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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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métal.
    Le visage brillant sous les fards, le tour des yeux passé au khôl, les bras croulant sous le poids de ses bracelets, l’empereur-prêtre observait son public avec une fixité étrange, la bouche entrouverte, les pupilles dilatées.
    Sans bouger, mais d’un geste impérieux de la main, il fit signe aux sacrificateurs d’allumer les feux et de brûler les aromates et les résines parfumées. Ceux-ci se déployèrent alors vers les neuf autels, disposés sur le podium et entre les colonnes du portique, puis avancèrent vers les trépieds d’airain. Aussitôt, une épaisse fumée blanche s’éleva vers le ciel, chargée des senteurs enivrantes et purificatrices de l’encens.
    Lorsque les flammes montèrent vers le ciel et commencèrent à répandre leur chaleur suffocante, Varius fut soudain pris d’une vive agitation.
    Les yeux révulsés, en proie à d’étranges convulsions, il se mit à se secouer dans tous les sens, imprimant à ses membres d’abord des petits soubresauts nerveux, puis de grands gestes désordonnés. Transporté hors du monde réel, dans un véritable état de transe, il bougea soudain comme s’il sentait le feu sacrificiel s’allumer et se consumer dans son propre corps. S’imaginant, dans son délire, n’être plus qu’un brasier vivant, il se mit ensuite à tourner sur lui-même, afin que ce feu intérieur qui le dévorait rayonne et répande tout autour de lui un halo éblouissant.
    Cette folle exhibition se prolongea plusieurs minutes avant qu’il ne retrouvât son état normal. Enfin calmé, il fit face au naos où reposait sa roche sacrée et tendit les bras vers elle, dans un geste pathétique d’amour et de reconnaissance.
    Commencèrent alors les invocations rituelles, les formules invariables, destinées à éveiller la divinité et à lui témoigner l’adoration de ses fidèles desservants. Varius célébra d’abord sa pierre céleste en vers grecs, la langue parlée dans la moitié orientale de l’Empire et qui lui était plus familière que le latin, puis, très vite, poursuivit ses prières en syriaque, au grand dam des spectateurs qui ne purent saisir un seul mot de ces pieux éloges.
    — Pâtre des astres, luminaire étincelant ! clama l’empereur en s’agenouillant, maître du ciel, qui unit et maintient l’univers, qui jamais ne meurt et ne se consume, maître absolu du destin, éternité céleste, dieu suprême, au-dessus de tout, sois honoré par ces libations et ces offrandes ! Grand et puissant Élagabal, nous t’adorons comme le maître de toute vie et de toute génération, car tu es celui qui crée et anime tout !
    Les prêtres procédèrent aux libations d’eau et de vin, tandis que les esclaves sacrés firent venir les bêtes à immoler.
    Un autre cortège débuta alors, celui des taureaux aux cornes torsadées d’or et à la robe blanche immaculée, des agneaux innocents, des brebis, des béliers, des moutons, des poulets et des coqs, qu’on amena par centaines sur l’esplanade du temple.
    Varius fut le premier à sacrifier. Il leva, dans un geste précis qu’il avait déjà fait mille fois, le couteau à la lame tranchante et fit jaillir de la carotide d’un grand taureau blanc un flot rouge et bouillonnant sur l’autel principal. Ce fut le signal de départ donné à l’hécatombe et les prêtres, à leur tour, vinrent égorger les animaux sur les tables rituelles.
    Sans cesser d’invoquer leur dieu, ils poignardèrent avec une frénésie mystique les bêtes attachées, tout en contemplant avec délectation le sang chaud et visqueux se répandre en flaques sur le sol et souiller les broderies de leurs longues robes safran.
    Le vacarme des crécelles reprit avec vigueur, accompagné des insupportables vocalises stridentes, des chants sauvages et monosyllabiques, dans un concert odieux qui accompagnait les cris d’agonie des taureaux et des génisses.
    Les courtisans recommencèrent à se contorsionner, à se déhancher et à se tortiller dans leurs tuniques multicolores, se frottant les uns contre les autres, comme pour s’accoupler, transformant cette liturgie sanglante en un délire collectif et obscène. Ce ne fut plus, parmi ces fanatiques surexcités et furieux, que des regards hallucinés, des membres secoués, des bouches ouvertes par l’extase, des visages transfigurés par la transe, des joues enflammées par l’ardeur mystique, des corps exsudant de plaisir.
    Et Varius, au centre de toute cette folie, se

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