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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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lui-même s’asseoir à ses côtés, sur un large fauteuil en osier.
    Deux esclaves vinrent couper les tiges d’étoupe qui s’étaient éteintes dans les coupelles des lampes, versèrent au creux de celles-ci un peu d’huile puis rallumèrent les mèches afin d’apporter davantage de clarté dans la pièce.
    — J’attends encore Lucius Scaber et Marcus Columba, dit le maître de maison en ajustant le pan de sa toge sur son épaule. Ils ne devraient plus tarder.
    Son hôte s’enfonça dans son siège et étira ses jambes.
    — Je suis encore sous le choc, déclara-t-il, les sourcils froncés par la contrariété. Jamais je n’aurais imaginé qu’Antonin était dérangé à ce point ! Quand je repense à cette mascarade obscène et répugnante à laquelle il nous a forcés à assister, j’en ai la nausée. Il y avait vraiment de quoi vomir !
    — Nous ne devons plus l’appeler Antonin, fit Pomponius sévèrement. Pour ma part, je refuse de continuer plus longtemps à lui donner ce nom illustre. Un Antonin, ce pauvre fou qui s’exhibe devant son peuple comme une danseuse de Gadès ? Il suffit déjà de Commode et de Caracalla, qui l’ont porté et qui l’ont déshonoré pendant dix-sept ans !
    — Tu as raison, approuva l’autre. Ce dément mériterait plutôt qu’on l’appelle Héliogabale !
    Le jeu de mots, subtil, qui avait si aisément fusé de la bouche de Messala, frisait l’insulte. Il signifiait, à peu de chose près, « le pitre d’Hélios » ou « le pendard du Soleil », ce qui n’était guère plus flatteur.
    — Héliogabale ? répéta Pomponius, amusé. Ce sobriquet lui va à merveille.
    — Je ne sais pas ce qu’il convient de faire, avoua Messala en retrouvant son air préoccupé. Tant que Julia Maesa tiendra les rênes du pouvoir, nous serons à l’abri du pire, mais combien de temps encore le gamin lui laissera-t-il la direction de l’Empire ?
    — Maesa a peut-être la tête sur les épaules mais elle n’en reste pas moins une femme. Et, qui plus est, une vieille femme. Le petit Bédouin ne la laissera pas toujours gouverner à sa place. D’ailleurs, elle n’a pu l’empêcher de se donner en spectacle cet après-midi. Je ne sais pas ce qu’en pensent nos pairs, mais je crois que nous avons toutes les raisons de nous inquiéter.
    Sur ces mots, pour détendre un peu l’atmosphère, Pomponius se leva et alla prendre sur un petit guéridon en citronnier deux belles coupes et une cruche de vin.
    — C’est un excellent cru, dit-il fièrement à son invité en le servant lui-même. Moins bon qu’un massique mais plus léger. Il vient de ma villa de Campanie. Je le fais transporter dans des tonneaux, ce qui est plus pratique que les amphores. Les Gaulois font cela depuis des lustres pour la cervoise, je m’étonne de ne pas y avoir pensé plus tôt. Tiens, goûte et dis-moi ce que tu en penses.
    Alors que Messala portait respectueusement sa coupe à ses lèvres, l’ ostiarius (102) fit entrer dans le bureau deux autres hommes, qui venaient d’arriver.
    Les sénateurs Lucius Scaber et Marcus Columba prirent place à leur tour sur des sièges, non sans avoir, auparavant, salué cordialement leur hôte.
    — Comment avez-vous trouvé la petite fête d’Héliogabale ? leur demanda Messala, ravi de pouvoir réitérer le fameux jeu de mots qu’il venait d’inventer pour désigner l’empereur.
    Les deux autres eurent, comme Pomponius auparavant, un sourire amusé. Mais la plaisanterie ne les divertit qu’un instant.
    Très vite, ils prirent un air sombre, qui répondait, de façon on ne peut plus explicite, à la question posée.
    — Il est temps de réagir, annonça Marcus Columba. Il faut informer Maesa que nous ne tolérerons pas la prééminence du culte de la pierre noire sur celui de Jupiter et sur celui des autres divinités qui ont la sauvegarde de l’Empire et de nos vies !
    À Rome, les affaires religieuses concernaient de près les sénateurs et les chevaliers. Depuis la République, c’étaient les magistrats qui célébraient les rituels, fixaient le calendrier liturgique et le droit sacré, qui participaient régulièrement aux sacrifices et autorisaient l’introduction des religions étrangères dans la cité.
    La pratique officielle du vieux culte public et l’autorité religieuse étaient en particulier détenues par l’éminent collège des quinze pontifes, chargés, entre autres, de la surveillance de tous les cultes.
    Or,

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