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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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le duc d’Este, j’ai remarqué que dans vos splendides appartements, on ne voyait que les œuvres du Pinturicchio. Mais pas de Giotto, de Botticelli ou de Bellini ! Et n’est-ce pas regrettable de ne pas avoir de tableaux du Pérugin ou de fra Filippo Lippi ?
    Alexandre resta de marbre : il avait en art des idées bien arrêtées :
    — J’aime le Pinturicchio, et l’on reconnaîtra plus tard en lui l’un des plus grands peintres qui soient.
    Ercole eut un sourire un peu condescendant :
    — Je pense que non, Votre Sainteté, et je crains que vous ne soyez l’un des seuls à le croire.
    Une telle remarque faisait partie de l’arsenal des méthodes de négociation : c’était une manière à peine voilée de souligner la culture des d’Este, et par conséquent les goûts plutôt communs des Borgia, voire leur ignorance crasse. Duarte préféra intervenir :
    — Vous avez peut-être raison, Votre Excellence. Les villes que nous avons conquises cette année abritaient bien des œuvres des artistes que vous citez. César a proposé de les envoyer ici, mais Sa Sainteté a refusé. J’espère pourtant parvenir à le convaincre d’accepter, car elles ennobliraient le Vatican. Nous en discutions d’ailleurs récemment, et nous sommes tombés d’accord pour dire que Ferrare, votre cité, était la plus riche en ce domaine.
    Ercole pâlit : la remarque de Brandao n’était que trop claire. Mieux valait changer de sujet :
    — Peut-être serait-il temps de parler de la dot.
    — Qu’attendez-vous, Don Ercole ? demanda Alexandre, un peu tendu.
    — Je pensais à trois cent mille ducats, Votre Sainteté. Le pape avait songé à commencer à trente mille : il faillit s’étouffer et se contint à grand-peine.
    — Trois cent mille ? C’est une plaisanterie !
    — C’est le moins que je puisse accepter sans insulte, répliqua le duc d’un ton sec. Mon fils est un beau jeune homme à l’avenir radieux, l’un des meilleurs partis d’Italie.
    Ils marchandèrent pendant près d’une heure, chacun faisant valoir la générosité de son offre. Alexandre refusant d’aller plus loin, Ercole menaça de se retirer.
    Le pape réfléchit et proposa un compromis qu’Ercole refusa. Ce fut au tour d’Alexandre de prétendre vouloir en rester là – le temps que le duc accepte de poursuivre les négociations.
    Pour finir, on transigea à deux cent cinquante mille ducats, ce que le Saint-Père trouva un peu abusif, d’autant plus qu’Ercole avait tenu à ce que Ferrare soit dispensée des impôts qu’elle payait chaque année à l’Église.
    Et c’est ainsi que fut conclu le mariage de la décennie.
    De retour à Rome, César s’en alla voir son père pour discuter avec lui du sort de Caterina. Il apprit ainsi qu’elle avait tenté de s’évader, et que pour l’en punir on la détenait au Castel Sant’Angelo, endroit beaucoup plus inconfortable et malsain que le Belvédère.
    Il alla la voir aussitôt.
    Le sous-sol de la forteresse abritait plusieurs grandes cellules. Il fit chercher Caterina par ses gardes et l’accueillit dans une salle de réception. Elle cligna des yeux en arrivant : elle n’avait plus vu la lumière du jour depuis un certain temps. Encore belle, elle avait toutefois manifestement pâti de son emprisonnement.
    Il la salua avec chaleur et se pencha pour lui baiser la main.
    — Chère amie ! Tu es donc plus sotte que je ne l’aurais cru ! Je te loge dans l’un des plus beaux châteaux de Rome, et comment me récompenses-tu de ma générosité ? Tu tentes de t’évader !
    — Tu aurais dû le savoir, répondit-elle d’un ton neutre. S’asseyant sur un sofa de brocart, il lui proposa un siège, mais elle refusa.
    — J’ai dû y penser, sans doute, mais je comptais sur ta sagacité, et croyais que tu préférerais être emprisonnée à peu près confortablement.
    — Confortable ou pas, c’est toujours la prison ! répliqua-t-elle d’un ton froid.
    La rancœur de Caterina ne la rendait pas moins charmante :
    — Quels sont tes projets ? demanda-t-il, amusé. Tu ne peux passer le reste de tes jours ici.
    — Qu’est-ce que tu as à me proposer ?
    — Cède officiellement Imola et Forli à la papauté, promets de ne pas chercher à les reprendre. Ensuite je donnerai l’ordre de te libérer, et tu pourras aller où tu voudras.
    Elle eut un sourire espiègle :
    — Je peux signer tout ce que tu veux, mais qu’est-ce qui te garantit que je tiendrai parole ?
    — Ce serait

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