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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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tendance à éluder les problèmes, à l’instar des puissants qui ne veulent jamais être pris en défaut, quand ils se trouvent face à une question qu’ils sont incapables de résoudre ou à un événement qui les gêne. De peur que je ne devienne pour lui un reproche vivant, Daoguang m’a fermé sa porte. Il est sous influence. La Première Concubine veut ma peau… Quant à La Pierre de Lune, son retour inopiné à la Cour remettrait en cause la succession impériale !
    Elle étouffa un sanglot. À présent qu’elle avait tombé le masque, Bowles, bouleversé, faisait face à une femme totalement désespérée.
    —  Sincèrement, Irina, j’aimerais beaucoup vous aider…
    —  Que pensez-vous de ma démarche   ? À vrai dire, je n’ai pas d’autre choix que de révéler l’existence de mon fils au monde entier ! lâcha-t-elle d’une voix rauque avant d’avaler d’un seul trait une autre tasse de thé.
    —  Tout tiendra dans les preuves que nous pourrons apporter du lien de filiation entre Daoguang et La Pierre de Lune ! répondit Bowles, songeur, et qui imaginait déjà le démenti offusqué de la Cité Interdite qui risquait de mettre à bas la crédibilité de son scoop.
    —  Serait-ce que vous doutez de ma parole   ? souffla la Russe, furieuse.
    —  Pas le moins du monde, Irina !
    —  Il y a une preuve formelle. Le Fils du Ciel, ayant toujours considéré que La Pierre de Lune, comme ses autres fils, était susceptible de lui succéder un jour, a apposé son cachet personnel sur un certificat de paternité.
    —  Avec ce document, nous sommes sauvés ! Où se trouve-t-il   ? chuchota Bowles, tout excité.
    —  Le certificat fut caché dans un étui à pinceau et remis au calligraphe dont je vous ai parlé.
    —  Bouquet de Poils Céleste… celui qui fut découpé en morceaux…
    —  Hélas !
    —  Il ne nous reste plus qu’à espérer que le document ne s’est pas perdu ! glissa le dessinateur de presse, fort désappointé et non sans une certaine lassitude.
    Il en était déjà à imaginer les arguments qu’il devrait faire valoir auprès de Row pour que l’histoire d’Irina Datchenko ne soit pas assimilée à de la pure affabulation et son article jeté aux oubliettes. La Sibérienne, qui avait parfaitement jaugé l’abîme de perplexité dans lequel Bowles était plongé, se fit menaçante :
    —  Je vous trouve soudain moins enthousiaste. Ne seriez-vous pas en train de changer d’avis   ?
    Il sursauta et ne put que bredouiller :
    —  Ne vous méprenez pas, Irina ! Si je joue l’avocat du diable, c’est pour faire pièce aux arguments de ceux qui ont intérêt à vous décrédibiliser !
    Fébrile, il extirpa de sa sacoche son crayon à sanguine, un petit couteau à tailler les mines ainsi qu’une gomme.
    —  Pourquoi sortez-vous tous ces ustensiles   ?
    —  Je dois réaliser votre portrait ! Mon article sera évidemment illustré.
    —  Vous voulez commencer à le faire ici   ? fît-elle, soudain calmée.
    —  Laissez-moi attraper votre profil ! s’écria Bowles, avant de virevolter autour d’Irina sans la moindre retenue.
    L’époustouflante Russe pouvait être croquée sous tous les angles. Elle lui faisait penser à ces modèles immortalisés par le peintre Thomas Gainsborough {19} dont on ne savait plus, tellement ils étaient beaux, s’il s’agissait encore d’êtres humains.
    —  De trois quarts, ce sera parfait ! conclut-il en se figeant, après avoir fermé un œil pour mieux fixer son cadrage.
    —  Et dire que je ne suis même pas coiffée ! chuchota-t-elle en prenant coquettement la pose et en faisant mine d’arranger ses boucles.
    —  Ne bougez pas, s’il vous plaît. Là, c’est parfait ! lâcha John tandis que ses doigts habiles, en quelques traits hachés et tourbillonnants, faisaient apparaître, saisissants de ressemblance, le visage et le buste d’Irina. Lorsqu’il les eut achevés, il lui tendit la feuille.
    —  Qu’en pensez-vous   ?
    Le résultat était probant. Bowles avait réussi à capter cette grâce ensorcelante qui valait à la Sibérienne de faire tomber tous les hommes à ses pieds.
    —  Pas mal pour un premier jet. Vous êtes doué ! murmura-t-elle en souriant.
    Flatté, il était à nouveau sous le charme, désireux de rester si près d’elle le plus longtemps possible…
    —  Voulez-vous que nous allions dans le jardin   ? Nous y serons plus tranquilles et la lumière est plus

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