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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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grinça-t-il à part soi en rangeant tablette et stylet.
    Hanté par le souvenir du cadavre mutilé d’Olga, il se retint d’aller saluer le malheureux Edrik et reprit la direction de la résidence princière. Ce fut alors l’image de Klim et de son épouse qui s’imposa à son esprit. Ce couple étrange semblait vraiment mal assorti : Vesna avec sa beauté altière et sensuelle, et le bossu avec son corps difforme qui ne pouvait inspirer à une femme que de la pitié ou de la répugnance. Pourtant, Artem avait bien ressenti la profonde affection qui liait l’apothicaire et sa femme. Quel hasard extraordinaire les avait-il réunis ? Il comprit que ce mystère l’obséderait tant qu’il ne l’aurait pas percé à jour.
    Un serviteur le guettait à l’entrée du palais. Il avertit le droujinnik que Philippos, Mitko et Vassili l’attendaient dans le jardin princier, « à l’endroit convenu ». Il s’agissait de cette tonnelle où Artem et ses amis se retrouvaient pour tenir conseil et que Philippos avait ironiquement baptisée « le refuge des quatre sages ».
    Artem rejoignit son fils et les Varlets au moment où une servante arrivait des cuisines, soutenant un grand plateau en équilibre sur sa tête. Elle disposa sur la table coupes et carafes remplies d’hydromel et de kvas, ainsi que des assiettes chargées de petits pâtés et de gâteaux au miel. Dès qu’elle fut partie, Vassili déroula un rouleau d’écorce de bouleau couvert de notes : c’était le fruit de ses recherches aux Archives. Il attendit que le droujinnik lui fasse signe pour commencer.
    — En ce qui concerne les affaires similaires au meurtre d’Olga, je n’ai pas découvert grand-chose. Tout d’abord, une récente enquête : Anna, la sœur cadette du boyard Boris, a été tuée le quatorzième jour du mois de mai, alors qu’elle se trouvait dans le jardin de leur propriété située dans la partie ouest de Tchernigov. Les hommes du Tribunal ont abandonné leurs recherches faute de pistes et ont conclu que le criminel avait réussi à quitter la ville. L’affaire a été classée peu avant la Saint-Jean.
    — Ces paresseux n’ont pas cherché longtemps ! s’exclama Philippos.
    Vassili leva la main pour lui imposer le silence et poursuivit :
    — J’ai recopié la note de l’enquêteur à propos du corps de la victime : « L’assassin lui a tranché la gorge avec une telle force que la tête était presque séparée du tronc. L’arme du crime n’a pas été retrouvée. Il s’agit sans aucun doute d’un poignard à longue lame effilée, fabriqué par un artisan très qualifié. » Par ailleurs, ajouta le Varlet, le frère de la victime affirme que le meurtrier a dérobé un bijou de grande valeur, le bracelet en or qu’Anna portait le jour du crime.
    Il défit le col de sa veste et avala une gorgée de kvas avant de reprendre avec gêne :
    — Le document ne mentionne pas si le corps, euh… présentait d’autres traces de violence à part la blessure qui a provoqué la mort. Mais voilà : Boris descend d’une des familles les plus puissantes de Tchernigov. Il est possible qu’à sa demande les enquêteurs aient omis de signaler certains détails embarrassants. Ces révélations auraient pu susciter des ragots malveillants sur le compte d’Anna, et Boris devait veiller à la réputation de sa sœur.
    — Bien raisonné, approuva Artem. Je suis persuadé que le jeune homme a tout fait pour éviter de ternir la mémoire d’Anna.
    — Il n’y a pas que Boris ! intervint Philippos. Ce matin, devant le palais, j’ai échangé quelques mots avec un boyard qui se rendait au Tribunal : un homme d’un certain âge, richement vêtu, l’air important. C’était le père adoptif d’Anna ! Il vient de Kiev, mais il habitait Tchernigov à l’époque du meurtre. Il est furieux contre les magistrats et demande à cor et à cri que l’enquête soit rouverte.
    — Son nom est Matveï, précisa Vassili. Je l’ai croisé moi aussi : il venait de déposer sa requête quand je suis arrivé au Tribunal.
    Artem lissa sa moustache, la mine songeuse.
    — Le beau-père d’Anna est donc de retour… J’aimerais en savoir plus sur cet individu.
    — J’ai déjà essayé de me renseigner, répliqua Vassili. Matveï est un riche négociant en soieries et certains produits de luxe. Anobli par le prince Oleg, il a épousé la mère des deux enfants qui venait de perdre son mari. Après la mort de sa

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