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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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d’après l’aspect de la blessure. Elle est aussi nette que profonde. Le meurtrier a frappé Olga avec une telle violence qu’il lui a tranché d’un seul coup artères, trachée et vertèbres ; sa tête était à peine rattachée au corps. Philippos, qu’est-ce que tu peux dire de l’arme utilisée ?
    — C’est un long poignard effilé, aiguisé comme un rasoir, débita le garçon, ravi d’intervenir sur un point aussi important. Les jeunes boyards en portent toujours un attaché à leur ceinture. Mais d’après les Varlets, ils se soucient moins de la qualité de leur dague que de la beauté du fourreau.
    — Si on s’en tient à ta description, autant chercher une aiguille dans une botte de foin ! gronda Artem.
    — Je n’ai pas fini ! C’est bien la qualité exceptionnelle de la lame qui distingue l’arme du crime, n’est-ce pas ? Je parie que ce poignard provient des bords du Rhin et a été fabriqué par un de ces illustres armuriers germaniques. Leurs poinçons sont connus partout en Europe et même à Byzance.
    — Voilà qui est mieux, approuva Artem. Cet indice nous permettra de limiter nos recherches aux individus possédant ce type d’arme.
    Philippos se rengorgea.
    — À propos, Olga a-t-elle subi d’autres… violences ? s’enquit-il après un silence.
    — J’ignore si elle a été violentée ou non par son assassin, répliqua le droujinnik. Il faut d’abord procéder à un examen minutieux du corps. Edrik a confié cette tâche au médecin personnel du prince, et celui-ci doit me faire son rapport cet après-midi.
    Soudain, Artem se frappa le front.
    — Il y a un curieux détail que j’ai oublié de mentionner ! Olga gisait au milieu d’une flaque de sang coagulé ; sa robe en était toute raidie, et ses cheveux collés en paquets informes. Fait étrange, l’odeur du sang était dominée par une autre : une senteur fort agréable, assez capiteuse, peut-être orientale. Elle émanait du corps d’Olga et de ses vêtements.
    — Son assassin l’aurait-il parfumée sur son lit de mort ? s’enquit Vladimir, incrédule.
    — Il est plus probable qu’Olga ait utilisé elle-même cette essence, mais à quel moment ? Il faudra poser cette question à Edrik. Cette fragrance m’intrigue. Hélas, elle n’évoque aucun arôme que je puisse identifier !
    Le boyard resta silencieux quelques instants, tandis que Philippos et Vladimir le fixaient, les yeux brillants de curiosité. Avant qu’ils puissent intervenir, la porte s’ouvrit et le garde annonça l’arrivée du boyard Edrik. Le vieil homme portait un manteau de cérémonie sombre bordé d’hermine et une chapka assortie, qu’il ôta pour s’incliner jusqu’à terre. Vladimir s’empressa de le relever et l’accompagna jusqu’au fauteuil à haut dossier en bois sculpté. En l’observant, Philippos eut la même pensée qu’Artem : Edrik était méconnaissable. Son visage au teint cireux ressemblait à un masque mortuaire, seuls ses yeux étaient animés d’un éclat fiévreux. Il parut à peine remarquer la présence de Philippos et prit aussitôt la parole.
    — Prince, n’ordonne pas de me châtier, mais ordonne de me pardonner ! La découverte qui m’a retenu est capitale. Je tenais à interroger moi-même les domestiques avant de me joindre à vous.
    Edrik s’interrompit pour humecter ses lèvres sèches.
    — Je connais à présent le véritable motif de ce meurtre odieux, reprit-il. C’est la précieuse parure que j’ai offerte à ma malheureuse enfant il y a quelques lunes, le jour de son anniversaire. Je l’ai rapportée de Byzance. Il s’agit d’un collier de saphirs et de diamants… Mais peut-être Sa Seigneurie ou le boyard Artem ont-ils eu l’occasion d’apercevoir ce bijou unique ? Ma fille l’a porté à la Cour.
    Vladimir haussa les sourcils, tandis qu’Artem répondait :
    — Je crois m’en souvenir. C’est une sorte de pectoral orné de gemmes, n’est-ce pas ?
    — C’est cela même ! s’écria Edrik. On dirait une demi-lune incrustée de diamants et de saphirs. La pureté et la grosseur de ces pierres sont exceptionnelles. Ce joyau m’a coûté une fortune ! Quand ma pauvre enfant le portait, elle ressemblait à une princesse de conte de fées !
    Les yeux cernés du vieil homme se remplirent de larmes. Il baissa la tête, tiraillant les glands dorés qui ornaient son manteau.
    — Pour quelle raison l’aurait-elle porté hier soir ? intervint

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