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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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population de la Chine est comme la mauvaise herbe : plus on la coupe et plus elle repousse ! dit le consul en engloutissant une cuisse de poulet au curry.
    Antoine déchantait, tout en se demandant s’il serait capable de travailler sous les ordres d’un homme qui tenait des propos aussi choquants. Il faillit même rétorquer au consul qu’il trouvait hasardeuse sa comparaison, mais préféra s’abstenir.
    —  Canton est-elle une ville aussi dure que Shanghai   ? demanda Stocklett, qui n’arrivait pas à venir à bout de son bami bilitung {29} et dont le cœur se serrait en pensant au sort des deux enfants Clearstone.
    —  Les conditions de vie des habitants y sont encore pires qu’ici… Canton reste la principale porte d’entrée de l’opium en Chine et l’humidité y est telle que les feuilles repoussent sur les meubles de bambou ! lâcha le jeune Vuibert auquel le patron venait de présenter une galette de riz frite farcie au poulet parfaitement craquante sous la dent.
    —  Si je comprends bien, les gens y vivent un enfer, souffla l’Anglais.
    Livide, regard éteint et d’humeur sombre, essayant d’imaginer la vie de Laura et de Joe dans la mégalopole de la drogue, il frissonna à l’idée que le calvaire de ces deux enfants lui était imputable. Après la parenthèse du voyage en mer qui lui avait lavé l’esprit, voilà que sa culpabilité refaisait surface, intacte comme au premier jour.
    —  Nash, vous n’avez pas l’air bien… Vous devriez aller vous reposer ! lui lança, perplexe, Charles de Montigny, qui ne l’avait jamais vu dans un tel état, y compris lors de la grosse tempête qu’ils avaient essuyée dans l’océan Indien.
    En même temps, il repoussa d’un geste le patron batave qui leur amenait le dernier plat du ricetaffel , en l’occurrence une marmite remplie à ras bord de lumpia babi , un délicieux porc sauté à l’oignon, au poireau et au chou blanc.
    —  J’ai un petit coup de barre. Je vais m’allonger et essayer de faire une sieste. Demain, ça ira mieux ! murmura l’intéressé en s’épongeant le front.
    Lorsque le comptable, à présent d’une pâleur cadavérique, voulut se lever, il tenait si mal sur ses jambes qu’il faillit s’effondrer. Antoine se précipita et, pour le soutenir, passa le cou sous l’un de ses bras.
    —  Antoine, veuillez reconduire M. Stocklett jusqu’à sa chambre ! lâcha sèchement Montigny.
    —  C’est ce que j’allais faire, monsieur le consul ! crut bon de préciser le jeune Français, piqué au vif, en même temps que la bouche du diplomate, qui n’avait manifestement pas l’habitude d’être repris par ses collaborateurs, se figeait dans une moue agacée.

 
    46
     
    Shanghai, 19 décembre 1847
     
    Ce jour-là, un soleil insistant avait réussi à percer puis à faire s’évaporer l’épaisse nappe de brume dans laquelle Shanghai baignait depuis huit jours. Après une nuit réparatrice, Charles de Montigny et Nash Stocklett s’étaient attablés au bar du Grand Hôtel où un obséquieux maître d’hôtel indien s’apprêtait à leur servir un solide breakfast. Lorsque Antoine Vuibert rejoignit les deux hommes, ils parlaient de leur traversée.
    —  Ce que j’ai vu de Batavia me donne fort envie de visiter Java… pas vous, Nash   ?
    —  Euh… oui ! Moi aussi ! lâcha l’Anglais, la tête ailleurs.
    —  Les Philippines aussi me tentent bigrement. Ces îles sont réputées pour leurs variétés d’orchidées. Vous savez, j’ai promis au directeur du Muséum de lui rapporter ma collection d’herbiers, lança Charles de Montigny en entamant ses œufs brouillés.
    —  Monsieur le consul est féru de plantes   ? hasarda Antoine.
    —  Il en connaît tous les noms par cœur… pour avoir vu M. de Montigny à l’œuvre, je peux vous assurer que sa science est très impressionnante ! insista Nash qui avait été fasciné par la rapidité avec laquelle son compagnon de voyage identifiait toutes sortes d’espèces végétales.
    —  Billevesées ! Comparé à un botaniste professionnel, je ne sais pas grand-chose, fît le consul en se rengorgeant.
    —  Pour ce qui me concerne, j’ai un faible pour les bronzes archaïques ainsi que pour les disques de jade… au point que certains jours, l’envie me prend de me lancer dans une collection d’objets chinois archéologiques ! déclara Antoine, bien décidé à faire comprendre au consul que son collaborateur avait ses

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