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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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propres goûts.
    —  Malgré mon faible pour les orchidées et pour les papillons, ce que j’ai vu ici il y a deux ans en matière d’antiquités m’a déjà mis l’eau à la bouche ! M. de Lagrené avait l’œil aiguisé, fit Montigny sans relever.
    —  Quand on s’y connaît un peu, il n’y qu’à se baisser et on ramasse des merveilles…
    —  Chez les antiquaires   ?
    —  Pas seulement ! Beaucoup de familles aisées se voient contraintes de vendre leur patrimoine sur le pas de leur porte lorsqu’un de leurs membres a le malheur de tomber dans l’opium ! Elles bradent des meubles et des objets légués par leurs ancêtres !
    —  Si je comprends bien, quand on marche dans certains quartiers, il faut avoir l’œil du chasseur ! Les parties de chasse ne m’ont jamais déplu ! gloussa le consul de France.
    —  Si j’en avais le temps et l’opportunité, je me joindrais bien à vous pour traquer ce genre de gibier, soupira Nash Stocklett qui n’arrivait plus à cacher sa tristesse.
    Car son gibier risquait d’être beaucoup plus difficile à débusquer. Pendant la longue traversée, en affichant une bonne humeur que rien ne semblait pouvoir altérer y compris lorsque la mer était mauvaise, il avait réussi à donner le change à Montigny tout en se gardant bien de lui indiquer la vraie raison de sa venue en Chine. Mais à présent qu’il était le nez sur l’obstacle, il se sentait gagné par la déprime et ne savait plus trop par quel bout il devrait commencer à rechercher les enfants Clearstone. La partie s’annonçait difficile et pleine d’aléas.
    —  Et vous, monsieur, au risque de vous paraître indiscret, quel est le but de votre voyage en Chine   ? s’enquit Antoine pendant qu’un serveur leur présentait des toasts dégoulinants de beurre.
    —  M. Stocklett est venu inspecter les comptes de la compagnie Jardine & Matheson ! expliqua Montigny sur un ton enjoué.
    —  Il faut que je rencontre son directeur au plus vite, ajouta l’Anglais, sans grande conviction.
    —  M. Niggles   ? lâcha Antoine, surpris par la tournure des événements.
    —  Lui-même. Vous le connaissez   ?
    —  Oui !
    —  Il paraît que l’immeuble où se trouvent ses bureaux est très facile à trouver.
    —  Il est tellement haut qu’on le voit pratiquement de partout !
    —  Je vais aller de ce pas prendre rendez-vous avec lui.
    Le jeune Français, dont la gorge s’était nouée, avala sa salive. Il ne lui était plus possible de taire ce qui était arrivé au marchand d’opium et dont la presse s’était emparée pendant plusieurs semaines.
    —  Euh… C’est que… euh ! voilà : je crains que votre rendez-vous ne puisse avoir lieu.
    —  Qu’est-ce qui vous fait dire ça   ?
    —  M. Niggles est décédé accidentellement à Canton il y a deux mois…
    —  Mais qu’est-ce que vous dites là   ? hurla Stocklett, livide.
    —  On a retrouvé son cadavre échoué sur la berge de la Rivière des Perles. L’affaire a fait grand bruit. M. Niggles était quelqu’un de fort connu et estimé ici…
    —  Un accident   ? bredouilla l’ancien chef comptable.
    —  Probablement. Il n’y avait pas de témoins lorsqu’il est tombé à l’eau. Il avait beaucoup plu à Canton et le fleuve était en crue…
    Pour Stocklett, déjà passablement déstabilisé par ce premier choc avec la réalité chinoise, le coup était rude. Niggles disparu, l’enquête dont il était chargé n’avait plus d’objet, d’autant que le directeur de la filiale chinoise de Jardine, dépourvu d’adjoint, faisait tout lui-même. Il avait beau se rassurer en se disant que, la nouvelle de la mort de Niggles n’étant pas arrivée à Londres, il pourrait sans délai partir à la recherche des petits Clearstone, sa face décomposée avait viré au gris.
    —  Mon cher Nash, ce n’est tout de même pas la mort de ce Niggles qui va perturber vos plans ! s’exclama Montigny qui cherchait à réconforter son ami.
    —  Vous m’avouerez qu’elle tombe plutôt mal ! fit Nash, toujours sonné.
    —  Je ne vois pas en quoi l’absence de son directeur vous empêcherait de réaliser votre révision des comptes de la filiale de votre compagnie ! insista le consul.
    Stocklett, qui avait hâte de trouver le moyen de se rendre à Canton le plus vite possible, s’abstint de lui répondre.
    —  Si je ne me trompe, le plus gros des entrepôts de Jardine se trouve dans le Guangdong,

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