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Le salut du corbeau

Le salut du corbeau

Titel: Le salut du corbeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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quelque annotation de leur écriture cunéiforme. Mais il avait à nouveau neigé et Louis était venu avant que les bêtes eussent le temps de se remettre à l’œuvre. Il avait donc remarqué les traces encore fraîches laissées par des chaussures trop délicates pour la marche en forêt et l’effleurement de la neige par un ourlet de robe. Naturellement, il s’était mis à les suivre et avait trouvé peu après d’autres traces qui étaient venues se joindre à celles de la femme. Celles-là provenaient des heuses* d’un homme. Les deux pistes convergeaient et se faufilaient joyeusement à travers les buissons jusqu’à une aire brouillée par de nombreux piétinements. Cet endroit se situait assez près de leur ancien abri souterrain.
    Louis reprit :
    — Ce n’était pas du tout prudent, Jehanne. Vous avez fait ça avec une complète absence de précautions, même les plus élémentaires. Cela seul m’est en soi une injure. J’ai même retrouvé son pot à feu. Vous auriez dû vous méfier de la malencontreuse audace de cet importun. Je n’ai jamais pu l’en guérir.
    — Qu’avez-vous fait quand vous l’avez trouvé ?
    — Je l’ai pendu.
    — Quoi ?
    En un clin d’œil, Jehanne était devenue blême comme un linge. Il leva à demi les mains en signe d’apaisement.
    — Rassurez-vous, je l’ai ménagé. Il va bien. Mais il en a été quitte pour avoir la peau du cou et des mains un peu écorchée, sans compter une bonne frousse qui l’a fait pisser alors qu’il ne pouvait plus siffler…
    En la voyant virer au gris, il se reprit en toute hâte :
    — Excusez-moi. Ça m’a échappé.
    Débusquer Sam dans son repaire avait été facile. La première chose qu’il avait remarquée avait été la hèze* appuyée contre une butte. L’Écossais trop confiant, distrait par la ramure cuivrée et frémissante d’un chêne, n’avait pas porté attention à la forme noire qui s’était recroquevillée derrière le buisson qui poussait juste à côté. Il avait pourtant bien vu la corde. À l’instant où il s’était demandé, intrigué, ce qu’elle pouvait bien faire là, il était trop tard. Louis avait bondi derrière lui et lui avait prestement passé le nœud coulant. Une secousse pour le serrer et Sam s’était retrouvé les mains liées derrière le dos et les pieds ballants. Le bourreau avait ensuite augmenté en toute tranquillité la tension avec ses deux mains en reculant de quelques pas. La corde tendue avait davantage éloigné Sam du sol. Le jeune homme s’était débattu, son visage contorsionné, enlaidi par des grimaces grotesques. Pendant ce temps, Louis avait entrepris d’attacher l’autre extrémité de sa corde à un fût voisin. Enfin, il s’était rapproché de Sam, au risque de recevoir des coups de pied, et lui avait solidement empoigné les chevilles. Il avait exercé une légère poussée vers le haut afin de réduire la strangulation et de lui permettre de respirer. Il avait dit :
    — Tss-tss, que de signes révélateurs tu peux laisser derrière toi, Aitken. Et je ne parle pas de cet emplacement que tu as si mal choisi. Est-ce par défi ou par bêtise que tu l’as fait ? Enfin, peu m’en chaut. Tes petites manigances ont assez duré. Terminé, ce petit jeu d’amour courtois. Ma femme ne doit plus te revoir, et moi non plus.
    Il avait brièvement interrogé Sam, qui s’était empressé de lui répondre en éliminant de son langage les épithètes disgracieuses qu’il avait coutume de servir au bourreau. Après cela, toujours sans libérer les chevilles de son captif, Louis avait commencé à relâcher doucement son emprise. La corde s’était remise à serrer.
    — Dire que je n’aurais qu’à te lâcher et j’aurais enfin la paix. Tu pourrais bander une dernière fois et, là au moins, ça rapporterait quelque chose. C’est la semence de pendu qui fait pousser de la mandragore, tu le savais ? Je pourrais aussi vendre cette corde (21) . Ainsi, tu me dédommagerais un peu pour toutes les emmerdes que tu me causes depuis des années.
    Il avait dit, comme pour lui-même :
    — J’ai jadis promis à Aedan de ne pas te tuer à cause de Jehanne. Cette parole, je n’aurais jamais dû la lui donner. Tu t’incrustes. Une vraie teigne. Que vais-je bien pouvoir faire de toi ? Si tu persistes à me forcer la main ainsi, je ne serai plus en mesure de tenir cette promesse.
    Soudain, il avait eu une idée.
    — Mais oui ! Que n’y ai-je

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