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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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remercie d’avoir partagé tes doutes avec moi, la rassura Artem. Tant qu’une affaire criminelle n’est pas élucidée, il faut envisager toutes les éventualités. Il n’est pas impossible que le Tribunal décide de rouvrir cette enquête.
    — Plaise à Dieu ! soupira Svetlana. À présent, je dois me dépêcher. Je te saurais gré, boyard, de ne point mentionner cette conversation devant mon époux. Il déteste les femmes qui osent donner leur avis sans y être invitées.
    Ses joues pâles se colorèrent un peu et elle baissa la tête d’un air coupable. Puis elle s’inclina et partit précipitamment.
    Artem suivit des yeux sa silhouette gracieuse tout en réfléchissant. Son intuition lui disait qu’il y avait un lien entre le meurtre d’Anna et celui d’Olga, mais il était trop tôt pour tenter de le préciser. Il se promit d’interroger dès que possible le frère d’Anna, mais aussi Igor. Absorbé dans ses pensées, il tourna les talons et se dirigea vers la propriété du boyard Edrik, afin d’examiner une nouvelle fois les lieux du crime.
    Pendant ce temps, l’assassin d’Olga contemplait d’un œil narquois la foule en liesse réunie devant la cathédrale du Saint-Sauveur. Il arborait la même expression béate que cette bande de nigauds qui croyaient être ses amis. Il n’avait aucun mal à feindre la joie et l’enthousiasme des jeunes imbéciles qui s’agitaient à ses côtés.
    Tandis qu’il se frayait un chemin à travers la cohue, son regard errait sur les visages stupides qui l’entouraient, et c’était comme si la Mort elle-même déployait ses ailes noires au-dessus du troupeau humain. Si quelqu’un avait pu imaginer les projets diaboliques qu’il échafaudait, cela aurait donné du piment au jeu… Mais non, c’était sans espoir, les gens étaient si bêtes !
    Il songea à ce droujinnik avec sa moustache tombante et son air si calme, si sûr de lui. Artem était-il plus malin que les autres ? Ce serait tellement amusant de se mesurer avec un adversaire capable de résoudre une partie de l’énigme ! Artem se prendrait pour le chasseur sur le point de débusquer le gibier, et ils pourraient jouer ainsi quelque temps… Le temps que le limier s’aperçoive que les rôles s’étaient inversés et que lui-même était maintenant pris en chasse !
    Alors qu’il s’enfonçait dans ses noires pensées, il sentait éclater en lui-même le rire de Satan. Quel était à ce jour le nombre d’élues ? Sept ? Huit ? Chacune avait d’abord eu affaire à l’Amant puis au Justicier, afin que le rituel sacré puisse être mené à son terme, et que ces pécheresses soient purifiées et châtiées.
    Et maintenant, à qui le tour ? Il promena son regard autour de lui et aperçut Nadia. Cette pie jacassante bavardait avec un de ces garçons insipides qui l’adoraient en silence. Dégoûté, il se détourna. Un jour, il s’occuperait peut-être d’elle… Il suffisait de patienter et de laisser venir les choses. C’est alors qu’un rire perlé attira son attention. Une autre jouvencelle penchait sa jolie tête en écoutant les compliments qu’on lui débitait. L’assassin retint son souffle, son cœur se mit à battre plus vite. Oui, celle-ci était mûre pour devenir la prochaine élue ! « Décidément, songea-t-il, il y a des femmes qui vont au-devant de ce qu’elles méritent. »
    1 - « Printemps » en russe.

    2 - « Tache de rousseur » en russe.

CHAPITRE VI
    En arrivant chez le boyard Edrik, Artem demanda au domestique accouru vers lui de le conduire directement vers la tonnelle où le cadavre d’Olga avait été découvert. Une fois sur place, il constata que le sol et le banc adossé à la balustrade avaient été lavés avec soin. Malgré cela, un parfum enivrant flottait toujours dans l’air. Il songea au détail qui continuait de lui échapper. N’était-ce pas cette odeur ? Elle était aussi tenace que l’encens et la myrrhe, mais semblait plus suave, plus sensuelle… Artem secoua la tête avec dépit. Non seulement il était incapable d’identifier cette substance, mais encore il ne trouvait pas les mots pour décrire ce qu’il éprouvait !
    Jurant dans sa moustache, il sortit de sa poche un stylet, une tablette de cire et griffonna à la hâte : « Parfum capiteux. Essence exotique ? Peut-on s’en procurer à Tchernigov ? »
    « Exotique ou pas, cette mixture s’apparente plus à une drogue qu’à un parfum ! »

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