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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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Elle se convertit et prit le voile sous le nom de sœur Théodora. Depuis, elle n’a plus quitté le monastère de la Vraie Croix, dont elle est devenue la mère supérieure.
    — J’ai entendu parler de cette abbesse aussi belle que docte. Mais revenons à Igor et aux aromates. Il me paraît trop intelligent pour obéir aveuglément à la mode ! S’il n’entretient pas de commerce charnel avec ses conquêtes, pourquoi achète-t-il ces essences ?
    Vesna prit un air de conspiratrice.
    — Je peux te le révéler, boyard, sous le sceau du secret. Igor raffole des bains parfumés ! Il a fait fabriquer sur commande un grand cuveau taillé dans le plus beau chêne et cerclé de fer, et il l’a fait installer dans son bâtiment de bains. C’est qu’il aime ses aises ! Il peut se prélasser pendant des heures dans ce baquet rempli d’eau chaude à laquelle il ajoute essences et pétales de fleurs exotiques.
    Artem écarquilla les yeux et la dévisagea avec une mine tellement ahurie que Vesna éclata de rire. Elle s’empressa de dominer son hilarité :
    — N’ordonne pas de me…
    — Trêve de formules ! s’écria le droujinnik. Qu’est-ce que tu me chantes là ? Des bains sans savon, à quoi ça rime ?
    — Oh, il utilise bien du savon… aromatique lui aussi !
    — Mais que peut-il bien faire d’une telle quantité d’eau parfumée ?
    — C’est comme je te le dis, boyard : il aime à se baigner ainsi, se frottant la peau avec les pétales des fleurs et dégustant une coupe de vin capiteux. Je le sais car j’ai dû apprendre à sa servante à faire macérer certaines plantes aromatiques pour en dissoudre les sucs, avant de les mélanger à l’eau du bain. C’est un moyen fort agréable de se détendre après une partie de chasse ou un long voyage.
    — Par les cornes du Diable, rien ne délasse mieux que des ablutions froides, et cela ne demande pas beaucoup de temps ! Quand bien même ce personnage n’aurait rien à se reprocher, je trouve ses goûts fort suspects.
    Vesna baissa les yeux et eut un petit sourire qui déplut singulièrement à Artem. Comme elle continuait de se taire, il conclut :
    — Je ne vais pas abuser davantage de ta patience, dame Vesna. Il faut que je résolve seul tous ces mystères !
    La jeune femme s’inclina très bas avant de retourner à l’intérieur de la maison. Artem traversa le petit jardin, referma le portillon derrière lui et prit la direction de la résidence princière. Il longeait la grand-rue quand, soudain, un homme essoufflé le rattrapa. Il s’inclina en s’épongeant le front de sa manche.
    — Boyard, je suis l’intendant de maître Grom, mais c’est ton fils, le jeune boyard Philippos, qui m’envoie, débita-t-il d’une seule haleine. On vient de découvrir un meurtre horrible !
    — Chez Grom ? répéta le droujinnik en pâlissant. Une jouvencelle assassinée ?
    — Hélas, oui ! Grâce à Dieu, ce n’est pas notre bien-aimée maîtresse. C’est son amie Marfa.
    Réprimant un juron, Artem fit demi-tour et suivit l’intendant, s’efforçant de ne pas se laisser distancer.
     
    Pendant ce temps, l’apothicaire Klim, attablé dans son officine, contemplait d’un air absent le pichet d’eau-de-vie au miel qu’une servante venait d’apporter. D’obscurs soupçons hantaient son esprit, et c’est en vain qu’il tentait de les apaiser. Il songeait au seul être qu’il pouvait sans exagérer appeler son ami, un ami véritable. Depuis longtemps déjà, cet homme pourtant si jeune usait en cachette de certaines drogues afin de satisfaire son appétit charnel. Ces substances pouvaient à la longue pervertir les humeurs et favoriser l’apparition de toutes sortes d’impuretés dans le corps… Le bossu soupira et se servit une coupe d’eau-de-vie. Il avait, lui, toujours fait attention à ne pas jouer avec le feu. Pour peu qu’un homme se laisse corrompre par les dépravations, il ouvrait une brèche par laquelle les ténèbres avaient tôt fait de l’envahir !
    Un claquement de porte le tira de ses pensées. Il pencha sa grosse tête, la mine bougonne, les yeux fuyants et obliques, sachant qu’il aurait à essuyer une avalanche de questions et de reproches.
    — Tu te crois malin, hein ? lança Vesna. Oh, je te connais ! Tu as réussi dans la vie par tes propres moyens, et tu penses être supérieur à ceux qui cherchent à plaire aux puissants de ce monde… Mais de là à oser leurrer le boyard Artem qui

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