Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
Vom Netzwerk:
dernière fois les lieux du crime. Il avait l’impression d’avoir oublié un détail important et espérait que le souvenir lui reviendrait une fois sur place.
    Il s’était à peine éloigné de la taverne lorsqu’une voix féminine le tira de ses pensées.
    — Quel plaisir de contempler un garçon aussi avenant que ton fils, boyard ! Lui et la jeune Nadia forment un bien joli couple.
    Artem se retourna et découvrit Svetlana, l’épouse du boyard Igor. S’apercevant de son étonnement, la jeune femme lui expliqua que son mari était parti avec les autres jeunes gens s’amuser sur la place de la Cathédrale et qu’elle ne le rejoindrait que plus tard, après être passée à la maison.
    — Si ton fils décide de courtiser cette mignonne, reprit Svetlana, les yeux pétillants de malice, il faut qu’il se méfie de Boris : c’est un rival redoutable ! Je ne plaisante qu’à moitié. Boris a des vues sur Nadia, et ce n’est pas quelqu’un de commode. Non seulement il lui arrive de manquer de courtoisie, mais il peut même devenir violent.
    — Philippos n’a que seize étés, répliqua Artem avec un sourire pincé. Cette coquette l’attire autant qu’elle l’effraie. Les soupirants de Nadia n’ont aucune raison d’être jaloux d’un gamin timide. Mais pourquoi dis-tu que Boris pourrait devenir violent ?
    Le visage de Svetlana s’assombrit.
    — Lorsque cette pauvre Anna était encore de ce monde… Tu n’ignores pas le malheur qui a frappé cette famille il y a quelques lunes, boyard ?
    Le droujinnik acquiesça d’un signe de tête.
    — Boris était autrefois un garçon aimable et jovial. Pourtant, même du vivant de sa sœur, il lui arrivait d’avoir des crises de jalousie terribles. Je n’ai jamais compris comment Anna pouvait supporter ces éclats. Leur beau-père en sait quelque chose ! Il ne cessait de reprocher à Boris ses accès de fureur, mais en vain.
    Svetlana plissa ses yeux verts, le regard dans le vague.
    — Boris pouvait s’emporter pour un oui ou pour un non. Un jour, Igor et moi sommes passés chez eux à l’improviste. C’était environ une lune avant la mort d’Anna. Nous avions loué une troïka pour faire une promenade le long du fleuve et nous voulions les emmener avec nous. Boris nous a introduits dans le jardin. On était en train de bavarder quand, soudain, Boris s’en est pris à mon époux. Il l’a accusé de faire des yeux doux à Anna derrière mon dos…
    Elle s’interrompit, esquissant un geste comme pour prendre Artem à témoin.
    — Quelle absurdité ! C’était comme si Boris avait cherché un prétexte pour se déchaîner contre mon mari. Il l’a entraîné à l’écart pour l’accabler d’injures, le traiter de séducteur et de traître. Mon époux daignait à peine répondre, ce n’était pas la première fois que Boris faisait ce genre de scène.
    La jeune femme haussa les épaules.
    — Pendant ce temps, Anna et moi les attendions assises sur un banc. Anna riait sous cape. « Mon frère me surveille tel Argus aux cent yeux ! m’a-t-elle dit. Mais comment lui en vouloir ? Il me couvre de présents dignes d’une princesse. Regarde ! » Elle a ôté de son poignet un magnifique bracelet d’or pour que je puisse l’admirer. Il était orné d’un dessin représentant un cavalier et une cavalière qui se faisaient face, les bras levés vers le soleil. Or c’est l’image traditionnelle des fiançailles ! Étrange cadeau, n’est-ce pas ?
    — En effet, reconnut Artem. Pourquoi me racontes-tu cela, dame Svetlana ?
    La jeune femme baissa les cils.
    — J’ai beaucoup d’affection pour Boris. Je veux qu’il recouvre la paix, qu’il puisse vivre heureux avec la femme de son choix. Pour cela, il faut qu’on attrape l’assassin de sa sœur ! À l’époque du meurtre, les enquêteurs du Tribunal ont parlé d’un rôdeur, d’un étranger. Pourtant…
    Elle marqua une pause, enroulant ses mèches blondes autour de ses doigts.
    — Pourtant, reprit-elle, rien ne prouve que le meurtrier n’appartenait pas à l’entourage d’Anna. Elle avait de nombreux admirateurs. Certains étaient jaloux des relations si particulières qu’Anna entretenait avec son frère. C’est peut-être cette jalousie qui a provoqué…
    Svetlana s’interrompit et balaya ses derniers mots d’un revers de main.
    — En vérité, je ne sais que penser ! Pardonne-moi, boyard, de t’avoir retenu sans raison.
    — Au contraire, je te

Weitere Kostenlose Bücher