Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
Vom Netzwerk:
d’assister au mieux le boyard Artem dans son travail. Aussi, en apprenant que vous teniez conseil…
    Il s’interrompit en voyant le prince lancer un clin d’œil à Artem.
    — C’est bien ce que je te disais, boyard ! s’exclama Vladimir. Je le chasserais par la porte, il reviendrait par la fenêtre !
    Il éclata de rire et parut soudain si jeune qu’il aurait pu passer pour le frère aîné de Philippos. Artem revit en pensée la bonne figure ronde aux yeux rêveurs qu’avait Vladimir à l’époque où il venait de recevoir sa première charge seigneuriale au fief de Rostov. Le métier de souverain avait mûri son caractère et durci ses traits. « Par le Christ ! songea Artem. Moi, le conseiller intime du prince, j’oublie trop souvent que celui-ci n’a que vingt-deux étés ! »
    Cependant, Vladimir fit signe à Philippos de prendre un siège. N’osant pas s’asseoir dans un des fauteuils destinés aux visiteurs, le garçon alla s’installer sur un tabouret placé dans l’angle de la pièce. Artem le suivit du regard, puis esquissa un geste de résignation.
    — Tu as raison, prince. N’importe comment, je le retrouverai dans mes jambes tant que l’affaire ne sera pas résolue. Je commence à en avoir l’habitude ! Mais l’honorable Edrik ne va pas tarder, et il risque de ne pas apprécier la présence de ce galopin.
    — J’aviserai au moment où il sera là, répondit Vladimir. Tout à l’heure, un de ses serviteurs est accouru au palais pour m’avertir que son maître avait pris du retard. Il paraît que le vieux boyard vient de découvrir un élément essentiel pour l’orientation de cette enquête.
    Philippos était dévoré de curiosité, mais la bienséance ne lui permettait pas d’intervenir. Il promena son regard autour de lui. Dans ce havre de paix protégé de l’agitation de la Cour, la personnalité de Vladimir s’exprimait le plus librement. Hormis la tapisserie byzantine pendue au-dessus de la banquette, les murs étaient couverts de rayonnages qui supportaient de lourds manuscrits reliés en cuir incrusté d’argent. Philippos détailla avec admiration d’autres reliures ornées comme des châsses précieuses. Çà et là, on apercevait un codex d’apparence plus modeste, à reliure de bois et de fer, ou encore des parchemins roulés en volumes. D’autres livres étaient empilés sur l’étagère mobile qui servait à transporter les manuscrits entre ce cabinet, la bibliothèque principale du palais et l’atelier de calligraphie. Absorbé dans sa contemplation, Philippos ne remarqua pas le coup d’œil que le prince avait lancé dans sa direction.
    — Nous avons un peu de temps devant nous, poursuivit Vladimir à mi-voix, après s’être assuré que Philippos ne l’écoutait pas. Tu peux résumer les faits, boyard, mais inutile d’entrer dans le détail. Certaines précisions risqueraient de troubler inutilement, euh… un de tes jeunes collaborateurs.
    Artem fixa Vladimir de ses yeux gris sombre de Varègue. Son regard dur et perçant s’adoucit.
    — Je comprends, prince, et je te remercie de l’intérêt affectueux que tu témoignes à… mes assistants. Je redoublerai de prudence en m’occupant de cette affaire diabolique.
    — Diabolique, c’est le mot ! murmura Vladimir en réprimant un frisson. En vérité, un crime aussi abominable est marqué par l’esprit du Mal !
    — Nous avons sans doute affaire à l’une de ses incarnations, acquiesça le droujinnik.
    — Et comment comptes-tu protéger ton… jeune assistant de l’effet destructeur du contact avec le péché ?
    — En suivant ton conseil, prince. Je ferai en sorte qu’il continue à ignorer aussi longtemps que possible l’aspect le plus vil de l’être humain : l’instinct qui le pousse à accomplir par plaisir les pires actes de cruauté.
    La voix d’Artem était devenue un murmure à peine audible. Les deux hommes rapprochèrent leurs têtes et poursuivirent leur aparté d’un air de conspirateurs. Quelques instants plus tard, le droujinnik se tourna vers Philippos :
    — Est-ce que cette nouvelle enquête t’intéresse toujours ? s’enquit-il à haute voix, faisant sursauter le garçon. Connais-tu le boyard Edrik, Varègue de haut lignage, ami et compagnon d’armes du grand-prince Vsévolod ?
    — Je l’ai aperçu lors de la cérémonie de mon adoubement, répondit Philippos. Il y assistait en tant que membre de la droujina des Anciens. Nous avons

Weitere Kostenlose Bücher