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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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de stridences métalliques annonça l’arrivée des prêtres levantins.
    Ceux-ci gravirent à leur tour les marches de l’Élagabalium, offrant à la foule un spectacle encore plus coloré et plus surprenant.
    Drapés dans leurs robes, immensément longues, la tête coiffée de hauts bonnets coniques, chargés de médaillons et de longs chapelets de perles, ils défilèrent solennellement devant leur divinité adorée.
    Les premiers desservants, ceux qui ouvraient la marche, tenaient de grandes corbeilles emplies d’épis, emblème immémorial de la fertilité et de la puissance du soleil, le deuxième groupe soutenait des paniers de fruits, tandis que deux prêtres à leur suite, dans leurs robes jaune safran aux manches fendues, tenaient l’un, un foudre d’or, le second une énorme main en bronze, paume ouverte et doigts dressés, motif gestuel censé symboliser pour les Sémites idolâtres l’astre divin.
    Tous ces ministres du culte, suivis d’une centaine d’autres, aux accoutrements aussi étranges, s’alignèrent ensuite le long du vestibule pour laisser la place aux porteurs d’insignes sacrés qui déambulèrent à leur tour, en tenue cérémonielle, devant la roche noire.
    Derrière eux marchèrent ensuite les sacrificateurs qui amenaient l’encens et les aromates, dans d’extraordinaires vases en or, tous sculptés de l’étoile céleste. Ils soulevaient des amphores gigantesques emplies de vin, admirablement peintes, couvertes de lions puissants et mafflus, de monstres ophidiens, rayonnants et lovés en spirale comme l’éternité cyclique, de dragons, de griffons aux ailes déployées.
    Rome vit tout à coup défiler sous ses yeux éblouis tout le bestiaire fascinant et effrayant des pierres magiques, tous les symboles apolliniens de l’Orient fabuleux.
    Rien ne manquait dans cette procession hallucinante, dans cette parade incroyable d’insignes sacrés et d’objets liturgiques, qui exprimait le plus parfait, le plus éblouissant exemple de syncrétisme que l’on ait jamais vu : ni les serpents des bacchanales et de Sabazios, ni les créatures mythiques de l’Égypte, ni les monstres de l’Arabie lointaine, ni le cyprès, ni l’or, ni le foudre, ni les aigles, ni les fauves de Cybèle, ni l’encens, ni les mitres des prêtres palmyréniens, ni les tuniques traînantes des devins de Byblos.
    Et la foule médusée suivait des yeux ce défilé grandiose et pittoresque avec tant de stupeur qu’aucun son ne s’échappait de ses lèvres closes.
    Enfin, les musiciens vinrent rejoindre sur l’esplanade la troupe pétulante des courtisans et le collège des prêtres. Ils commencèrent à jouer avec frénésie un hymne au Grand Élagabal, un concert étrange et assourdissant, mélange de bruits secs, de vibrations stridentes sorties des cymbales concaves et des tambourins, d’accents lugubres échappés des flûtes courbes et des buccins, de sifflements perçants tirés des chalumeaux phéniciens.
    Pour accompagner leur cacophonie hallucinante, ils se mirent à pousser des vocalises aiguës, avec un déchaînement proche de l’hystérie.
    Les spectateurs, loin de percevoir dans ces sonorités singulières les louanges extatiques adressées à Élagabal, commencèrent à éprouver un certain malaise et l’étonnement céda rapidement le pas à la contrariété.
    — A-t-on jamais entendu pareil vacarme ? se plaignit un sénateur à son voisin. Existe-t-il un seul dieu, fût-il syrien, qui se délecte d’une musique aussi barbare ?
    Mais le ronchonneur ignorait, comme les autres, que ce capharnaüm musical n’était rien en comparaison des scènes inouïes qui allaient suivre.
    Lorsque tous les serviteurs de la pierre noire se furent retirés sur les côtés, laissant un large espace sur le parvis, l’empereur fit enfin son apparition. L’agression des tambourins, des cymbales et des chalumeaux cessa aussitôt, et la foule massée dans la cour retint son souffle.
    On vit tout à coup Varius au milieu de l’esplanade, comme s’il était sorti de nulle part, tombé du ciel comme l’astre resplendissant lui-même, parfaitement immobile dans son accoutrement religieux.
    L’adolescent était coiffé de sa haute tiare solaire, constellée de pierres précieuses taillées en forme de lunes et d’étoiles.
    Il avait revêtu sa longue robe purpurine, couverte d’amulettes, tellement chargée de saphirs, d’émeraudes, de topazes, de rubis, qu’elle n’était plus que pierre et

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