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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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agit pour l’honneur et la conscience ! Tu es devenu fou ! Si tu continues à couvrir ton ancien complice, tu finiras par te retrouver au cachot, comme un vulgaire voleur !
    — Ma douce, bégaya le bossu, les gens ont tendance à soupçonner des hommes comme mon ami sans l’ombre d’un motif ! Quel est son crime ? Il est jeune et il raffole de ces plaisirs qui font aimer l’existence. Chaque âge a ses goûts et ses mœurs !
    — Je parie que ses mœurs sont plus corrompues encore que ses humeurs ! rétorqua Vesna avant de reprendre d’un ton câlin : Mon mari, dis-moi son nom, et on n’en parlera plus !
    Elle courut s’asseoir à côté de lui et frotta sa joue satinée contre les touffes de barbe qui couvraient celle de Klim. Mais l’apothicaire refusait de se laisser amadouer. Comme il proposait à Vesna de boire à sa coupe, la jeune femme repoussa sa main et s’écria :
    — J’espérais que la mort d’Anna, notre petite colombe que tout le monde aimait tant, te ferait réfléchir ! D’autant qu’Olga vient de passer de vie à trépas elle aussi !
    — À quoi veux-tu que je réfléchisse ? grommela le bossu en levant sa coupe. La fille d’Edrik a été égorgée par un coquin qui en avait après son collier, alors que la sœur de Boris a été tuée par un amant violent et jaloux.
    — Le meurtrier d’Anna a peut-être lui aussi utilisé le Sang d’Aphrodite. Rappelle-toi les bruits qui couraient à l’époque ! Il paraît qu’elle était habillée et parfumée comme pour sa nuit de noces.
    Klim ouvrit la bouche mais se mordit la langue. Il était bien mieux informé que son épouse, mais il ne pouvait la mettre dans le secret. Il reposa pesamment sa coupe.
    — Il faut que tu cesses d’écouter les ragots ! Il y a toujours mille rumeurs qui bourdonnent dans la ville. Si tu les crois toutes, tu finiras par perdre la tête !
    — Ne t’inquiète pas pour moi ! Avec ma petite jugeote de femme, je peux damer le pion à tous tes amis savants. Tiens, as-tu pensé à ce poignard miniature qu’Anna portait toujours autour du cou ?
    — Pourquoi ? fit Klim, qui venait d’avaler à la file plusieurs rasades.
    — Cette petite dague était enduite de poison. Or, plus je réfléchis à la mort d’Anna, plus je suis persuadée qu’elle ne s’est pas laissé trucider comme ça, sans résister. Elle me parlait souvent de ce pendentif. Elle plaisantait en disant que ce dard plein de venin la protégeait mieux que les sermons de son frère. Je suis sûre qu’elle a réussi à blesser son agresseur !
    — Admettons, et alors ?
    — Alors, l’assassin doit toujours avoir une plaie purulente au niveau du torse. On peut le retrouver grâce à cette marque ! Or il me semble que tu as soigné quelqu’un le jour du meurtre, non ? En début d’après-midi, juste avant que cette horrible nouvelle se soit répandue en ville ?
    Bouche bée, Klim écarquilla les yeux et fixa Vesna avec une expression parfaitement stupide.
    — Tu es impossible, on dirait un enfant ! s’exclama la jeune femme en riant.
    Klim but une nouvelle rasade d’eau-de-vie, gonfla les joues et leva l’index d’un air important.
    — Tu n’es pas bête, ô mon épouse ! déclara-t-il d’une voix pâteuse. Mais moi, ton mari ? Me prends-tu pour un imbécile pour imaginer que j’aie pu oub… que je puisse avoir oubl… un tel…
    Il fut secoué de hoquets rauques.
    — Pour-tant, sache, femme, articula-t-il, que je me passe fort bien de certitudes – dès lors que j’ai ac-quis celle-ci : que l’esprit de l’homme ne peut en avoir !
    Sur ce dernier effort, Klim devint blême et s’abattit derrière la table comme une masse. Il était ivre mort.

CHAPITRE XIII
    Lorsque Artem arriva chez le boyard Grom, un vieux serviteur l’informa que le maître de maison était toujours absent, puis il le conduisit sur les lieux du crime. Rassemblés au fond du jardin, les domestiques bavardaient à mi-voix, et Artem se rendit compte avec irritation que les ragots concernant « le meurtrier aux aromates » allaient bon train. Il ordonna aux serviteurs de décamper sur-le-champ et de reprendre leurs occupations habituelles. Ignorant volontairement Philippos qui montait la garde près du corps de Marfa, le droujinnik rejoignit Nadia.
    Installée sur l’herbe à côté de sa nourrice Fania, petite femme grassouillette emmitouflée dans un châle à fleurs, la jeune fille semblait plongée dans une

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