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Le sang des Dalton

Le sang des Dalton

Titel: Le sang des Dalton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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nous avons rattrapé McLelland et sa clique alors qu’ils étaient encore à plusieurs kilomètres de la ville. Toutefois, ils étaient trop nombreux, nous n’étions pas assez armés et, à cette époque-là, nous n’étions encore guère enclins à recourir à ce genre de méthode, aussi avons-nous gardé nos distances comme des loups et nous sommes-nous bornés à rôder autour de la prison durant les trois mois où Grat fut emprisonné.
    Grat se balançait, agrippé à la grille, ou raclait sa boucle de ceinture contre les barreaux jusqu’à ce que le geôlier soit obligé de se boucher les oreilles ; Bob et moi nous affalions dans les fauteuils en bois inconfortables du bureau du shérif et nous astiquions nos insignes sur nos jambes de pantalon. Je notais dans un cahier le nom de toutes les personnes qui franchissaient la porte, et dès que le shérif prenait le café, Bob l’apostrophait tel un inspecteur fédéral et lui demandait s’il n’avait pas autre chose à faire. Finalement, Bob reçut une lettre du marshal Jacob Yoes, le supérieur de Grat, qui s’enquérait de ce qui se passait. Bob répondit par une longue missive invoquant les droits constitutionnels de Grat.
    Peu après, Grat fut libéré sans procès, car le procureur avait argué que l’on n’avait aucune preuve formelle d’une quelconque intention maligne. Nous nous étions en apparence bien dépêtrés de cette arrestation, mais elle avait éveillé la suspicion à l’encontre des frères Dalton et se solda pour Bob et moi par notre éviction de la police tribale osage par les commerçants sourcilleux de Pawhuska.
    Ce ne fut pas vraiment un coup dur, car le gouvernement fédéral était toujours en quête de marshals adjoints expérimentés pour les territoires indiens, de sorte que Bob fut simplement affecté à Claremore dans la nation cherokee. Mon frère et moi avons alors tenté de nous racheter une conduite et de laver notre réputation ternie. Bob se lança sur la piste d’un ivrogne indien du nom d’Alex Cochran, qui avait collé une balle dans le ventre d’un marshal adjoint, mais il fit accidentellement feu sur le fils de Cochran ; il l’atteignit dans le dos, et l’impact fut tel qu’à deux cents mètres de distance, on aurait dit que le gamin avait reçu un coup de pelle.
    Nous nous sommes approchés du corps avec précaution, au pas sur nos chevaux. Après avoir considéré un moment son cavalier, la jument du gosse s’en était allée brouter dans le fossé. Et mon frère avait alors découvert que l’énergumène violent qu’il poursuivait n’était guère plus grand qu’un chétif crieur de journaux.
    « Oh, mon Dieu… » avait gémi Bob en sautant de selle.
    La balle avait quasiment éviscéré l’enfant. Bob avait déchiré sa chemise afin de le panser, puis étalé une couverture de selle sous le gamin pour le soulever. Le mioche avait vomi du sang sur Bob pendant tout le trajet du retour jusqu’en ville, où tous les Cherokees avaient vite été mis au courant.
    Bob avait attendu, assis sur les marches du cabinet du docteur, pendant que j’assistais à l’opération et que je tendais au vieux médecin ses éponges, ses clamps et ses instruments en argent. Dehors, les gens discutaient entre eux et montraient mon frère du doigt ; une vingtaine d’Indiens menaçants fixaient Bob de l’autre côté de la rue, sous l’avant-toit, la main sur la crosse de leurs pistolets. Une fillette vêtue d’une robe en vichy s’était plantée devant mon frère sur le trottoir.
    « Un monsieur m’a donné cinq cents pour vous poser une question. »
    Bob avait à peine levé les yeux.
    « Il m’a dit de vous demander si vous étiez bien le Bob Dalton qui a abattu Charlie Montgomery comme un corniaud sans lui laisser aucune chance. »
     
     
    Nous sommes néanmoins restés à Claremore durant tout l’hiver, dans une tente confédérée plantée à la périphérie de la ville. Grat n’était plus marshal adjoint depuis qu’une lettre de réprimande signée par le juge Isaac Parker était parvenue à son bureau de Tahlequah et il tuait le temps pendant que Bob et moi assurions le maintien de l’ordre. Il achetait une flasque de whisky tous les matins, passait le plus clair de l’après-midi appuyé à une queue de billard et tous les soirs, vers dix heures, vous entendiez un « gling » dans le cimetière quand il cassait sa bouteille vide sur une pierre tombale. Bob, lui, aimait à louer un

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