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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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cacha son visage dans ses mains et fondit en larmes.
    — Je savais que Marfa avait un amoureux, gémit-elle. Elle en était très éprise. C’était un homme charmant, bien sous tous rapports… C’est tout ce que je sais, je le jure sur la Sainte-Trinité ! J’ai bien essayé de lui tirer les vers du nez, mais elle disait qu’elle était liée par le secret. Elle prenait un air mystérieux, puis elle se moquait de moi !
    — Tu as pourtant permis que son amant vienne la retrouver ici, dans ton jardin. Pourquoi ?
    — Marfa craignait de le rencontrer dans un lieu public, hoqueta Nadia entre deux sanglots. Son père la faisait espionner par leurs domestiques. Ce n’était que la deuxième ou la troisième fois qu’elle le voyait en cachette. Je ne pouvais pas lui refuser ce service ! Elle m’avait promis de tout me raconter plus tard.
    Nadia essuya ses larmes et renifla bruyamment. Artem réprima un soupir.
    — J’ai une dernière question à te poser. Marfa portait-elle des bijoux aujourd’hui ? Essaie de te souvenir si quelque chose n’a pas disparu.
    La jeune fille se redressa, les yeux écarquillés.
    — Par le Christ, tu as raison, boyard ! Son amoureux venait de lui offrir une belle bague, avec une améthyste grosse comme ça ! Il a dû le faire ce matin, ils avaient eu un bref rendez-vous au marché. Pour Marfa, c’était la preuve de son amour. Elle voulait d’ailleurs me confier ce bijou, en attendant qu’ils puissent rompre le fromage, j’imagine. Mais tout à l’heure, quand j’ai vu Marfa couchée dans l’herbe, la bague n’était plus là ! Je n’en verrai jamais la couleur… Pas plus qu’on ne pourra ressusciter cette pauvre Marfa !
    Nadia sanglota de plus belle. Artem écarta les bras, excédé.
    — Si tu t’étais davantage souciée de l’honneur de ton amie, tu n’aurais peut-être pas eu à pleurer sa mort ! la sermonna-t-il. Ainsi, tu n’as pas la moindre idée de l’identité de cet homme ?
    Nadia poussa un gémissement de désespoir et secoua négativement la tête, pleurant à chaudes larmes.
    Le droujinnik aurait voulu la consoler mais il était trop furieux contre le meurtrier diabolique, ainsi que contre lui-même et, surtout, contre ces petites oies écervelées qui offraient une proie si facile.
    — J’espère au moins que ce drame te servira de leçon, l’admonesta-t-il en se levant pour prendre congé. Si j’avais une fille de ton âge, elle serait enfermée à double tour au térem, jusqu’à ce qu’elle soit nubile, et elle n’en sortirait que pour convoler en justes noces !
    — Mais je suis en âge de me marier, moi ! rétorqua Nadia d’un ton fier.
    — Comment donc, marmonna Artem en refermant la porte derrière lui. Mauvaise herbe est précoce et croît avant le temps !
    En se dirigeant vers le portail, il fit signe à Philippos de le suivre. Le boyard Grom le rattrapa, mais le droujinnik coupa court à ses questions.
    — À ta place, j’irais plutôt interroger ta fille sur ses fréquentations, lança-t-il, avant de saluer le marchand d’une inclinaison de tête.
    Quand ils eurent quitté le domaine, Artem se mit à respirer à pleins poumons. Pour la première fois de sa vie, il trouva agréable l’air de la rue, cette odeur de poussière et de feuilles mortes avivée par la chaleur, à laquelle se mêlait un relent de détritus pourrissant dans l’ornière. Tout plutôt que ce maudit parfum aussi attirant que vénéneux !
    Ils marchèrent quelque temps en silence, chacun perdu dans ses pensées. Artem ne parvenait pas à oublier l’histoire du voyage à Tmou-Tarakan racontée par Klim : son flair de limier lui suggérait que le mystérieux ami de l’apothicaire jouait un rôle clé dans les meurtres. Obéissant à une impulsion, il quitta la grand-rue et tourna à droite pour se diriger vers le quartier résidentiel qu’habitait Igor, l’un des jeunes boyards qu’il soupçonnait d’être le complice de Klim. Philippos s’arrêta, l’interrogeant du regard.
    — Rentre seul, lui dit Artem, et avertis les Varlets que nous nous verrons ce soir, après le souper. Inutile de se retrouver plus tôt : il faut que Manouk le médecin ait le temps de confirmer mes conclusions concernant le corps de Marfa.
    — Et maintenant, où vas-tu ?
    — Le domaine du boyard Igor n’est pas loin, je vais en profiter pour lui rendre une brève visite. J’ai envie de me faire une idée plus précise de ce personnage à

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