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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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Montigny. Soulagé et heureux d’être libre d’aller désormais où bon lui semblait, il regagna le Grand Hôtel pour faire part au consul de France de son choix et, lorsqu’il s’y engouffra, euphorique, le hasard le fit tomber nez à nez avec Nash Stocklett.
    —  Voulez-vous prendre un verre au bar   ? lui proposa aussitôt l’Anglais qui affichait une meilleure mine.
    —  En fait, je suis venu remettre ma démission à M. de Montigny ! lâcha Antoine d’un air goguenard.
    —  Le consul de France est déjà couché.
    —  Il ne descendra pas dîner   ?
    —  Il était épuisé. Vous pourrez le voir demain matin au petit déjeuner. Vous m’avez l’air énervé ! Il ne faut pas !
    —  Tout à l’heure, pendant que vous étiez dans votre chambre, M. de Montigny m’a traité comme un chien. Je ne peux l’accepter ! Jamais je ne pourrai travailler avec ce monsieur !
    —  Vous êtes jeune et vous démarrez au quart de tour… Croyez-en mon expérience, tout collaborateur finit par dompter son patron. Il suffit d’un peu de persévérance… M. de Montigny est soupe au lait, mais ce n’est pas un méchant homme !
    En quelques mots, Antoine expliqua à Nash les raisons de sa colère.
    —  Vous vous êtes avancé un peu à la légère. M. Niggles, par exemple, était obligé de demander une autorisation au siège londonien pour tous ses investissements.
    —  Je croyais rendre service à mon pays !
    —  Il faut prendre les choses avec philosophie… Il n’y a rien de tel qu’un bon whisky pour retrouver le moral ! lui dit Stocklett avant de l’entraîner vers un coin du bar où il se fit déboucher par un serveur empressé une bouteille de pur malt écossais.
    Le whisky ingurgité sans la moindre goutte d’eau ayant des effets aussi rapides que radicaux, l’atmosphère s’égaya rapidement entre les deux hommes qui avaient besoin de décompresser face à leurs difficultés et éprouvaient déjà une forte dose de sympathie l’un pour l’autre. Au bout d’un quart d’heure, ils se tapaient sur les cuisses et rigolaient comme des collégiens.
    —  Je n’ai pas trop l’habitude de boire… gloussa Antoine, impressionné par la capacité de descente de son compère.
    —  À propos d’alcool, quand j’étais enfant, le curé de la paroisse anglicane où je nourrissais les têtards que je prenais dans les étangs nous parlait souvent du « gentleman » Jack Mytton. Jack était né en 1796 ; d’extraction noble, il avait perdu son père à l’âge de douze ans…
    —  Quel est donc le rapport entre ce gentilhomme et l’abus des boissons alcoolisées   ?
    —  Vous n’y êtes pas ! Ce jeune homme bien né et très riche mourut dans une prison en 1836 emporté par le delirium tremens…
    —  Il buvait   ?
    —  Buvait… c’est peu dire. Cinq ou six bouteilles par jour de porto et de cognac qu’il ingurgitait par lampées entières…
    —  Piètre héros…
    —  D’un courage exceptionnel ! S’il n’avait pas été habité par la passion du jeu, Mytton serait devenu l’un des officiers en chef du 7e régiment de hussards, tellement il était doué. À la chasse aux canards, cet homme était capable de traverser un étang glacé nu comme un ver, pour éviter de mouiller ses vêtements et les garder au sec !
    —  Un excentrique…
    —  Chez nous, les héros se cachent volontiers sous l’étoffe de l’excentrique. Mytton avait apprivoisé un singe, qui l’accompagnait dans ses beuveries.
    —  Pourquoi, dans ce cas, est-il mort en prison   ?
    —  Le bougre avait dilapidé plusieurs centaines de milliers de livres en alcool et en prêts à des compagnons de beuverie. Il se révéla incapable de rendre à ses créanciers l’argent qu’ils lui réclamaient. Ruiné, il fut contraint de s’exiler à Calais   ! Vous vous rendez compte, à Calais, chez des Français de votre abominable espèce… lui, l’Anglais pur sucre ! s’exclama Stocklett avec un rire gras.
    —  Effectivement, mon cher Nash, je ne peux que compatir, lui répliqua Antoine, littéralement plié en deux et qui eût été incapable de marcher droit tellement il avait bu.
    Après un dernier verre, voulant éviter de finir sur le carreau du bar du Grand Hôtel, il regarda sa montre. Elle marquait neuf heures du soir. Il en était à sa huitième dose et Stocklett, qui se versait rasade sur rasade, en avait bien absorbé le double. Au moment où l’Anglais s’apprêtait

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