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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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femme, il est devenu leur tuteur légal. Il a vécu quelque temps avec eux dans leur domaine familial avant de partir s’installer à Kiev.
    Mitko, qui enfournait petit pâté sur petit pâté, posa la main sur le bras de son camarade.
    — Tu oublies le plus important, marmonna-t-il, la bouche pleine. Le jour du meurtre, Matveï se trouvait sur les lieux du crime. Voilà qui en dit long !
    Vassili laissa échapper un soupir exaspéré.
    — Continue de t’empiffrer, ça t’empêchera de parler à tort et à travers ! Certes, Matveï se trouvait au sein du domaine au moment du meurtre, mais ça ne fait pas de lui le suspect principal.
    — Cela ne prouve rien en soi, décréta le droujinnik, mais nous pouvons nous servir de cet élément. Je leur ordonnerai à tous les deux de faire une nouvelle déposition détaillée, et cette fois, sous serment. Je les interrogerai séparément, cela va de soi… Qu’as-tu déniché d’autre ? s’enquit-il à l’adresse de Vassili.
    — Une autre affaire classée : une jeune femme violentée et égorgée il y a environ un an. La victime, une blanchisseuse prénommée Oulita, vivait seule dans une masure située près de la porte nord. Ce dossier ne contient qu’un document : la déposition du surveillant de quartier. Pour le reste, pas d’indices, pas de conclusion… Autant courir après le vent dans la steppe !
    — Je me demande combien de meurtres n’ont jamais été élucidés au cours de ces dernières années, soupira Artem. As-tu pu examiner les rouleaux et parchemins rangés dans les coffres au fond de la salle ? Un employé est censé aider les visiteurs autorisés à faire des recherches.
    — Le préposé aux Archives avait apparemment trop à faire, répondit Vassili avec amertume. Il m’a dit que j’avais le droit de me plaindre, mais pas de le distraire de ses occupations. J’ai eu beau agiter sous son nez ton sceau personnel, boyard…
    Il extirpa de sa poche le précieux objet qu’il remit à son chef.
    — Cela ne fait rien, commenta Artem avec un sourire en coin. J’ai un autre atout dans ma manche : mon fidèle Timofeï, cet ancien scribe avec qui je me suis lié d’amitié l’an dernier. Malgré ses soixante étés, ce bonhomme a une mémoire étonnante, aussi ordonnée que la bibliothèque de Vladimir. Il connaît les Archives comme sa poche. Je sais où le trouver, j’y vais de ce pas !
    Comme le droujinnik se levait, Philippos lui effleura le bras.
    — Ça peut attendre. Il est grand temps d’aller à la chapelle mortuaire, le médecin a sûrement fini d’examiner le corps d’Olga. Je t’en prie, laisse-moi venir avec toi ! supplia-t-il.
    Le boyard étouffa un soupir. Il avait espéré s’éclipser sous un prétexte quelconque pour aller écouter seul le rapport de Manouk le médecin. Ne trouvant rien à répondre, il acquiesça à contrecœur.
    Ils quittèrent les Varlets qui discutaient de différentes possibilités pour suivre la piste du collier d’Olga. En sortant du parc, ils se dirigèrent vers la chapelle princière, petit édifice en bois ouvragé, au clocheton surmonté d’une croix dorée. À l’intérieur, un coin de la nef était isolé par des cloisons : c’est ici qu’on gardait les corps des trépassés avant la toilette mortuaire. Une vingtaine de cierges fixés au mur éclairaient la table à tréteaux où gisait le cadavre d’Olga.
    Lorsqu’ils pénétrèrent dans cet espace exigu, Artem tressaillit : une odeur suave et tenace se mêlait à celles de l’encens et de la cire. Le corps de la jeune fille avait été dépouillé de ses vêtements et recouvert d’un drap, mais sa chevelure continuait de répandre le mystérieux parfum.
    Le médecin Manouk se tenait de l’autre côté de la table, un chandelier à la main. C’était un Arménien d’une trentaine d’étés aux yeux ambrés, vêtu d’un long habit de lin, ses cheveux noirs couverts d’un linge noué autour de la tête. Il posa le bougeoir près de la dépouille, s’inclina et échangea les salutations d’usage avec le boyard et Philippos.
    — Ainsi que tu l’as supposé, noble Artem, la victime a été égorgée avec un couteau à la lame bien aiguisée, par un individu qui savait manier le poignard. Le coup a été porté avec force et précision, la tête n’est plus rattachée au tronc que par les tendons et la peau. Quant à l’heure du crime, Olga est morte entre minuit et deux heures de la nuit.
    Manouk

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