvais ! fit-elle en souriant.
    Devant l’apparition des dents éclatantes de la superbe Russe, Bowles se sentit fondre un peu plus.
    —  C’est un plaisir que de vous conduire jusqu’au Club des Anglophiles. À vrai dire, cela tombe bien pour moi aussi. N’ayant pas encore eu l’occasion d’y mettre les pieds, je comptais y aller. Grâce à vous, ce sera chose faite ! Savez-vous qu’on en dit déjà ici le plus grand bien   ?
    —  Puis-je savoir ce que vous faites en Chine, monsieur Bowles   ? l’interrompit Irina.
    John comprit, à la façon dont elle lui avait coupé la parole, qu’Irma Datchenko savait ce qu’elle voulait.
    —  Je suis dessinateur de presse. Je croque les gens, les faits divers et j’envoie ça à l’ lllustrated London News , mon journal ! Il tire à deux cent cinquante mille exemplaires… C’est le premier organe illustré de Grande-Bretagne. Le nombre de nos lecteurs augmente de près de vingt-cinq pour cent chaque année !
    —  Mais c’est passionnant ! Il faut absolument que vous me racontiez tout ça, monsieur Bowles ! s’écria-t-elle, enthousiaste.
    La belle Russe avait l’air heureusement surprise par les propos de ce dernier, un peu comme si cette rencontre était pour elle une vraie aubaine, ce qui faisait jubiler intérieurement notre dessinateur de presse.
    —  Puis-je à mon tour vous demander le but de votre voyage, madame Datchenko   ? roucoula-t-il, persuadé qu’il avait une bonne touche.
    —  Vous êtes autorisé à m’appeler Irina ! En Russie, on s’appelle facilement par son prénom ! lui lança-t-elle sur un ton comminatoire, le tout accompagné d’un rire de gorge des plus charmants, ce qui l’encouragea un peu plus.
    Cette ensorcelante Irina avait décidément un charme fou.
    —  Euh ! Irina ! Dans ce cas, appelez-moi John ! Nous…
    Irina l’interrompit encore, en même temps qu’un voile de tristesse recouvrait ses yeux.
    —  Je suis venue retrouver mon fils. Il habite à Canton et cela fera bientôt vingt ans que je ne l’ai pas vu… souffla-t-elle.
    —  Votre fils a vingt ans… alors que vous paraissez si jeune !
    La remarque, qui avait échappé à John, la fit de nouveau sourire. Elle s’essuya furtivement le coin des yeux avec un mouchoir de dentelle d’une blancheur immaculée.
    —  Merci pour le compliment, John !
    —  Vous devez être contente de revoir votre fils… après tout ce temps !
    —  Il faudrait déjà que je sache où il se trouve !
    Face à un Bowles de plus en plus perplexe devant ses changements d’humeur, elle ne cachait pas son accablement. Depuis qu’elle était arrivée à Canton, personne n’avait été en mesure de lui donner des nouvelles de La Pierre de Lune.
    —  Vous ne connaissez donc pas son adresse   ? Irina regarda le journaliste d’un air las.
    —  John, accompagnez-moi donc au Club des Anglophiles. J’ai besoin d’une bonne tasse de thé noir.
    —  Nous y sommes ! s’écria Bowles en désignant l’élégante maison en brique, de style victorien, qui écrasait de sa superbe les méchantes bicoques en torchis de roseau bâties alentour, de bric et de broc.
    Lee Johnson avait fait en sorte qu’à peine entrés dans le salon du club, une pièce cossue, à l’ambiance cosy et légèrement vieillotte, aux murs tapissés de tissu jaune à fines rayures noires où s’ouvraient de hautes fenêtres encadrées par de lourdes tentures couleur lie-de-vin, ses compatriotes se croient dans leur chère et bonne ville de Londres.
    Tous les étrangers qui séjournent dans des pays lointains ont à cœur d’y reconstituer un petit bout de leur pays natal.
    Un serviteur indien en vareuse de soie gris souris et au regard si obséquieux qu’il en était triste les fit asseoir tandis qu’un autre, la copie conforme du précédent à ceci près qu’il était coiffé d’un turban noir, vint prendre la commande, le tout dans un anglais impeccable. Ils optèrent, elle pour un Darjeeling et lui pour un Uva

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