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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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heureux ensemble et parlaient d’aller faire un tour. Je suis sûre qu’ils avaient tout manigancé à l’avance ! Sinon, pourquoi qu’il est arrivé avec deux chevaux sellés ?
    — Où voulait-il l’emmener ? A-t-il mentionné un lieu particulier ? s’enquit Philippos, la mort dans l’âme.
    — Il a proposé à ma maîtresse d’aller visiter je ne sais quel pavillon de chasse dans la forêt. Ah ! si mon bon maître pouvait voir ça ! Tant qu’il était vivant, elle filait droit !… Mais pourquoi, pourquoi qu’elle s’est laissé emmener par ce diable d’homme ? Demain, les voisins n’auront que ça à la bouche, c’est une honte !
    La servante s’interrompit et fondit en larmes. Philippos tenta de la calmer :
    — Ta maîtresse n’a rien fait de mal. Elle cherche seulement à aider mon père à attraper un dangereux criminel. Maintenant, arrête de pleurer et essaie de te rappeler tout ce que cet homme a dit.
    La jeune femme parvint à se ressaisir et reprit la parole en reniflant :
    — Au début, ma maîtresse ne voulait pas y aller, mais l’autre lascar a insisté : « C’est le meilleur endroit pour discuter sans être dérangés. » Elle a demandé si c’était loin, et il a répondu que c’était tout près de la porte sud et qu’il fallait prendre la grand-route jusqu’au croisement marqué par une grosse pierre. Ma maîtresse s’est mise à rire : « Une grosse pierre couverte d’inscriptions ? Comme dans les anciennes légendes ? » Et lui : « Oui, c’est comme ce preux qui s’arrête à une croisée de chemins pour deviner les mises en garde à propos du sort qui l’attend. Mais toi et moi, on n’a pas besoin de lire l’avenir ! » Et puis il a ajouté quelque chose sur la magie – la magie du moment, comme quoi il n’y a que ça qui compte… Du diable si j’y entends quelque chose !
    — Peu importe ! J’ai compris : il s’agit d’un repère sur la route de Kiev. Continue ! A-t-il évoqué le chemin qui mène au pavillon ?
    — Il a encore parlé de légendes ! Le preux choisit de tourner à droite et prend un sentier qui s’enfonce dans la forêt… C’est tout ce que je me rappelle. Alors ma maîtresse a protesté : inutile d’aller si loin, qu’elle a dit. Et lui : « Nous discuterons en chemin et nous ferons demi-tour quand tu voudras. » Puis il l’a aidée à monter, il a enfourché l’autre cheval et ils sont partis comme une flèche. Oh ! Est-ce qu’on va seulement la revoir, ma maîtresse ? gémit la servante.
    — Ne t’inquiète donc pas, je la ramènerai ! promit Philippos. Grâce à tes indications, je retrouverai dame Vesna !
    Il rebroussa chemin, regagna la résidence et interrogea les gardes : Artem demeurait introuvable. Tant pis, décida le garçon, il agirait seul, car Vesna était en danger de mort ! À l’évidence, elle avait bravé l’interdiction d’Artem et tenté d’attirer sur elle l’attention du meurtrier aux aromates. Mais elle avait fini par tomber elle-même dans le piège de l’assassin ! Maintenant, chaque minute comptait. Il alla chercher chez lui son épée puis se précipita aux écuries pour reprendre sa monture favorite, l’étalon noir. Il sauta en selle et s’élança le long de la grand-rue sans faire attention aux passants qui s’écartaient en l’abreuvant d’injures. Ayant franchi la porte sud, il prit la grand-route de Kiev et lança son cheval au galop.
    Il se sentait plein de détermination. Son adversaire avait plus d’expérience et maîtrisait le combat à l’épée mieux que lui, mais Philippos comptait sur l’effet de surprise. Il ne se souciait que du chemin qu’il lui restait à faire : le crépuscule tombait, et il ne lui serait pas facile de s’orienter dans la forêt à la nuit tombée.
    Bientôt, il arriva à un croisement qu’il identifia grâce à une grosse pierre couverte de mousse et de quelques signes étranges. Sans prendre la peine de les déchiffrer, il tourna à droite et ralentit l’allure, fouillant du regard les abords de la route. Après s’être frayé un chemin à travers l’épais taillis, il aperçut un sentier qui s’engouffrait dans les sous-bois, si étroit que Philippos dut mettre sa monture au pas. Il se dit que le pavillon de chasse ne pouvait plus être bien loin, car l’homme ne tenait sûrement pas à épuiser sa proie par une longue errance à travers la forêt. Ayant parcouru une cinquantaine de

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