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Le sang des Dalton

Le sang des Dalton

Titel: Le sang des Dalton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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mon avis, si vous faisiez l’inventaire, vous vous apercevriez que vous avez beaucoup en commun, toutes les deux, ai-je continué. Vous n’avez pas la même philosophie, c’est tout.
    — Non, m’a opposé Julia. Je crois surtout que Bob lui manque. »
    Je dus admettre que c’était vrai. La présence de mon frère aurait soulagé bien des gens.
     
     
    Fin avril, Bob et McElhanie atteignirent la frontière de l’Arizona et descendirent sur leurs montures la pente orangée et glissante de la berge ouest du fleuve Colorado. Ils abreuvèrent leurs bêtes et les firent paître, puis les tirèrent dans l’eau rougeâtre et s’agrippèrent à la corne de leur selle. Les animaux ballottés et effrayés renâclèrent et, le temps de parvenir de l’autre côté et de laisser derrière eux la Californie, le courant les avait déportés d’un kilomètre et demi.
    McElhanie et mon frère dessellèrent leurs chevaux et s’étendirent sur le dos dans l’herbe, en appui sur les coudes, pendant que leurs montures se roulaient dans la poussière.
    « J’ai pas la cervelle assez agile pour les attaques à main armée, Bob, déclara McElhanie. Je suis seulement heureux avec des outils entre les mains.
    — Comment ça ?
    — J’en peux plus d’être traqué, voilà ce que je veux dire. J’ai l’estomac tout retourné.
    — Tu veux laisser tomber, résuma Bob.
    — C’est ça, acquiesça McElhanie. Tu as mis en plein dans le mille. »
    Ils vendirent donc leurs chevaux à un berger et sautèrent dans un train à destination du territoire de l’Oklahoma, où ils se séparèrent. Puis le « Narrow Gauge Kid » regagna l’Arkansas à pied, où il fit un jour l’acquisition d’une petite ferme et mourut dans son lit en caressant un chaton, avec la radio allumée dans la cuisine.
    Bob aurait bien rejoint le domicile familial à Kingfisher, si ce n’est qu’après avoir fait le guet tout une après-midi dans les Badlands, perché dans les branches supérieures d’un peuplier de vingt mètres de haut, il avait constaté qu’il était filé par un détective des chemins de fer vêtu d’un costume sombre et d’un stetson gris d’homme d’affaires, qui s’accroupissait de temps à autre à côté d’une empreinte et bourrait sa pipe avec une allumette en jetant des coups d’œil alentour.
    Bob se cloîtra dans une chambre à vingt-cinq cents dans l’ancien village d’esclaves de Dover, au nord de Kingfisher. Des cow-boys en chapeaux mous à larges bords et en imperméables y paradaient au petit trot dans la rue principale, sourcils froncés, crachant par terre, avec des airs d’aristocrates, mais le reste de la population se composait de Noirs avec des bretelles et des chemises de grosse laine, de Noires avec des foulards et d’enfants aux cheveux attachés qui lançaient des trucs sur Bob, puis s’enfuyaient. Ma mère lui rendit visite une après-midi et ils se retrouvèrent derrière l’église baptiste. Ils se promenèrent bras dessus, bras dessous sous les arbres en fleurs et elle sourit lorsqu’il lui parla de Littleton, de Bill et de ses petits-enfants. Elle mentionna à Bob que les mines de charbon embauchaient, mais s’abstint de toute autre allusion à l’argent ou à un métier.
    Bob cessa de se raser, s’initia au snooker avec quelques autochtones et se dégotta, moyennant finance, une adolescente qui exhalait la même odeur que le sol d’une cave et s’était défrisé les cheveux avec un fer à repasser.
    Il rentrait un soir après une partie de billard lorsqu’il avisa les rideaux de sa chambre à l’étage qui flottaient par la fenêtre. Il gravit l’escalier quatre à quatre, pistolet armé à hauteur d’épaule et poussa la porte non verrouillée, derrière laquelle il découvrit Eugenia qui fumait une cigarette à la lueur d’une unique lampe à pétrole. Elle se retourna avec un sourire et s’approcha de lui en déboutonnant son chemisier.
    « J’espère qu’il te reste encore quelques forces », fit-elle.

8
    Plus tard, assis tous les deux au fond du lit étroit avec une bouteille de vin rouge de Californie que Bob avait enveloppée dans un sac de jute, ils échafaudèrent des projets. Mon frère déclara qu’il en avait assez d’être pauvre, assez d’être traité comme du bétail et qu’il voulait frapper un grand coup au lieu de se borner à réagir aux actions des chemins de fer. Eugenia lui assura que Bryant et Newcomb étaient tellement aux abois

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